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Alpes du Sud : « avec les confinements, le commun des mortels s’est rendu compte du quotidien des personnes handicapées »

SOCIÉTÉ / Le 30 avril, ce sera la journée internationale des mobilités et de l'accessibilité. Où en est ce débat dans les Alpes du Sud ? Cédrik Carotte, directeur de l'Association des paralysés de France dans les Alpes du Sud, était l'invité du "8:30"

 

 - Alpes du Sud - 

 

L’accessibilité pour tous dans les bâtiments publics, en 2005, on la promettait pensant qu’en un claquement de doigt, ce retard pris dans l’inclusion des personnes handicapées serait réglé. Mais dix ans plus tard, la conclusion est là : l’accessibilité, c’est un dédale. Impossible d’en trouver la sortie. Les textes ont été contorsionnés et en 2015, le gouvernement a mis en place le dispositif des Adap, des agendas d’accessibilité programmée, pour enjamber cette fameuse échéance du 1er janvier 2015 qui ne serait pas respectée. 2021 : la crise sanitaire est passée par là. Et c’est un coup double pour l’isolement des personnes handicapées. « L’impact est psychologique, cela a été très dur. Mais les personnes sont restées cloitrées chez elles comme elles en ont l’habitude car elles ne peuvent pas se transporter ou se déplacer comme elles le souhaitent. Le commun des mortels s’est rendu compte du quotidien des personnes handicapées », constate Cédrik Carotte, le directeur de l’APF des Alpes du Sud, invité ce mardi matin dans "Le 8:30".  

 

« La population a senti les difficultés d’une personne handicapée durant cette pandémie », C. Carotte

 

Le 30 avril, ce sera la journée internationale de l’accessibilité et des mobilités, « l’accessibilité ne concerne pas seulement les personnes handicapées mais tout un chacun : des parents avec des enfants en bas âge, des personnes âgées ». Une réalité, une difficulté qu’il faut sans cesse rappeler notamment aux pouvoirs publics. Une délégation de l’Association des Paralysés de France sera reçue ce mercredi à la préfecture des Hautes-Alpes pour faire part de son diagnostic sur les ERP, les Établissements Recevant du Public. Face aux arguments avancés par les collectivités territoriales d’une accessibilité qui coûte chère, Cédrik Carotte nuance. « Effectivement, pour une mise en accessibilité sur l’ancien, cela coûte mais il y a trois dérogations possibles : architecturale, économique et technique », mais pour le neuf c’est « un faux débat. L’Organisation Mondiale du Commerce estime à 2 % du surcoût la mise en accessibilité sur une construction neuve ».

 

Une rencontre pour sensibiliser

Cette rencontre avec la préfecture sera aussi l’occasion de sensibiliser car l’handicap, ce n’est pas que le fauteuil roulant, « c’est 3 % des personnes en situation de handicap. Mais il y a aussi les handicaps visuels, auditifs, mentaux qui ne sont pas pris en compte. Il y a des petites actions qui changent le quotidien ».

 

Un conflit naissant avec un bailleur social

Une difficulté naissante avec un bailleur social dans les Alpes du Sud sera aussi amené sur la table de la préfète. UNICIL change actuellement toutes ses portes d’entrée au niveau régional « pour les sécuriser ». Un bailleur « très volontaire pour les personnes alertes » selon Cédrik Carotte, mais qui fait un pas en arrière. Les portes sont trop lourdes, « on propose aux personnes en difficulté de sortir par la cave, le local à poubelles, le garage car ils ne peuvent pas pousser la porte d’entrée. On propose comme solution du bricolage ».

 

C. Cava Michard