Région PACA : budget 2016, « aucun territoire ne sera oublié »

POLITIQUE / Premier budget de la mandature Estrosi. Synthèse et réprimandes ici :

 

-Région PACA-

Les  conseillers régionaux de Provence-Alpes-Côte-d’Azur tenaient leur assemblée plénière ce vendredi 8 avril pour le premier budget de la présidence de Chrisitan Estrosi, un budget qu’aura refusé de voter la seul opposition FN.

 

« C’est un budget de combat qui sera proposé au vote de l’Assemblée Régionale »

« Enrayer la détérioration de la situation financière de la Région, et financer les priorités de la mandature », voilà ce qu’annonce la seconde vice-présidente à région PACA, Chantal Eymeoud.

Christian Estrosi veut un changement de cap avec comme priorité « répondre à l’urgence économique, et gagner la bataille de l’emploi. »  Et avec pour la première fois, un budget régional en recule passant de 2.105 à 2.063 milliards d’euros en 2016, soit une baisse d’environ 2%.

 

« C’est le début d’une nouvelle ère pour la Région », « le  budget de la parole tenue »

Christian Estrosi l’annonçait ce vendredi, « je veux mettre l’économie au cœur des priorités de la Région Paca, d’autant qu’avec la loi Notre, les compétences des collectivités territoriales ont été renforcées en la matière. Autres postes budgétaires prioritaires : l’apprentissage, les lycées, et la sécurité dans les transports. »

 

«Plus aucun territoire ne sera oublié »

Une promesse pour Christian Estrosi, en annonçant le lancement d’un nouveau fonds : le FRAT,  Fonds régional d’aménagement du territoire, sera doté de 8 millions d’euros. Il permettra aux communes de financer les équipements relevant de leur compétence (écoles, équipements sportifs, jardins d’enfants…) grâce à une subvention pouvant aller jusqu’à 200.000 euros, avec une aide supplémentaire pour les communes de moins de 1.250 habitants plafonnée à 12.000 euros.

« Plus aucun territoire ne sera oublié » … y compris celles qui ne respectent pas la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU). Farouchement opposé à la loi qu’il qualifie de « technocratique », Christian Estrosi veut supprimer ce qu’il considère comme une « double peine » pour les communes qui ne la respectent pas en supprimant le carencement.

 

Les entreprises au cœur de la région :

Une augmentation de 12% du  budget des aides directes aux entreprises et de 5,6% des actions en faveur du développement économique, de la formation et de l’apprentissage.

Avec la naissance du  guichet unique dès avril, dont le but sera d’être « la porte d’entrée des entreprises. » Censé leur faciliter les démarches et leur ouvrir l’accès aux financements avec un budget de 93 millions d’euros pour le FIER (Fonds d’Investissement pour les Entreprises de la Région), il pourra consentir des prêts, apporter des garanties de prêts bancaires, et entrer au capital des entreprises qui en feraient la demande. Il s’adressera à toutes les entreprises, quels que soient leur taille, leur stade de développement ou la localisation de leur siège social.

Avec un budget de 300 millions d’euros consacré à la formation, pour que « l’apprentissage redevienne une filière d’excellence ». 1850 places d’apprentissage seront ouvertes en 2016 ; 73 millions d’euros seront consacrés aux CFA, 55 millions d’euro au projet d’université régionale des métiers et 27 millions d’euros pour les aides aux entreprises qui embauchent des apprentis.

 

Tourisme  et agriculture: près de 26 millions d’euros pour les deux secteurs majeur de la région

Locomotive régionale économique, le tourisme se voit attribuer 9,6 millions d’euros. Ajouter à cela  le contrat « Smart Mountain » : 100 millions d’euros d’investissements de 2016 à 2020, dont 50% d’aides européennes, pour hisser au meilleur niveau les stations des Alpes du Sud.

L’agriculture bénéficiera quant à elle d’une enveloppe de 16 millions d’euros.

 

Paca la première « smartrégion »  d’Europe

C’est le souhait du président de région. Avec 6,7 millions d’euros qui vont être consacrés en 2016 au déploiement du très haut débit et à la transition numérique des entreprises. Paca veut devenir championne d’Europe sur le développement des objets connectés, un marché en pleine expansion. A la clé : 6 200 emplois pourraient être créés dans les 3 à 4 ans.

 

Sécurité dans les lycées et les transports

Coté transport, outre l’installation de vidéos dans les trains et dans les gares, le président Estrosi veut aller plus loin et prévoit des contrôles pour que les terroristes ne puissent plus pénétrer à l’intérieur des 140 gares TER de la région.

Du côté des lycées, l’enveloppe est de 88 millions d’euros pour la construction et la rénovation. La mise en sécurité des lycées récolte elle aussi un budget de 1 millions d’euro, avec en prime un plan de lutte contre la radicalisation dans chaque établissement.

 

Les associations 

les associations subventionnées par la Région devront signer une charte des valeurs de la République, dans le but de lutter contre le communautarisme.

Outre le fait que le FN n’a pas voté le budget proposé, le groupe proposait un amendement venant compléter la charte des associations proposée par l’exécutif : « respecter une stricte neutralité politique et partisane et proscrire toute forme d'intervention dans le champ électoral (consignes de vote, utilisation de locaux au bénéfice exclusif d’un candidat) de l'association subventionnée. » Une proposition refusé par la majorité, et aussitôt dénoncé comme « un aveu extrêmement grave, signifiant manifestement que les pratiques clientélistes qui ont encore de beaux jours devant elles au sein de cette collectivité, et de toutes celles que M. Estrosi et ses amis dirigent. »

 

53 millions d’euros pour la culture, « Ce n’est pas un sujet de gauche »

« formidable outil de cohésion sociale et d’attractivité » selon le président de région , elle bénéficiera d’un budget en augmentation.

 

Et on finance comment ?

Il faut « redresser les finances ». Rappelant que la Région Paca est la plus endettée de France métropolitaine après l’Ile de France avec 2,6 milliards de dettes pour un budget de 2,1 milliards d’euros. Christian Estrosi a annoncé un plan d’économies de 44 millions d’euros sur le fonctionnement, grâce notamment à la diminution de la masse salariale. Le tout notamment grâce aux 150 départs à la retraite non remplacés.

 

Critiques et  réprimandes, à gauche toute …

Si l’ensemble de la gauche n’est plus présente au sein de  l’hémicycle pour six prochaines années, la veille citoyenne est d’ores et déjà en marche …

 

« ce budget est un cruel démenti aux promesses et aux propos de Christian Estrosi »

Christophe Castaner, député-maire de Forcalquier et ex-tête de liste PS pour les élections régionales PACA, est en passe de ne pas digérer la confiance qu’il portait au candidat Christian Estrosi, lors du second tour, et dénonce dans un communiqué de presse. « L'économie, l’emploi et la formation, l’aménagement du territoire et les transports, l’agriculture, la mer et la forêt, le développement soutenable et l’environnement, tout en baisse (…) la sécurité, devenue première priorité du candidat, qui s'engageait après les attentats du 13 novembre, à mobiliser 250 millions d'euros, est la grande absente de ce budget. »

L’élu des Alpes de Haute-Provence qui dénonce de « l’enfumage (…) pour les transports, ce seront 3 millions d’euros de moins en fonctionnement et 21 millions d’euros de moins en investissement (…)  Pour améliorer la ponctualité des trains régionaux, Christian Estrosi semble avoir trouvé une martingale : la suppression de trains, seule explication d’un budget en telle baisse. »

Alors que Christian Estrosi souhaite  faire de PACA la première smart région d’Europe, Christophe Castaner dénonce des annonces faite en direction du budget du Syndicat Mixte Ouvert Provence-Alpes-Côte d'Azur Très Haut Débit (SMO PACA THD) à 3,6 millions d’euros, « soit une baisse de 10% par rapport à 2015 » Une hérésie pour le député qui se demande « comment attirer des entreprises sans le très haut débit, comment espérer que nos départements restent compétitifs sans le très haut débit ? »

 

Le gout du ski et coupes sombres dans les lycées, l’environnement, l’économie sociale et solidaire

Sophie Camard, ex présidente du groupe écologiste à la région et tête de liste EELV lors des élections n’est pas avar de sur ce budget, se mettant en opposition avec une certaine idée du tourisme dans les Alpes du Sud : « Des télésièges du 21ème  siècle : telle est la priorité inattendue du Budget 2016 de la Région Paca, avec un plan smart moutains de 100 millions d’euros sur les 5 prochaines années, et une augmentation à cet effet du budget Montagne de 9 Millions d’euros dès cette année. En allant aux urnes, les électeurs imaginaient-ils que leurs impôts allaient financer des canons à neige artificielle ? » s’interroge Sophie Camard.

Alors que pour la représentante EELV à la région, la priorité est ailleurs : « L’adaptation des économies de montagne au changement climatique est bien absente des réflexions. Le climat, l’environnement, l’énergie, font d’ailleurs partie des coupes sombres d’une droite régionale qui n’a rien d’écologiste : Disparition du programme « Agir » qui a financé des centaines de projets de transition énergétique, réduction de moitié des subventions pour l’éducation à l’environnement, pas de crédits pour les nouveaux parcs naturels régionaux. Les schémas régionaux Climat Air Energie et pour la Biodiversité seront vidés de leurs sens et de leurs moyens, à contrecourant des engagements de la France lors de la Cop 21. »


 

Debout La Gauche  épingle le budget dénonçant « l’abandon des petites communes »

Dans un communiqué, le collectif Debout La Gauche, porté par  Christophe Pierrel dans les Hautes-Alpes dénonce « un énième coup d'esbroufe. »

« Monsieur Estrosi est revenu sur une des mesures phares de la présidence de Michel Vauzelle : il supprime les pénalités pour les communes qui ne construisent pas assez de logements sociaux » dénonce-t-il . « En effet, il s'agissait de conditionner les aides financières accordées aux communes pour les inciter à respecter la loi ; mais une mesure qui permettait aussi de consacrer des millions d'euros au développement du logement social pour les jeunes...c'est terminé . » « Sous la gauche les petites communes les plus pauvres (moins de 1250 habitants) étaient les seules à pouvoir bénéficier de ce fonds avec un financement de 80% par la région et un plafond de 15.000 euros par an et par projet (…) avec la droite, toute les petites communes vont pouvoir bénéficier de cette aide, mais avec un financement de moins de 70% et un plafond de 12.000 euros. »

« Ce nouveau Président de Région empreinte la voie rapide de la discrimination comme il enfourcherait sa moto sur l’autoroute du Soleil… Il est bien parti pour remporter le trophée de la droite libérale et pas si républicaine que ça », conclu Christophe Pierrel.

Des arguments que réfute Chantal Eymeoud : « Avec un budget de 8 millions d’euros, contre 3 millions lors de la précédente mandature (…) le levier que nous avons mis en place repose sur un socle commun finançant 1 projet par an et par Commune avec un taux maximum bonifié à 30% (contre 5 à 20% pour les subventions de droit commun auparavant) et plafonné à 200.000 € maximum. » Ajoutant à cette argumentaire : « une deuxième subvention annuelle pour les communes rurales de moins de 1250 habitants. Celle-ci sera plafonnée à 12.000 euros et au taux d’aide très attractif de 70% maximum, permettant l’intégration dans ce dispositif de 55 communes supplémentaires grâce à la modification des critères. »