- Alpes du Sud -
Était-il nécessaire d’aller jusqu’à Bruxelles pour le savoir ? : « il faut parvenir à une nécessaire cohabitation entre le loup, le pastoralisme et le tourisme pour la préservation de la biodiversité. » Un constat partagé par les députées (LREM) des Alpes du Sud : Pascale Boyer (également membre du groupe national loup), Emmanuelle Fontaine-Domeizel et Delphine Bagarry, ainsi que la sénatrice (LR) des Hautes-Alpes, Patricia Morhet-Richaud, lors d’une visite au Parlement européen.
Mais, au-delà d’exposer cette vérité, les élues sont revenues avec une certitude : la Commission européenne ne souhaite pas voir modifier la position du loup dans la convention de Berne.
Pas de déclassement du loup dans la Convention de Berne
Présentes à une conférence interparlementaire sur le pastoralisme et la cohabitation avec le loup, à l’invitation des députés européens José Bové et Michel Dantin, les élues des Alpes du Sud ramènent en revanche un positionnement clair : la Commission européenne n’a pas donné suite aux demandes de déclassement du loup de la liste des espèces protégées.
« La Commission européenne n’envisage pas de modification de la Convention de Berne concernant les espèces protégées » rapportent les parlementaires des Hautes-Alpes et des Alpes de Haute-Provence. Une convention, qui pour rappel, avait été signée en septembre 1979 par 34 pays européens dont la France, protégeant entre autres, le loup gris (Canis lupus).
Autre constat ramené de Bruxelles : « une majorité d’intervenants considèrent que les mesures de protection des troupeaux sont de moins en moins efficaces. Sans changement d’approche d’une problématique qui se pose aujourd’hui dans de nouveaux termes, compte tenu de l’accroissement de la population lupine et du nombre de meutes, l’on doit s’attendre à l’augmentation continue du nombre d’attaques des troupeaux. »
Le travail doit se poursuivre en France
Alors les élues se tournent vers le Plan national loup qui a été réactivé : « nous devons agir ensemble pour trouver des équilibres bien plus protecteurs pour nos éleveurs, qu’ils soient des Alpes françaises, des monts du Rhodope ou de la cordillère Cantabrique afin de sauvegarder le pastoralisme en Europe », précisent dans un communiqué commun les députées de nos départements.
De son côté, la sénatrice des Hautes-Alpes est favorable à un Plan Loup « à l’échelle européenne » afin de mobiliser des moyens communs « en faveur d’une meilleure protection de l’élevage et du pastoralisme ». Précisant qu’ « une résolution devrait d’ailleurs être proposée aux chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Union. »
« Une Commission européenne bien loin de la réalité des éleveurs ! »
Présente également à Bruxelles, la Confédération Paysanne des Alpes de Haute-Provence, dénonce un double discours entre la France et l’Europe. Entendant, lors de cette visite, une commission européenne qui rappelle « que la réglementation européenne donne les outils nécessaires aux États membres pour régler les problèmes localement », quand de son côté la France répond « qu’elle est pieds et poings liés par la réglementation européenne. »
Le syndicat rappelle son opposition « à la gestion différenciée des territoires et à la conditionnalité entre moyens de protection et indemnisations », le syndicat agricole demande à nouveau « l’anticipation des moyens de protection sur les fronts de colonisation, la pérennisation de la brigade d’intervention sur l'ensemble du territoire, un statut des chiens de protection et un réel budget pour la création de brigades de bergers d’appui. »
A.Cam