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Alpes du Sud : Quand les chiffres masquent la réalité médicale

Alors que l’Atlas de la Démographie Médicale, publié en mai dernier par l’Ordre National des Médecins, dresse un bilan plutôt positif de la démographie médicale, sur le terrain, les avis sont divergents

Alpes du Sud - « L’hexagone n’a jamais compté autant de médecins ! » : c’est le constat que dresse l’Atlas de la Démographie Médicale, publié en mai dernier par l’Ordre National des Médecins. La septième édition de ce rapport fait le bilan de l’évolution de la démographie médicale, entre 2007 et 2013. Et à y regarder de plus près, sur le terrain, le constat n’est pas si positif.

Selon ce nouveau rapport de l’Ordre des médecins, on comptait 502 praticiens en activité en 2007. Ils étaient plus de 518 au 1er janvier de cette année. Une augmentation donc, d’autant plus qu’il y a autant de médecins généralistes qu’en Île-de-France, sur un territoire beaucoup moins peuplé. Et pourtant, le ressenti est très différent sur le terrain, dès qu’on interroge les professionnels des Hautes-Alpes. « Quand un confrère prend sa retraite, on voit arriver ses patients qui cherchent un nouveau généraliste. Ils font le tour parce que les cabinets sont pleins, ce qui montre qu’il n’y a pas assez de médecins. Ça fait 20 ans qu’on forme le même nombre de médecins, avec beaucoup plus de départs à la retraite », explique sur Alpes 1 Guy Bompar, Président du Conseil département de l’Ordre des Médecins à Gap. S’il se montre alarmiste quant au trop petit nombre de médecin généralistes exerçant dans le département, il s’inquiète surtout de la naissance de déserts médicaux : Embrun avec des départs à la retraite non remplacés, les stations de ski, le Rosanais, le Valgaudemar : « On a une grande répartition géographique, il ne faut pas s’attendre à voir un médecin par canton. Les patients vont devoir se déplacer dans les maisons médicales ». Guy Bompar renvoie dos à dos médecins et politiques. Pour lui, seul l’Etat pourrait débloquer la situation.

Du côté des Alpes de Haute-Provence, le tableau est tout aussi sombre. La désertification médicale semble même plus avancée. Boudé, esseulé, le département des Alpes de Haute-Provence fait figure de cancre parmi les déserts médicaux, et cela depuis plusieurs années. Le département compte aujourd’hui 444 médecins toutes activités confondues et n’a perdu qu’un praticien depuis 2007. Pourtant, les médecins sont installés de façon inégale, avec de grandes disparités entre les zones urbaines et les zones rurales. C’est en tous cas, ce que révèle sur Alpes 1 Jean-Claude Moulard, président de l’ordre des médecins dans les Alpes de Haute-Provence : « Dans les zones à faible effectif de médecins généralistes, c’est-à-dire inférieur à la moyenne nationale, nous avons Seyne, Saint André les Alpes et Castellane. Sur les zones à risque, moins exposées, ce sont Sisteron, Banon et Allos ».

Avec 270 généralistes en exercice, la densité du nombre de médecins par habitant est considérée comme « forte », par le conseil de l’ordre. A l’inverse, avec 141 spécialistes, les Alpes de Haute-Provence se situent en dessous de la moyenne nationale. Mais le problème, c’est que depuis 2007, aucun nouveau médecin ne s’est installé : « Les incitations financières ne sont pas suffisantes pour attirer les jeunes, si le gouvernement modifiait avec des mesures coercitives pour l’installation, le problème serait différent », précise Jean-Claude Moulard, qui salue les efforts multipliés par les acteurs locaux, mais reste cependant pessimiste sur l’avenir de la médecine en zone rurale.

Notez que le Gouvernement veut développer la télémédécine, instrument contre la désertification médicale. La Ministre de la Santé, Marisol Tourraine, a lancé un plan stratégique de déploiement en mai dernier. Les Hautes-Alpes sont précurseurs. Chaque année, depuis 13 ans, à l’hôpital d’Embrun, se tiennent les journées internationales et francophones de la télésanté.