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Centre de soins Paul Nalin : les discussions vont-elles aboutir avec l'ARS et la CPAM ?

Centre de soins Paul Nalin : les discussions vont-elles aboutir avec l'ARS et la CPAM ?

SANTÉ / Il a ouvert ses portes à Forcalquier, pour apporter une réponse au désert médical ou à la saturation des urgences. Mais les praticiens pourraient être amenés à ne plus accueillir les week-ends, les jours fériés ou après 20h. Les discussions bloquent avec l’ARS et la CPAM

 

-Alpes de Haute-Provence-


À Forcalquier, c’était l’un des projets phare de la municipalité : le centre de soins non programmés Paul Nalin. Il a ouvert ses portes l’été dernier, pour apporter une réponse à ceux qui ne trouvent pas toujours de rendez-vous chez le docteur, pour ceux qui n’ont pas de médecin traitant ou encore pour ceux qui souffrent d’une petite traumatologie qui ne ferait que saturer les urgences.

Depuis les patients sont au rendez-vous sauf que les praticiens pourraient être amenés à ne plus accueillir les week-ends, les jours fériés ou après 20h. Les discussions bloquent avec l’ARS et la CPAM pour ce projet qui n’a jamais été soutenu par l’État. 

 

De la bobologie à des soins plus poussés

Ils sont sept praticiens réunis sous le nom de ForcaMed : quatre médecins généralistes avec une formation urgentiste et trois infirmières à prodiguer des soins sans rendez-vous de 11h à 21h, 7 jours sur 7 jours fériés, « pour des patients qui n’ont pas forcément un médecin traitant, ou qui ne peuvent pas être reçus par leur médecin. Mais il faut quand même continuer à avoir cette démarche de voir son médecin traitant en premier », insiste le docteur Tina Picardo.

Au sein du centre de soins Paul Nalin, la petite traumatologie peut être traitée. Matériel de suture, de plâtre, radios, échographies, électrocardiogramme, laboratoire sont sur place. Le centre a ouvert ses portes en juin dernier. Depuis les patients affluent, « la preuve en est que l’on voit plus de 40 patients par jour depuis l’ouverture ».

 

Un projet qui panse les plaies du désert médical... sans soutien de l'État

Il aura fallu 1,8 million d’euros pour le sortir de terre, grâce à la Région, l’Europe, la Communauté de communes Pays de Forcalquier-Montagne de Lure… mais pas l’État, pas l’Agence Régionale de Santé. « La santé est une fonction régalienne », rappelle David Gehant, maire de Forcalquier et président de la communauté de communes Pays de Forcalquier-Montagne de Lure, « ce n'est pas une responsabilité ni des mairies ni des intercommunalités. Là, en l'occurrence, on a mis en œuvre un projet qui permet de pérenniser l'offre de soins pour les 20 prochaines années sur le territoire sans demander un euro de subvention ni à l'État ni à l’ARS ». 

Et depuis plusieurs mois, un problème bloque : les médecins du centre n’ont toujours pas reçu de réponse pour être intégrés dans la permanence des soins. Sans solution, ils ne pourront plus assurer les consultations les dimanches, les jours fériés et après 20h alors que c’est l’ADN de ce centre. « On entend qu’effectivement, ce n’est pas à la Sécurité Sociale ni à tous les patients de payer pour une angine qui arrive un dimanche et qui aurait pu être vue en ville la semaine. Mais le fait est que certains patients travaillent, n’ont pas forcément le temps de voir leur médecin ou leur médecin ne peut pas les recevoir. On est là aussi pour eux, il faut être là pour les gens quoi qu’il arrive », poursuit le docteur Tina Picardo. 

 

"Je crois que ces centres de soins non programmés sont l'avenir", D. Gehant

 

Les discussions se poursuivent avec l’ARS et la CPAM. Un blocage que David Gehant ne comprend pas alors que les urgences à Manosque sont fermées les nuits et que 18 % des médecins généralistes dans le département ont aujourd’hui plus de 60 ans… 

Il se dit agacé « de voir qu'aujourd'hui l'État n'est pas capable d'une part de reconnaître la réussite de ce projet. La moindre des choses serait de permettre aux praticiens de pouvoir exercer dans les meilleures conditions parce qu'aujourd'hui ils répondent à un besoin et je crois que ces centres de soins non programmés sont l'avenir ». Sachez que la soixantaine de centre de soins non programmés en France a permis l’an dernier de soigner 1.800.000 patients.

Le reportage de Cyrielle Cava Michard : 

 

C. Cava Michard