Hautes-Alpes – Le monde agricole sera dans la rue, le 21 juillet prochain, lors du jour de repos pour les coureurs du Tour de France à Gap. Les Jeunes Agriculteurs et la Fédération des exploitants agricoles souhaitent profiter de la forte présence médiatique internationale, pour faire entendre leurs inquiétudes sur la prédation du loup. Une transhumance sera organisée, entre le rond-point du sénateur et la préfecture des Hautes-Alpes. Ils ne veulent pas gêner l’évènement sportif qu’est le Tour de France. L’organisation, ASO, a d’ailleurs négocié avec les responsables agricoles des Hautes-Alpes, pour permettre une mobilisation pacifiste. « Parce que la prédation, aujourd’hui, est vraiment très importante, trop importante sur l’élevage. Le Plan Loup n’est pas adapté. Il n’y a pas de résultats », regrette sur Alpes 1 Bruno André, porte-parole de la FDSEA 05 et de la Chambre d’agriculture des Hautes-Alpes. Des éleveurs qui ne veulent plus être les victimes du loup. « Nous, ce que l’on veut, c’est communiquer gentiment, qu’il n’y ait pas de débordements ce jour-là, sur cette manifestation, mais se faire entendre. »
Le monde agricole en grande difficulté
Des agriculteurs qui souffrent cette année d’un autre problème : l’embargo russe. « Les marchés traditionnels ont été déstructurés. Les pays qui exportaient vers la Russie, exportent moins. Du coup, le marché intérieur est un petit peu plus saturé », explique Bruno André. La filière porc, par exemple, exportait 750.000 tonnes vers la Russie. De la marchandise qui reste en Europe. « C’est un petit peu pareil pour la pomme. Certains pays européens exportaient via la Pologne en Russie. Ils n’exportent plus, donc automatiquement cette marchandise revient sur le marché et ça handicap fortement nos arboriculteurs. »De fait, les producteurs sont obligés de casser les prix, pour tenter d’écouler les stocks.
Mais, c’est la concurrence intra-européenne qui fait désormais mal à la France. « C’est le jeu des industriels, qui veulent mettre la pression ou pas sur la production. Si je n’ai pas tel prix en France, je vais acheter de l’allemand ou du hollandais. » Des produits souvent plus chers en magasin, car en France « on a un problème avec les charges, par rapport aux pays européens. On a fait l’Europe, mais on n’a pas fait l’Europe sociale. » Un coût de main d’œuvre trop élevé en France. Mais par solidarité, les producteurs des Hautes-Alpes incitent les consommateurs à acheter français, voire même local.
Fin des quotas pour les produits laitiers
Autre point sensible : la fin des quotas laitiers imposée par l’Europe. C’est une guerre hiérarchique qui s’est alors ouverte. « Les producteurs laitiers des Hautes-Alpes souffrent, puisqu’ils sont payés sur le prix du lait industriel, donc les quotas nationaux. Les transformateurs et les collecteurs ont fait baisser ce prix », précise sur Alpes 1 Bruno André. Il est à moins de 300 euros la tonne, ce qui nuit à la réussite économique des exploitants, alors que les charges et matières premières ont fortement augmentées. En cause, une sécheresse précoce. Peu de pluie en prévision pour cet été.
« On sait que le Serrois et le Rosanais ont souffert cette année de la sécheresse précoce. Les gens qui avaient de l’irrigation ont pu sauver, quelque peu, leurs récoltes ». Le secteur du Champsaur-Gapençais pourrait tirer son épingle du jeu, grâce aux derniers orages. Une situation tendue, puisque la chaleur devrait perdurer plusieurs semaines encore.