Alpes de Haute-Provence : la Mission de Développement Économique « à la croisée des chemins »

ÉCONOMIE / Inconnue du grand public, MDE œuvre dans l’ombre pour le développement économique du territoire. L’agence présentait hier soir son bilan 2015 et ses projets pour 2016.

 

- Alpes de Haute-Provence -

Roland Gomez, le président de la Mission de développement économique des Alpes de Haute-Provence (MDE 04) l’a affirmé ce mercredi soir lors de la présentation du bilan 2015 de l’agence à Châteaux-Arnoux-Saint-Auban : « nous sommes à la croisée des chemins et je me bats pour que la structure et sa mission de marketing territorial perdure. Je me bats pour que nous arrivions à construire un outil utile et pérenne dans le temps. »

 

MDE ou la fin d’un soutien départemental anticipé

MDE, ou cette inconnue du grand public qui œuvre dans l’ombre pour le développement économique du territoire,  est l’interlocuteur privilégié pour l’accueil d’entreprises nationales et internationales sur le département. MDE 04 est le relai départemental de l’Agence Régionale pour l’Innovation et l’Internationalisation des entreprises (ARII PACA) et fait partie du réseau national de Business France.

Une agence qui complète l’action d’une autre filiale départementale, celle de l’Agence de Développement Touristique des Alpes de Haute-Provence, (ADT 04). Deux entités et deux budgets aux destins bien distincts : si d’un côté l’ADT a bénéficié en 2016 d’une enveloppe d’environ 1 million d’euros, de son côté MDE aura subi depuis 2014 les coupes budgétaires du conseil départemental passant son enveloppe de 100.000 euros en 2014 à… zéro en 2016. Seuls financeurs pour MDE à ce jour, la CCI 04, les intercommunalités et des partenariats privés.

 

Une fin programmée pour MDE ?

Non, mais « cet arrêt brutal du financement associé à un manque de visibilité global sur nos ressources nous ont imposé des choix » explique Roland Gomez, comme celui de se séparer de deux salariés. Alors pourquoi l’arrêt du financement ? Un choix politique de la part du département, appliquant strictement les textes de la loi NOTRe et le futur schéma qui définira demain la Région comme porteuse de l’ensemble des compétences à dominante économique.

Et ça, le département l’a bien pris en compte dès le vote de la loi en baissant dès 2015 de 50 % les aides à l’agence. Et sur l’ensemble de la région PACA, seules les Alpes de Haute-Provence ont fait ce choix. Ailleurs, les agences de développement économique ont soit gardé à l’identique leurs enveloppes, ou à l’image des Hautes-Alpes ont mis en place un rapprochement entre l’agence de développement touristique et l’agence de développement économique. « Scénario que nous avions proposé au Conseil départemental il y a quelques années maintenant », avait rappelé Roland Gomez sur Alpes 1 le 1ère juin dernier.

« Nous regardons les résultats », explique Gilbert Sauvan ce mercredi soir sur Alpes 1, qui ajoute que la compétence du développement économique est désormais entre les mains de la Région. « J'ai d'ailleurs rencontré Christian Estrosi, le président, qui m'a assuré qu'il s'engageait à honorer les Contrats de Plan ». Par contre, aucun engagement de financement n'a été avancé.

 

Alors pourquoi la mission de la MDE doit être pérennisée ?

Premier argument du président de l’agence, « parce que c’est la seule structure qui gère l’exogène, à savoir l’image que nous renvoyons à l’extérieur du territoire et l’attrait que nous pouvons avoir pour des investisseurs nationaux ou internationaux.» Mais aussi parce que MDE est en « capacité de fédérer les acteurs : monde économique et monde politique, intercommunalités pour peser plus fort ensemble et drainer des projets structurants sur le département (…) sans tomber dans une logique de clochers. »

 

MDE 2015, quel bilan ?

Pour l’agence, en 2015, le résultat se résume ainsi : 52 contacts, qui ont à la sortie donné 10 projets en cours d’accompagnement et trois déjà implantés pour 14 emplois créés. Mais est-ce un bon ratio ? La secrétaire générale de l’agence, Camille Jankowski, estime que « c’est une moyenne ». Mais le plus intéressant dans ces chiffres « c’est le potentiel d’emplois sur trois ans de ces entreprises qui atteint 150 emplois chaque année », précise la secrétaire générale.

Autre chiffre clé de ce bilan 2015, c’est le peu d’attractivité que représentent les Alpes de Haute-Provence par rapport à la région PACA. En effet, sur 1.000 projets souhaitant s’implanter en France, 70 choisissent de s’installer en région PACA, avec une dominante pour les territoires des Alpes-Maritimes et des Bouches-du-Rhône (à 80%). Le reste se partageant entre les différents départements de la région. Pourquoi un tel déficit pour le territoire ? Pour Camille Jankowski, cela s’explique par l’atout numérique et « le développement d’écos-cités performantes, comme Sofia-Antipolis (Nice) ou Euro-Méditérrannée  (Marseille) que nous n’avons pas dans nos territoires. »

Les points forts du département ? « L’environnement ou l’agroalimentaire sont des secteurs importants (…) et cela confirme notre positionnement dans les Alpes de Haute-Provence. »

 

Trois axes stratégiques forts pour le territoire en 2016 :

1 -  Structurer l’offre du territoire : « Nous allons faire un travail de lobbying afin que les collectivités propose une réserve de foncier suffisante pour accueillir des projets industriels (…) et sur le volet immobilier, sensibiliser les acteurs économiques sur les prix pratiqués pour être au niveau du marché et maximiser les chances d’implantation de nouvelles entreprises. »

2 - Le marketing territorial : « Le but sera de trouver l’axe de mise en valeur du territoire pour être plus attractif »

3 -  La prospection. « Nous devons prospecter dans nos filières phares, à savoir l’agroalimentaire, la cosmétique, l’énergie, la pharma santé autour de Sanofi à Sisteron. Mais devront également prospecter dans le secteur du tourisme afin de faire venir des investisseurs touristiques et hôteliers. »

Camille Jankowski, secrétaire générale de MDE 04 sur Alpes 1 :