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Commerçants rackettés, violentés, séquestrés... ils faisaient régner un climat d'insécurité à Digne les Bains

Commerçants rackettés, violentés, séquestrés... ils faisaient régner un climat d'insécurité à Digne les Bains

FAITS DIVERS / Six Dignois ont été interpellés ce mardi à Digne les Bains et la Javie lors d'une opération "Place Nette". Une centaine de policiers ont été déployés sur place. L'enquête, qui avait débuté pour trafic de stupéfiants, a débouché sur une affaire d'extorsions de fonds sur des commerçants dignois

 

-Alpes de Haute-Provence-

Le préfet des Alpes de Haute-Provence parle d’une « opération mûrement préparée par la police », d’un « vaste coup de filet ». Ce sont près de 100 policiers qui ont été déployés dès ce mardi matin à Digne les Bains et la Javie, dont la CRS 81, « une unité spécialisée dans les interventions d’urgence en milieu urbain » précise Marc Chappuis. Des chiens spécialisés dans les stupéfiants et les armes ont aussi été appelés en renfort tout comme le Raid venu de Nice mais aussi une quarantaine d’effectifs locaux.

 

Un climat d'insécurité chez les commerçants dignois

Depuis plusieurs mois, voire plus d’un an, c’est un climat d’insécurité, de « racket organisé » comme l’explique la maire de Digne les Bains, Patricia Granet Brunello, qui règne en centre-ville de Digne les Bains. Des « faits qui ont troublé le centre-ville et impacté gravement la vie économique » insiste le procureur Antoine Pesme.

C’est à l’automne dernier que des investigations débutent pour trafic de stupéfiants dans le quartier Pied de Ville à Digne les Bains. Mais l’enquête des forces de l’ordre prend alors une autre tournure : c’est un climat presque mafieux avec des restaurateurs et gérants de bars victimes d’extorsions. Neuf établissements sont au départ identifiés. « C’est un climat de peur, la crainte de représailles » poursuit le représentant du parquet dignois. Pour preuve, « en octobre dernier, aucun n’avait déposé plainte ».

Une instruction distincte est alors ouverte, puis en novembre, une information judiciaire pour extorsions en bande organisée. Ce sont au final cinq établissements qui sont victimes, quatre gérants ont déposé plainte. Il s’avère que les faits durent depuis plusieurs mois, « depuis le début de l’année 2024 voire même avant » précise Antoine Pesme. Mais 2024 est l’année « d’une montée en puissance, était-ce un excès de confiance des impliqués ? » se demande le procureur.

 

 

Clientèle expulsée, intimidations sur la famille, violences... un mode opératoire d'une extrême violence

Le préjudice est extrêmement important, il est à la fois direct avec des sommes rackettées à hauteur de plusieurs dizaines de milliers d’euros, des dégradations dans les établissements, des consommations non payées. Un préjudice indirect : leur chiffre d’affaires a chuté « car leur fréquentation a baissé, la clientèle a été expulsée ». Le mode opératoire est d’une extrême violence : violences physiques, intimidations « parfois sur des membres de la famille » et des faits de séquestration « pour au moins un établissement ».

Au total, ce sont donc six hommes, dont un commerçant, entre 25 et 65 ans qui ont été interpellés ce mardi. Quatre sont impliqués à la fois dans un trafic de stupéfiants et dans les faits d’extorsion, un pour extorsion et le dernier pour trafic de stupéfiants.

 

« Ils sont tous domiciliés à Digne les Bains, quatre sont bien connus de la justice », poursuit Antoine Pesme

 

Les perquisitions réalisées à leur domicile ont permis de mettre la main sur plus de 21.000 euros en liquide, des produits stupéfiants, un matériel de conditionnement pour la drogue, une Ferrari et une arme d’épaule de calibre 12. 

« Il y a évidemment d’autres victimes. D’autres commerçants seront entendus, il ne faut pas hésiter à se signaler auprès du juge d’instruction », a martelé le procureur. « Au-delà des restaurateurs, que chacun prenne la mesure de la gravité. Un certain nombre de clients ont été mis à la porte, ce type d’agissements nécessitent qu’ils puissent être signalés à la police. De même quand on voit un trafic de stupéfiants ».

Les auditions ont à peine commencé, l’opération « Plate Nette » va encore durer plusieurs jours, « vous verrez du bleu dans les rues » lance le préfet bas-alpin car il s’agit pour lui de lutter contre les trafics, démanteler les réseaux et « sécuriser l’espace public ». Le représentant de l'État se veut rassurant néanmoins sur la sécurité dans le département et la ville : 

 

 

C. Cava Michard / M. Bonnefoy