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Hautes-Alpes : la perdrix bartavelle observée de près dans le Dévoluy

ENVIRONNEMENT / Reportage au coeur de l'équipe galliforme autour de cette espèce classée « presque menacée » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature

 

- Hautes-Alpes - 

 

La perdrix bartavelle, une espèce qui appartient au genre Alectoris dans lequel on place les perdrix au bec, aux pattes et au contour des yeux rouges. L’aire de répartition de la perdrix bartavelle comprend la partie centrale des Apennins, la Sicile, la péninsule des Balkans jusqu’en Grèce et en Bulgarie, les Alpes dinariques et les Alpes. Le déficit de connaissances sur le fonctionnement des populations alpines de Bartavelle a incité l’ONCFS à débuter fin 2011 un programme de recherche dans les Alpes françaises, afin de pouvoir ajuster les modes de gestion pour cette espèce. Un programme unique en Europe. 

 

Le Dévoluy, terre de perdrix bartavelle

Au fil des siècles, les activités agricoles et pastorales avaient conféré au Dévoluy un aspect paysager d’espace très ouvert qui le caractérisait et sur lequel la perdrix bartavelle était abondante. Bien que sous les effets conjugués de la déprise agricole et du changement climatique on assiste à la fermeture de ces milieux ouverts, le Dévoluy demeure un territoire d’exception. Il abrite d’autres espèces patrimoniales comme le tétras lyre ou le lagopède attestant de la qualité de la biodiversité. Et c’est donc tout naturellement que le Dévoluy a été choisi en 2011 pour organiser un programme de recherche sur la reproduction et la survie de ces oiseaux. 

 

Une équipe Galliformes en pleine action

C’est le printemps, la période où l’équipe Galliformes en charge du programme effectue les captures des espèces adultes. Jean-Pierre, Pierre, Thierry et Sophie sont tous équipés pour se rendre à un point repéré de capture, près du col du Noyer, sur le secteur de Girbault précisément.

 

 

Après une petite heure de marche avec une pente de 45°, l’équipe arrive sur le lieu-dit et installe de suite le piège : une cage dans laquelle a été introduit un appelant, un oiseau d’élevage venant d’Italie. « L'appelant qui est à l’intérieur va chanter et appeler les oiseaux sauvages. Les oiseaux arrivent en tournant autour de la cage et vont vouloir entrer en contact. Il se dirige vers une des entrées et en passant ils appuient sur une trappe, la porte tombe, ils sont pris au piège, ils poussent un fil de pêche qui déclenche une balise et qui nous permet de nous prévenir si il y a une capture ou pas », explique Thierry Faivre, chargé d’études sur le programme.

 

 

Un système de capture renforcé par une caméra qui fait office de piège photo, un système qui est mis en place pour une durée de 2 à 3 jours maximum. Un peu plus loin toujours sur le secteur du Noyer, un piège a fonctionné, un mâle a été capturé. L’équipe se rend sur place pour le récupérer en suivant un protocole bien précis avec comme mot d’ordre « le silence » pour ne pas stresser l’animal,  « on procède d’abord à la mesure de la longueur de l’aile, son poids et son sexe. Pour la pause du collier, on vérifie bien avec précaution qu’il ne soit pas trop serré ni trop lâche pour qu’il ne le perde pas », précise Jean-Pierre Serres, chef technicien à l’ONCFS. 

 

 

Après lui avoir donné un nom, Help pour cet individu concerné, un collier émetteur radio VHF est apposé avant de le relâcher. Un système qui permet un radiopistage sur près de 100kms. Avec toutes ces données récoltées grâce aux colliers, des cartographies précises sont élaborées par individu capturé. Une cartographie qui permet d’avoir les différents déplacements et comprendre si ce sont des animaux sédentaires. Pour cette période printanière de capture, qui a débuté le 11 avril et se finira vers le 15 mai, 37 pièges ont été installés pour une dizaine de captures. Depuis 2011, ce sont150 bartavelles qui ont été capturées dans le Dévoluy et donc étudiées. 

 

Quel avenir pour la bartavelle ? Une réunion publique pour y répondre

L’espèce est classée « presque menacée » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). La population française est d’autant plus vulnérable qu’elle est se situe en limite de son aire de répartition.  Aussi, il importe de continuer d’estimer les effectifs, suivre leur évolution et adapter la gestion en conséquence. Il faut réaliser des travaux de réouverture des milieux et maintenir l’activité pastorale pour conserver ses habitats. Il faut enfin affiner les connaissances sur la prédation (autour des palombes, aigle royal et carnivores). Cette étude dans le Dévoluy a précisément visé à estimer et analyser la survie, la reproduction et les causes de mortalité, étudier l’occupation de l’espace et les déplacements, suivre les interactions pastorales et la reproduction des bartavelles, caractériser les habitats de reproduction et hivernage, connaître l’état sanitaire de la population locale. 

Autant d’éléments qui seront développés lors d’une réunion publique prévue le 7 novembre dans le Dévoluy, à 1 mois et demi avant la fin du programme. 

 

Le reportage vidéo : 

 

 

O. Milleville