-Alpes du Sud-
C’est un véritable cri d’alarme que lancent les acteurs locaux du réemploi du textile, dans les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence. Ces associations qui collectent des vêtements font face à des stocks qui se comptent en dizaine de tonnes. En cause notamment : un marché saturé par la fast fashion.
Aux Fils d’Ariane, on collecte dans les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence, des vêtements. Ils sont ensuite triés dans quatre ateliers à Gap, Briançon, Embrun et Digne les Bains, pour être revalorisés. « Sur 800 tonnes collectées, nous avons une traçabilité et nous sommes en capacité de dire ce que devient chaque kilo de textile brut. Les déchets ultimes de l’atelier vont en déchetterie c’est 6-7%, 20% environ vont en magasins, 75% environ sont normalement revendus à des centres de tri qui recyclent » explique Gilles Robert, le directeur de l’association des Fils d’Ariane.
Et c’est bien ce dernier sujet qui pose problème. Si une partie de ces vêtements est revendue dans les boutiques des associations, la plus importante est censée être envoyée dans des centres de tri pour être recyclée
« Chaque semaine, nous avons 16 tonnes, qui par le passé partaient dans des centres de tri, et qui ont difficultés à trouver des débouchés. Sur le court terme, on ne pourra pas continuer »
La fast fashion en cause
En cause notamment la fast fashion qui provoque un raz de marée de vêtements, souvent de très mauvaise qualité, et par conséquent difficilement recyclables. Ces clients à qui le second choix était vendu, ne paieraient plus selon le directeur des Fils d’Ariane, « c’est ce qui n’était pas de qualité boutique et qui chaque semaine était vendu. Eux même étant en difficulté, ils se retrouvent en situation de ne pas pouvoir payer » précise le directeur des Fils d’Ariane.
Des collectes de vêtements qui pourraient s’interrompre d’un jour à l’autre
Si ces structures associatives œuvrent pour le développement durable, elles ont aussi un rôle d’insertion par l’activité économique. Si les collectes s’interrompaient, ce sont, pour les Fils d’Ariane, 60 personnes qui seraient sans travail.
Face à cette crise textile, le Réseau Régional des Ressourceries Recycleries de Paca en appelle aux pouvoirs publics pour qu’ils interviennent. « Nous avons du soutien de l’État, des collectivités et des politiques pour qu’on puisse avec le dialogue avec l’éco organisme ReFashion, qui a l’obligation de reprise du textile, que les acteurs ne peuvent pas valoriser » explique Noémie Brochier est la présidente de ce réseau en région PACA et directrice de la Petite Ourse à Gap.
Sensibilisé à cette question, le préfet des Hautes-Alpes, Dominique Dufour, dit vouloir engager des travaux « sur les modalités de recyclage ».
Un projet de coopération entre les différents acteurs du textile dans les Alpes du Sud est aussi en réflexion, pour « mieux traiter le textile » et augmenter le taux de réemploi du textile. Des actions de sensibilisation vont également être mises en place notamment dans les facultés et les écoles.
Le reportage d'Aurore Vallauri :