Pourquoi Pierre Bernard-Reymond quitte l'UMP à la veille des sénatoriales

Le sénateur des Hautes-Alpes siégera comme "non-inscrit" à la Haute Chambre. Il n'a pas encore indiqué s'il soutiendrait l'actuel président UMP Gérard Larcher aux sénatoriales.

Hautes-Alpes - Le sénateur des Hautes-Alpes et ancien secrétaire d’Etat au Budget et aux Affaires européennes de Raymond Barre Pierre Bernard-Raymond a annoncé ce lundi sa décision de quitter l’Union pour un mouvement populaire (UMP), à quelques jours des élections sénatoriales du 25 septembre. Pierre Bernard-Reymond dénonce le manque de concertation du gouvernement sur le dossier du chaînon manquant de l’autoroute A51 entre Grenoble et Gap. Ce prolongement autoroutier de 92 kilomètres était en effet absent de la dernière version consolidée du Schéma national des infrastructures de transports (SNIT), document élaboré par le ministère de l’Écologie et du Développement durable et définissant « les orientations de l’État en matière de développement, de modernisation et d’entretien des réseaux d’infrastructures ».

Un manque de concertation de la part du gouvernement

« J’ai présenté ma démission de l’UMP, aussi bien au groupe du Sénat qu’au parti politique, parce-que je constate qu’il n’est pas possible de se faire écouter, sinon comprendre, et qu’il n’y a pas de concertation réelle sur ce dossier. J’estime que les Alpes du  Sud ne sont pas une simple marchandise électorale que l’on vend dans un Grenelle de l’environnement. Je suis pour le développement durable, mais je suis aussi pour le désenclavement des régions. Ni moi, ni les 35 parlementaires des régions Côte d’Azur et Rhône-Alpes, dont cinq anciens ministres, ni l’ensemble des présidents de Chambres de commerce et de Chambres des Métiers de ces deux régions n’ont véritablement eu l’écoute du gouvernement. Par conséquent, ce n’est pas la conception que je me fais de la politique, et donc j’ai décidé de présenter ma démission. »

« C’est la première fois que le ministre compétent ou le premier ministre ne reçoivent pas une délégation des Haut-Alpins. Tous les onze ministres qui ont précédé les deux derniers (Jean-Louis Borloo puis Nathalie Kosciusko-Morizet, NDLR) l’ont toujours fait, quelque soit leur orientation politique. »

Les raisons de l’abandon du projet de chaînon manquant

« Je pense que l’administration centrale n’a jamais été favorable à ce dossier. Je crois aussi que dans le Grenelle de l’Environnement nous avons été une marchandise de négociation et qu’il a fallu donner des gages aux Verts pour réussir le Grenelle. Nous en avons été la victime. Et puis, je constate que les parlementaires des Hautes-Alpes sont divisés et que la population est en partie, soit lasse, soit hostile. »

Comment va-t-il se positionner au Sénat ?

« Je serai au non-inscrits au Sénat. Je n’ai pas l’intention de rejoindre les centristes qui sont cornaqués par Monsieur Borloo, puisque c’est sa légèreté qui est à l’origine de l’abandon de l’autoroute. »

Élections sénatoriales du 25 septembre : qui va-t-il soutenir ?

« Je n’ai pas encore pris de décision de ce point de vue là. Je reconnais que le président du Sénat (Gérard Larcher, NDLR), le deuxième personnage de l’Etat a été favorable à toute l’action que j’ai conduite. J’ai été désolé de voir que même le deuxième personnage de l’Etat n’a pas pu se faire entendre auprès du gouvernement. »

Ancien maire de Gap, Pierre Bernard-Reymond se définit comme « démocrate-chrétien ». Ex-membre de l’Union pour la démocratie française (UDF), il a été élu au Sénat avec l’étiquette UMP en 2008, après avoir été suppléant du sénateur Marcel Lesbros (UMP).

Une liberté de ton sur la dette et l'immigration

« Trop c’est trop. Je ne peux en conscience continuer à participer à une formation qui traite les populations et les territoires de cette façon. Sur le plan national, il y a un certain nombre de points sur lesquels ma liberté me sera tout à fait agréable. » Il évoque ainsi son inquiétude du montant de la dette, et indique ne pas être en phase avec « les signaux qui sont envoyés au Front national, en particulier par le ministre de l’Intérieur qui est ancien préfet des Hautes-Alpes (Claude Guéant, NDLR) ». Il indique aussi être inquiet de voir que « l’idéologie écologiste prend le dessus par rapport à un développement durable équilibré ».

Photo Alpes 1.