- Alpes de Haute-Provence -
C’est une épreuve supplémentaire qui touche les producteurs de lavandin dans les Alpes de Haute-Provence. Alors qu’ils devaient déjà faire face à un effondrement des cours, c’est désormais un papillon nocturne qui vient ravager les champs bleus, si prisés des touristes. Et l’inquiétude grandit, alors que les champs bleus se ternissent ces derniers jours dans les Alpes de Haute-Provence.
Des chenilles noctuelles soufflées par les siroccos
En cause : des chenilles noctuelles, arrivées après plusieurs épisodes de sirocco, ce vent chaud d’Afrique du Nord qui a transporté les papillons jusque sur le territoire bas-alpin. Des insectes gourmands qui se sont attaqués aux tiges, « de mémoire d’anciens, on n’a jamais vu ça. Des parcelles nettoyées en l’espace d’une semaine », témoigne Laurent Depieds, le président de la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles, également producteur de plantes à parfum à Mane.
La situation devient de plus en plus compliquée, et là où certaines exploitations du Banonais ou de Simiane la Rotonde parvenaient, un an en arrière, à sortir jusqu’à 80 kilos d’huiles essentielles par hectare, la production est tombée à 15.
« On passe d’une crise conjoncturelle à une crise structurelle », L. Depieds
On redoute un avenir encore plus sombre. Des visites de terrain ont lieu actuellement avec la DDT pour dresser un état des lieux précis des dégâts mais le message lancé aujourd’hui par Laurent Depieds est clair : il ne fait pas appel à l’aide de l’État pour « combler les trous », mais à celle des acheteurs, « à ce qu’ils ne soient plus attentistes et acceptent de mettre un prix au-dessus des coûts de production afin de booster les producteurs ». Car si ces derniers s’effondrent, c’est toute la filière qui chute. Laurent Depieds envisage donc de mettre tout le monde autour de la table, pour adopter une stratégie claire d’achat et passer ce cap avant qu’il n’annonce une crise exponentielle.
C. Cava Michard
