Hautes-Alpes : PLU de la ville de Gap, « le maire travaille seul dans son bureau, dans l’opacité »

POLITIQUE / Alors que le Plan Local d’Urbanisme n’a toujours pas été voté sur la ville de Gap, l’opposition PS par la voix de Christophe Pierrel demande au maire d’ouvrir le débat au plus vite.

 

- Hautes-Alpes -

C’est maintenant quasiment entendu, l’opposition PS de la ville de Gap est aujourd’hui plus représentée par la personnalité de Christophe Pierrel, actuel chef de cabinet adjoint de François Hollande, que par celle qu’on attendait à ce poste de lanceur d’alerte, la députée PS des Hautes-Alpes, Karine Berger. Nouvelle preuve que le PS dans les Hautes-Alpes n’a pas encore retrouvé son équilibre : le haut-parleur du socialisme dans la Capitale Douce est porté par une personnalité politique, qui malgré son implantation géographique familiale et sa tentative infructueuse lors des élections régionales, n’a aucun mandat local en poche. Quand l’autre occupe un double mandat sur le territoire.

Alors accord tacite ? ou simple interprétation hâtive des faits ? Il semblerait que Christophe Pierrel ait le champ libre pour s’attaquer à la gestion de la ville de Gap par son maire Roger Didier, en attendant les prochaines élections municipales.  Et il ne s’en prive pas à travers le Plan Local d’Urbanisme (PLU) de la ville de Gap qui tarde à voir le jour.

 

Le PLU à Gap, une gestation complexe

Christophe Pierrel en convient, ce document est technique, « mais c’est pour cela que toute la lumière doit être faite le plus tôt possible, afin que chacun puisse s’en emparer et se mêler au débat public. » Pour résumer, le but du Plan Local d’Urbanisme (PLU) est de rechercher un équilibre entre développement urbain et préservation des espaces naturels dans une perspective de développement durable et de tenir compte des nouvelles préoccupations : renouvellement urbain, habitat et mixité sociale, diversité des fonctions urbaines, transports et déplacements. Le Plan Local d'Urbanisme a été institué par la Loi relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbains (loi SRU) du 13 décembre 2000. Il remplace le Plan d'Occupation des Sols (POS). En la matière l’équilibre semble difficile à trouver alors que la date butoir pour un vote en conseil municipal est fixée au 27 mars 2017.

 

Pourquoi un blocage ?

En se basant sur la croissance de la population depuis 2007 (+1,5% par an), la municipalité estime qu’elle pourrait accueillir près de 13.000 habitants supplémentaires d’ici 2030. Selon ses calculs il lui faut alors prévoir la construction de 7.700 nouveaux logements durant cette période. Pour ce faire, la ville prévoit une densification des espaces à bâtir, qui passera de 18 logements à l’hectare à 25. Un ratio pouvant même atteindre 70 logements par hectare dans le centre-ville.

Voici en résumé ce qu’on pouvait trouver sur le document du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD), document préalable à l’écriture du nouveau PLU. Mais ce document s’oppose aux chiffres du Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT). En effet, le SCOT calcule lui l’évolution de la population non pas sur les 25 dernières années comme l’a fait la ville, mais sur la base des 20 dernières années.

Une différence de croissance de 0,4% qui remet en question l’ensemble des calculs du PADD, et pour être valide, le PLU ne doit pas trouver d’opposition entre le PADD et le SCOT. Résultat : l’enquête publique est repoussée à l’automne prochain.

 

« Le maire agit dans l’opacité, et c’est sans doute qu’il des choses à cacher ? »

De son côté Christophe Pierrel voit malice à travers l’« opacité » avec laquelle travaillerait le maire de Gap. Constatant que  « le PLU est en préparation depuis 2008 mais à Gap il n’y a toujours rien, avec un maire qui ne dit rien à personne (…) Roger Didier fait tout cela seul dans son bureau avec deux ou trois personnes, sans élus, sans les services, sans expert en urbanisme. »

Une enquête publique en automne, « c’est trop tard, les Gapençais n’auront que très peu de temps pour s’approprier un texte compliqué qui pourtant conditionne l’avenir de leur ville (…) l’opposition n’aura elle non plus pas le temps d’amender le texte », s’inquiète Christophe Pierrel.

Autre crainte, « jusqu’à présent le maire faisait sans le PLU parce que ça l’arrangeait, c’est tellement plus facile de faire sans règles pour favoriser telle ou telle personne ou tel dossier », dénonce Christophe Pierrel. Allant plus loin dans son examen, pour lui le maire « cache ce qu’il fait ». Pas loin de l’idée de « pas de fumée sans feu », Christophe Pierrel en est à soupçonner le maire de Gap : « c’est souvent quand on a des choses à se reprocher qu’on cache les choses. »

Une accusation ? « non je dis simplement que lorsque vous ne communiquez pas, que vous ne dites pas ce que vous faites, il peut y avoir doute, et cela ne doit pas seulement inquiéter les élus mais aussi les Gapençais (…) ce que je demande au maire, c’est de mettre ce dossier sur la place publique avec tous les éléments. »

Contactée par Alpes 1, la mairie de Gap n’a quant à elle pas réagi à cette heure aux interrogations venues de l’opposition.

 

Christophe Pierrel au micro Alpes 1 :