Hautes-Alpes - C’est le parcours d'un excellent vendeur devenu escroc. Car Jean, cet homme de 40 ans a toutes les capacités du bon commercial. En un an, il est capable d'atteindre le million d'euros de chiffre d'affaires. "Il serait capable de vendre la Tour Eiffel à un ferrailleur", renchérit l'un des avocats de la partie civile.
Mais sous ce masque sympathique et avenant, Jean est aussi un flambeur. "Je jouais pour rattraper les sommes que je perdais", explique t-il au tribunal. Et chaque jour, c'est entre 1000 et 2000 euros qu'il peut dépenser. "Vous alimentiez le chiffre d'affaires de la Française des Jeux", ironise le Président. Seulement, un jour, Jean perd son argent et il le reconnaît à la barre : il décide de prendre le chèque d'acompte d'un de ses clients, sans ordre. C'est alors le début d'un engrenage qui a un préjudice : 76 000 euros. Et qui a des victimes : une dizaine environ, du 04 ou du 05, âgés ou jeunes parents.
Le rouage de l'escroquerie est très simple, seulement basé sur la confiance des clients. "Je leur disais que j'allais mettre le tampon de la société sur les chèques, je leur demandais de payer par espèce. Ou parfois je faisais payer plus cher et garder la marge", explique t-il devant le tribunal. Le commercial va alors dépenser cet argent dans les bars-PMU, notamment celui du Rochasson à Gap.
De grosses sommes ont été engagées au sein de l'établissement, qui est poursuivi pour recel. Mais pour le gérant, fébrile à la barre, peu d'explications. "Il me disait qu'il n'y avait pas de problèmes", dit-il simplement. Peu convaincant pour Maître Lecoyer, avocat de l'employeur de Jean, l'entreprise Giordani. "Vous le connaissiez, et alors qu'il pouvait jouer 2000 euros par jour, vous saviez que ce n'était pas le roi du pétrole".
Même sentiment pour le Procureur qui requiert à l'encontre du bar PMU 10 000 euros d'amende et la fermeture de l'établissement pendant un an. "C'est la mise à mort du commerce", plaide l'avocat de la défense qui demande la relaxe.
Quant à Jean, les réquisitions du Parquet s'élève à trois ans de prison, dont la moitié en sursis, deux ans de mise à l'épreuve, l'indemnisation des victimes, l'interdiction de fréquenter les débits de boisson et d'exercer le métier de commercial. Le délibéré sera rendu le 16 mai prochain. A noter que le prévenu est actuellement en procédure de licenciement avec sa nouvelle entreprise, basée dans le Var. Il aurait détourné des chèques pour un montant de 7000 euros.







