Alpes du Sud : limitation de vitesse sur les routes, certains sénateurs veulent les résultats de l'expérimentation

TRANSPORT / À l'occasion d'un comité interministériel à la sécurité routière qui devrait se tenir le 9 janvier prochain, le Premier ministre, Edouard Philippe, pourrait annoncer un abaissement de la vitesse à 80 km/h sur les routes à deux voies. Mais les sénateurs demandes plus d’éléments aux Premier ministre.

 

- Alpes du Sud -

 

Retour le 11 décembre dernier, c’est à cette date que le Premier Ministre Édouard Philippe annonçait dans un tweet qu’il était personnellement favorable à l’abaissement de la vitesse de 90 à 80 km/h sur les routes bidirectionnelles sans séparateur central. Depuis cette annonce inattendue, chacun y va de son commentaire pour justifier ou critiquer cette probable mesure. D’autant plus vraisemblable que les préfets ont reçu une note sur le sujet fin décembre. Un  document, dont l’existence a été confirmée par la préfecture des Alpes de Haute-Provence, qui énumère les arguments à mettre en avant pour justifier la mise en place d’une telle disposition.

 

Quels sont ces arguments ?

Parmi les avantages avancés par la Sécurité routière on trouve, notamment la mortalité routière.  « Avec plus de 1.000 morts par an », les excès de vitesse sont la première cause de décès au volant, et cette mesure permettrait d’orienter « durablement la courbe de la mortalité routière à la baisse ». Avec une  distance d’arrêt « passant de 81 mètres à 64 mètres », c’est une « nette diminution des vitesses constatées » là où la mesure a été expérimentée. Autre point mis en avant des « bouchons moins important »  et jusqu’ « à 30 % d’émissions polluantes en moins ».

 

Les sénateurs écrivent une lettre ouverte au Premier ministre

C’est une cinquantaine de sénateurs qui s'est joint à ce courrier envoyé à Édouard Philippe, à son secrétaire d’État ainsi qu’au ministre de l’Intérieur, dont la sénatrice (LR) des Hautes-Alpes, Patricia Morhet-Richaud. Au contraire de Jean-Yves Roux, sénateur (DVG) des Alpes de Haute-Provence.

Des élus qui demandent avant toute généralisation de la vitesse à 80 km/h sur le réseau routier secondaire, « de connaitre les résultats des expérimentations menées dans 3 départements, pendant 2 ans et qui ont pris fin en juillet 2017. » Des analyses qui malgré « les demandes de nombreux députés et sénateurs n’ont pas reçu de réponse du gouvernement », empêchant « d’engager un débat de fond sur un sujet sensible, qui mérite d’être abordé dans des conditions dépassionnées ».

« Dans les Hautes-Alpes, se sont quelques 2.000 kms de route - et quasiement autant dans les Alpes de Haute-Provence. Ndlr - qui seront concernées et cette question mérite des avis techniques, loin de toutes postures idéologiques. Pour être efficace, les mesures de prévention routière doivent être comprises par les automobilistes ce qui ne sera pas le cas si le gouvernement refuse tout débat et prend une décision unilatérale » a déclaré la sénatrice des Hautes-Alpes, dans l’attente du comité interministériel qui devrait se réunir prochainement.

 

Que disent les députés des Alpes du Sud ?

Du côté des parlementaires des Alpes du Sud, Joël Giraud, député (LREM) des Hautes-Alpes, prend position sur Alpes 1. L’élu choisit une position intermédiaire, contre une généralisation et en faveur d’une limitation « sur les axes bidirectionnelle accidentogènes. »

 

« Depuis que cette annonce de revoir la vitesse a été faite, je réfléchis... Ma 1 ère réaction, car je suis comme certains français, j'ai un peu grincé des dents... C'est notre force aussi de râler ! » E.Fontaine-Domeizel.

 

Pour Emmanuelle Fontaine-Domeizel, députée (LREM) des Alpes de Haute-Provence, la raison doit l’emporter : « si cela permet de diminuer les accidents et la pollution alors mon angle de vue est différent. Nous voulons aller vite pour tout mais là je ne suis pas sûre que nous allons gagner du temps. » Alors l’élue à sortie sa calculette :  « en calculant Volx-Manosque, c'est moins d'une minute de différence. De Sisteron à Volx, c'est environ 4 minutes et 1/4 d'heure pour Manosque-Barcelonnette. Ce n'est donc pas le temps qui nous pose problème. D'autres pays voisins sont déjà à 80 km/h et ils arrivent à l'heure ! Bref je choisirai probablement pour notre sécurité, la raison à la passion. »

Autre proposition de la députée bas-alpine :  « la lutte contre les addictions et la conduite sous emprise de toxiques sera une priorité pour la sécurité routière. »

Delphine Bagarry, également députée des Alpes de Haute-Provence (1ère circonscription), demande avant de légiférer sur cette mesure, « d’expérimenter sur une grande échelle et étudier l'impact en nombre d'accidents mais aussi en réduction de l'usage particulier de la voiture au profit du transport collectif, et impact sur la pollution, l'environnement, la santé des populations. » Comme Joël Giraud, l’élue prône une position modérée : « sur certaines départementales, cette mesure pourrait s'imposer en terme de sécurité. Sur d'autres, non dangereuses j'émets des réserves. »