Alpes du Sud : loup, les tirs de prélèvement "ne sont pas une solution à long terme"

AGRICULTURE / Le premier rapport, commandé par le Gouvernement et concernant l'évolution de la population du loup, a été livré.

 

 

- Alpes du Sud -

 

La Secrétaire d’État en charge de la biodiversité, Barbara Pompili, l’avait annoncé sur Alpes 1 en septembre dernier. Le Gouvernement avait commandé deux études concernant la population du loup. L’une sociologique, toujours en cours, l’autre biologique sur la population du prédateur à l’horizon 2025/2030. Cette dernière a été livrée le 17 février dernier, avec un objectif politique : « garantir une cohabitation socialement et économiquement acceptable entre le canidé et les activités humaines ». Une étude qui ne se veut pas être une feuille de route à suivre à la lettre, mais plus une méthode de réflexion pour les actions publiques. Et malgré le mystère entourant l’espèce du loup, difficilement approchable, les experts se sont appuyés sur des données existantes et des études de terrain.

 

Le régime alimentaire du loup

Et c’est tout d’abord le régime alimentaire du loup qui demande quelques lignes. Neuf meutes des Alpes ont été étudiées, à partir d’excréments. Et les ongulés sauvages constituaient 76 %  de leur consommation, les espèces domestiques 16 %. Un dernier taux qui peut monter à 50 % selon la situation géographique de la meute. Mais là aussi, les experts mettent un bémol car tous les troupeaux en zone de présence du loup ne sont pas touchés. Par exemple, en 2015, sur les 2.900 éleveurs d’ovins viande dans les Alpes, 1.100 ont été touchés par une attaque.

 

Une population, de la croissance à la stabilité

Un loup qui, depuis son retour en France en 1992, n’a eu de cesse d’évoluer, avant de se stabiliser ces trois dernières années.

 

Sa population était établie fin 2015 à 70 meutes dans les Alpes, dont 35 en France sur 29.000 km², 4 transfrontalières avec l’Italie, 30 en Italie, deux en Suisse et 10 à 12 en Slovénie.

Des meutes qui peuvent compter de 2 à 10 individus. On recense aujourd’hui dans les Alpes 49 zones de présence permanente du loup, dont 10 en France.

 

Une population des loups établit dans l’Hexagone selon les experts à 200-300 individus, une population « démographiquement viable » à l’horizon de 50 ans, uniquement si le taux de mortalité ne dépasse pas les 34 %.

Si la croissance des loups a été exponentielle, de 12 % par an entre 1995 et 2016, elle a été freinée à 5 % depuis, notamment avec les tirs de prélèvement. Des tirs qui ont ponctionné 14 % des effectifs des canidés en 2015, soit l’équivalent de l’excédent de croissance. Reste désormais à savoir si cette mortalité forcée n’orientera pas la démographie du prédateur à la baisse.  Toujours selon ce rapport, les prélèvements légaux ne doivent pas dépasser 10 % de l’effectif estimé des loups pour que leur population reste stable.

 

Les tirs de prélèvement, une solution mais pas de long terme

Difficile d’établir une relation de cause à effet selon le rapport. Certains scientifiques estiment que l’augmentation des prélèvements de loups générerait une augmentation des attaques de 4 à 6 % l’année suivante. Car les tirs peuvent éclater les meutes, qui se dispersent, prennent du terrain et rencontrent inéluctablement les troupeaux. Quand d’autres concluent que pour chaque loup tué, on peut enregistrer une baisse moyenne de 3 % des attaques.

Première conclusion : la mortalité des loups évoluant au fil des ans, les politiques publiques devront probablement avoir une gestion adaptée et évolutif face à la population. Deuxième conclusion : la politique de tirs de prélèvements n’est pas une solution de long terme, « le nombre de loups pouvant être retirés de la population ne pourrait à lui seul moduler les niveaux d’attaques ».

Les experts encouragent donc le gouvernement à adopter les approches complémentaires pour assurer la coexistence entre le prédateur et le pastoralisme.