Hautes-Alpes : "notre département se meurt"... le cri d'alarme du BTP

ÉCONOMIE / En cette rentrée 2018, la fédération du BTP dans les Hautes-Alpes sort d'une phase de construction avec une augmentation de 8,5 % des mises en chantier sur un an, sauf que... le long terme ne s'annonce guère réjouissant

 

- Hautes-Alpes - 

 

Il pèse entre 7 et 8 % du poids économique dans les Hautes-Alpes, mais serait-il en train de lentement s’effriter ? C’est le monde du bâtiment et des travaux publics qui, ce matin, tire la sonnette d’alarme par la voix de Stéphane Scarafagio. En cette rentrée, le président de la fédération du BTP dans les Hautes-Alpes, s’inquiète. Alors que les carnets de commande se remplissent, on craint à l’avenir un écrasement de la demande à long terme dans la construction. Pire : la conjoncture démographique du département, avec une jeunesse qui a fui, engendre d’importantes difficultés. « On se vide de notre avenir », lance-t-il ce matin.

 

« La commande publique est repartie », S. Scarafagio

 

Le constat, à cette heure-ci, est en demi-teinte. Car d’un côté, vous l’avez dit, le chiffre d’affaires est là, il augmente de près de 5 % : au 1er août dernier, la construction réalisait 728 millions d’euros contre 695 à la même période en 2017. La commande est là, elle aussi : ce sont 8,5 % de logements mis en construction en plus dans les Hautes-Alpes, soit 1.251 logements en chantier. C’est bien, c’est d’autant mieux que les collectivités locales ont rempli leur part du contrat, elles qui étaient jusque-là aux abonnées absentes, alors que le BTP est fortement dépendant de la commande publique. « 50 % du chiffre d’affaires est adossée à la commande publique, mais ces 7 dernières années, elle s’était effondrée de 30 % sur le bâtiment et 50 % sur les travaux publics », explique Stéphane Scarafaio. La commande publique repart, complétée par une commande privée.


Le chiffre d’affaires en augmentation, mais jusqu’à quand ?

Alors pourquoi s’inquiéter quand les signaux sont au vert ? Et bien, parce qu’ils le sont, mais dans une période bien définie et limitée dans le temps. Et les autorisations de chantiers affichent un repli significatif, laissant présager d’une baisse des mises en chantier dans les mois à venir. À la fin du mois de juillet dernier, 1.530 logements ont été autorisés, soit une baisse de 18 % sur l’année.

Autre problème : le bâtiment et les travaux publics ne parviennent plus à capter de l’emploi pérenne. « La tension est la main d’œuvre : on devrait avoir une augmentation de la masse salariale de plus de 6 % et près de 3.600 emplois sur le territoire national ». On est encore loin des objectifs. 

 

L’offre de travail est là, mais personne pour y répondre. Un constat d’autant plus alarmant pour Stéphane Scarafagio, quand on se penche sur le bilan démographique du département : les jeunes ne sont plus là. Et ceux qui pourraient répondre aux embauches ne sont pas formés.

 

"Notre département se meurt, pourrit de l'intérieur"

 

Et le président de la fédération du BTP 05 n’hésite pas à le lancer : le département se meurt.

Stéphane Scarafio qui demande aujourd’hui au monde politique mais aussi économique à se mobiliser autour d’un projet communautaire.

 

C. Michard