- Alpes du Sud -
Pas de frites ni de burger dans ce foodtruck, mais tout un menu pédagogique avec des jeux et des informations sur la lutte contre la corruption. Anticor a lancé son tour de France sur deux ans en commençant par la partie est de la France. Dans le budget prévisionnel de l’association qui s’auto-subventionne : 100.000 euros pour cette installation itinérante qui passe par les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence.
D’abord sur le territoire bas-alpin les 9 et 10 juillet à Sisteron et Forcalquier, Reillanne. Puis sur le département haut-alpin le 12 juillet avec une projection du film « La très grande évasion » à Barret-sur-Méouge. Avec Emma Taillefer, présidente depuis avril de Anticor, association qui lutte contre la corruption, nous revenons sur ce foodtruck.
Alpes 1 : Pourquoi organiser ce tour de France ?
E. Taillefer : L’idée c’est d'abord de faire de l’éducation populaire. Avec notre très fort ancrage local avec 10.000 adhérents et au moins 80 groupes locaux, on voulait le valoriser. Ensuite, on veut faire parler les citoyens qui habitent en dehors des métropoles et qui se sentent parfois délaissés. On veut aussi écouter les habitants qui auraient des histoires à nous raconter. L’objectif est de récupérer les bonnes idées locales.
L’autre volet est la corruption locale souvent médiatiquement négligée. Les grosses affaires occupent les premiers plans, et on entend rarement parler de corruption dans les petites communes, alors que la corruption locale peut faire autant de ravages. Pas forcément d’un point de vue financier, car souvent les sommes sont moins importantes. En revanche, d’un point de vue symbolique et culturel, le fait de s’habituer à une mauvaise gestion départementale ou communale, cela peut rompre le lien de confiance entre les politiques et les administrés.
« La corruption coûte 120 milliards d’euros par an en France. » E. Taillefer
Alpes 1 : La corruption, en quelques mots, qu'est-ce que c'est ?
E. Taillefer : On arrive à poser des mots sur la corruption, mais on a du mal à comprendre l’impact concret et judiciaire. La corruption coûte 120 milliards d’euros par an en France. Cela intègre toutes les caractérisations pénales autour de la probité : le favoritisme, la prise illégale d’intérêts… Elles sont toutes occultes. Difficile donc de les chiffrer.
Les principales sources de corruption viennent souvent des liens entre les acteurs publics et les acteurs privés, notamment dans le domaine des marchés publics. Ensuite c’est difficile, car il peut y avoir autant de corruption qu’il peut y avoir de situations. La prise illégale d’intérêt pose problème avec un intérêt privé qui prime sur le public. Par exemple, un maire qui a fait embaucher un de ses enfants sans justification particulière.
« Le but de ce camion est aussi de déclencher des alertes avec des personnes qui vont être au contact directement de l'association. » E. Taillefer
Alpes 1 : Comment avec ce foodtruck comptez-vous mettre ce phénomène occulte dans la lumière ?
E. Taillefer : En allant sillonner 45 départements avec deux étapes à chaque fois, on veut aller dans les villes de petite taille. Sur un marché, on peut avoir une personne qui a connaissance d'une infraction potentielle au sein de sa municipalité et qui pourrait donc venir voir nos référents avec le camion. Bien sûr, on n’étalerait pas tout sur un coin de table, mais ce serait un premier contact.