Hautes-Alpes : Jean-Michel Arnaud a tenu à rendre hommage à Michel Serres

CARNET NOIR / Michel Serres, philosophe et académicien, est mort à l'âge de 88 ans ce samedi.

 

- Hautes-Alpes - 

 

En apprenant sa mort ce dimanche matin, Jean Michel Arnaud, maire de Tallard, a tenu à rendre hommage au travers les réseaux sociaux au philosophe Michel Serres décédé ce samedi  à l'âge de 88 ans. « En ce matin, Tallard est triste d'apprendre la disparition du grand philosophe Michel Serres. Michel Serres nous avait fait le grand honneur d'accepter que notre médiathèque porte son nom et de nous (avec Christian Paput) recevoir chez lui à Paris au printemps 2018 pour parler des Hautes-Alpes, de la transmission, du livre, du numérique et de nombreux autres sujets. Je lui exprime en mon nom personnel et au nom des Tallardiens mon incommensurable gratitude. Un grand penseur et cette rencontre fût un moment personnel intense et rare.»

 

 

Le philosophe Michel Serres, figure intellectuelle appréciée du grand public pour ses réflexions teintées d’optimisme sur l’éducation et l’écologie, est décédé samedi à l’âge de 88 ans. « Il est mort très paisiblement à 19h entouré de sa famille », a annoncé à l’AFP son éditrice Sophie Bancquart, des éditions du Pommier.

C’est d’abord comme militaire que Michel Serres s’engagea pour la France. Fils de marin, il entra à l’école navale en 1949 et sert comme officier entre 1956 et 1958. Mais déjà, le goût des belles lettres et des idées l’avait rattrapé. Admis à l’Ecole normale supérieure en 1952, reçu à l’agrégation de philosophie en 1955, puis docteur ès lettres, Michel Serres s’impliqua très tôt dans la vie intellectuelle du pays. Spécialiste d’épistémologie, revisitant les travaux de Leibniz, d’Auguste Comte et se plaçant dans la lignée d’Henri Bergson, il développa une approche originale, en rupture avec la pensée dominante de l’époque. Ainsi se distingua-t-il par la défense d’une philosophie des sciences faisant la part belle à l’expérience personnelle du chercheur là où l’esprit des temps privilégierait la « rupture épistémologique », autrement dit la mise à distance du scientifique dans son travail de recherche. Dans un autre registre, avec son Contrat naturel, Michel Serres fut parmi les premiers à extraire la discipline philosophique de la perspective anthropocentrée dans laquelle elle pouvait se trouver et ainsi à faire de la Terre un objet philosophique à part entière, prélude à la prise en compte, sur le plan philosophique et politique, de l’enjeu décisif de préservation de la biosphère. Ses travaux pionniers lui valurent une reconnaissance tant sur sur le plan national – il fut reçut à l’Académie française en 1990, que sur le plan international – il devint en 1984 professeur à l’Université de Stanford avec la bienveillante protection de Michel Foucault et de René Girard

Michel Serres est l’auteur de quelque 80 ouvrages et continuait de publier régulièrement ces dernières années. L’un de ses plus grands succès d’édition fut ainsi « Petite Poucette », ce titre clin d’oeil à la maestria avec laquelle certains utilisent leurs pouces pour taper sur leurs portables. Son dernier livre, « Morales espiègles », était paru en février. Invité de « Questions politiques » sur France Inter dimanche dernier, il disait à propos de ce livre vouloir éviter de paraître « donneur de leçons »« S’il y a une voie pour un signal moral, c’est le rire », ajoutait ce philosophe que le grand public a également pu écouter pendant 14 années dans la chronique dominicale « Le sens de l’info », sur France Info.

Par un communiqué de presse Le président de la République Emmanuel Macron a rendu hommage à Michel Serres " Le monde perd un grand intellectuel, qui fit briller la tradition philosophique française au-delà de nos frontières. Les Français perdent un visage familier qui sut mettre son érudition au service de tous, et qui, jusqu’au seuil de sa vie, chercha à éclairer de son savoir et de son intelligence la vie de notre Nation."

 

 

O. Milleville