Votre ville : LES ORRES | Changer de ville

Alpes de Haute-Provence : "j'ai brûlé toute la nuit"

Alpes de Haute-Provence : "j'ai brûlé toute la nuit"
© N. Dalbera

SOCIÉTÉ / SANTÉ/ Philippe Tribaudeau est électro-hypersensible. Ce mercredi, une antenne à trois kilomètres du campement où il vit a été activée : une véritable souffrance pour cet homme qui vit dans une zone blanche à Entrepierres

 

- Alpes de Haute-Provence -

Sa nuit a été un calvaire. Celle de Philippe Tribaudeau, électro-hypersensible. Son organisme ne supporte pas les ondes. Il n’est pas le seul puisqu’il y aurait en France entre 600.000 et 6 millions de personnes concernées. Cet homme de 63 ans habite depuis neuf ans dans un campement situé en zone blanche dans une forêt de l’ONF à Entrepierres dans les Alpes de Haute-Provence. Mais un opérateur a installé une antenne relais à 3 kilomètres de chez lui. Ce mercredi, elle a été activée et a « irradié » pendant 12 heures environ le campement de fortune situé dans la forêt au bout d'un chemin sans revêtement situé dans une zone blanche. Le mode avion une fois sur place s'impose pour protéger Philippe Tribaudeau électro hypersensible. « Ça c'est ma caravane de jours. À côté, il y a celle de nuit. On est trois à pouvoir dormir ici, ma compagne et ma fille. Ma compagne vit à Sisteron dans un appartement parallèlement à ce campement où je vis 365 jours à l'année », explique le retraité de l'Éducation Nationale. Qu’en est-il en hiver ? « C’est moins simple, c'est moins gai, c'est plus dans la boue... ».

 

«Ce n’est pas un choix, c'est subi. Pour moi c'est ma prison pour laquelle j'ai accepté les limites. J’essaie de le vivre le mieux possible mais ça fait des années que je ne suis pas allé boire un verre dans un bar par exemple »


Ce mercredi l’antenne à trois kilomètres du campement a été activée et est restée allumée toute la nuit. Philippe Tribaudeau a donc contacté la sous-préfecture de Forcalquier. On lui a répondu que ces essais devaient être temporaires et qu’il était étonnant qu'en pleine nuit ce soit encore allumé, « je ne sais pas où est le lézard, toujours est-il que cette nuit (ndlr de mercredi à jeudi) il y avait entre 2 et 3 barres sur mon oreiller. Et que moi je n'ai pas dormi de la nuit ».


L’antenne est installée depuis 2 ans : Philippe Tribaudeau se bat au quotidien pour empêcher son activation

« Si vous la mettez en route, cela va irradier mon campement. Il y a 9 chances sur 10 pour que je ne supporte pas cela. J'ai des amis qui sont passés ce mercredi soir, il y avait 2 barres pour tous les opérateurs. Si j'étais capable de les supporter banco, sauf que pas de bol, j'ai brûlé toute la nuit » ajoute-t-il. « Brûlé » est le mot le plus adapté à son ressenti : « C’est comme si j'avais des milliards de petites aiguilles qui me piquaient à l'intérieur du cerveau. Quand c'est très fort cela peut aller jusqu'à la nausée. » En cas d'activation définitive de l'antenne, Philippe Tribaudeau n'aurait nulle part où aller.

Le reportage de Nino Dalbera : 

N. Dalbera