Hautes-Alpes : la lutte contre la prostitution et les violences conjugales s'intensifie

SOCIAL / Une commission de lutte contre la prostitution a été installée ce jeudi avec la préfecture, le parquet, les collectivités locales, les forces de l’ordre, la déléguée aux droits des femmes et l’association « Agir pour le lien social et la citoyenneté »

 

- Hautes-Alpes -

 

Le 25 novembre est la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes mais ce combat se fait au quotidien à travers des actions concrètes et le renforcement des moyens. Ce jeudi, tous ces dispositifs sont mis en lumière grâce à l’investissement des pouvoirs publics, de la justice, des collectivités locales mais surtout du courage des victimes. 

 

Le téléphone grave danger, un ange-gardien de poche

Depuis le début de l’année et jusqu’au mois d’octobre, ce sont déjà 350 actes de violences conjugales sur les Hautes-Alpes, soit plus d’un par jour selon le Procureur de la République de Gap. Depuis son arrivée à la tête du parquet, Florent Crouhy en a fait une priorité et l’un des dispositifs qu’il souhaite démocratiser, c’est le téléphone grave danger. Un téléphone classique qui a simplement un bouton rouge SOS permettant, quand la personne est en danger, de contacter un téléopérateur.

 

 « Quand je suis arrivé, il n’y avait aucun téléphone grave danger attribué. Aujourd’hui, il y en a 8 dans les Hautes-Alpes », Florent Crouhy

 

À l’inverse du bracelet antirapprochement qui est trop gros, trop inquiétant en terme de géolocalisation et trop peu utilisé dans les jugements, le téléphone grave danger est un outil favorisé par les victimes grâce notamment à l’accompagnement réalisé par les associations MEDIAVIC et CIDFF. C’est notamment le cas de cette Haut-Alpine qui en possède un et qui a eu le soulagement de voir son ex-compagnon condamné par le tribunal correctionnel de Gap pour harcèlement et menaces de mort en cette journée si spéciale.

 

« Je me sens rassurée de l’avoir 24/24h sur moi », victime avec un téléphone grave danger

 

Dans une autre facette des violences à l’égard des femmes, une commission de lutte contre la prostitution a été installée ce jeudi avec la préfecture, le parquet, les collectivités locales, les forces de l’ordre, la déléguée aux droits des femmes et l’association « Agir pour le lien social et la citoyenneté ». Ses deux missions sont de prendre la mesure du phénomène sur le département en définissant des orientations stratégiques mais surtout d’examiner les situations individuelles de ces femmes afin de leur offrir un parcours de sortie. Un parcours de sortie et d’insertion en trois étapes pour la préfète Martine Clavel. « C’est d’abord un travail d’accompagnement social global réalisé par l’association ALC. Ensuite, pour les personnes en situation irrégulière sur notre territoire, c’est la possibilité de bénéficier d’un titre de séjour de six mois renouvelables trois fois. Enfin, c’est une allocation financière qui est versée par la Mutualité Sociale Agricole », détaille la préfète.

 

La prostitution n’est pas un délit, le proxénétisme oui

Même si la prostitution de rue est inexistante sur les Hautes-Alpes, celle dite « logée » est bien présente en stations et à Gap à cause d’internet et des réseaux sociaux. Un véritable fléau que cette commission doit aider à combattre en tendant la main lorsqu’une femme veut sortir de ce cauchemar. Pour rappel, depuis la loi de 2016, la prostitution n’est plus un délit et les prostituées sont considérées comme des victimes. Ce qui est puni est le fait d’y recourir et bien entendu, le proxénétisme. Deux dossiers seront notamment portés devant le tribunal correctionnel de Gap le 9 décembre prochain.

 

Le reportage de Christophe Lourenço :

C.Lourenço