Hautes-Alpes : la désertification médicale cause des sueurs froides

SANTÉ / Guy Bompar, président de l’Ordre des Médecins dans les Hautes-Alpes, était l’invité d’Alpes 1 Live ce vendredi midi

 

-Hautes-Alpes-

 

La désertification médicale inquiète de plus en plus la profession. « C’est surtout les décisions du gouvernement en matière d’installation de nouveaux médecins, on est en plein délire », réagit sur Alpes 1 Guy Bompar, président de l’Ordre des Médecins dans les Hautes-Alpes. 

Le 13 décembre dernier, la Ministre de la Santé, Marisol Touraine, présentait un plan permettant de lutter contre les déserts médicaux. Quelques mesures ont été présentées, notamment une allocation mensuelle de 1 500 euros en contre-partie de l’engagement d’un jeune médecin d’exercer dans une zone sous-médicalisée. Ou encore un salaire mensuel de 4 600 euros pendant deux ans pour des médecins généralistes qui souhaitent s’installer en zone isolée. « Le problème n’est pas financier, un médecin qui s’installe dans un désert aura les patients et les 4500 euros à la fin du mois », commente Guy Bompar. Pour lui, la solution réside dans les maisons médicales, « où l’on regroupe les praticiens, comme les dentistes, les kinés ou encore les infirmières ».

Autre problème selon le président de l’Ordre des Médecins 05, les conjoints et conjointes des médecins. « Quand vous allez proposer à son épouse, qui a fait des études, d’aller s’installer au fin fond du Valgaudemar, je ne sais pas si elle va trouver un emploi », précise t-il sur Alpes 1.

 

L'emploi public "grève" le département

Le poids de l’emploi public semble également jouer un rôle essentiel, « il nous grève », poursuit Guy Bompar. Sur les à peu près 700 médecins généralistes, on compte plus de 250 libéraux, 210 hospitaliers et 90 salariés. « Le reste sont des retraités, ce qui veut dire que l’on a 1/3 de médecins qui exercent et qui s’installent dans les communes », précise le président. La réforme de la santé est donc attendue par l’Ordre puisque l’un des objectifs est notamment de s’adapter aux changements démographiques et de ne plus centrer sur l’hôpital mais sur les soins de proximité.

 

Les accords de dépassement d'honoraires : un permis de "dépasser"

Un autre sujet suscite des remous dans la profession : les accords portant sur les dépassements d’honoraires. Les médecins, généralistes ou spécialistes, déclarés en secteur 2 c'est-à-dire avec honoraires de dépassement seront, selon le gouvernement, plus cadrés sur les tarifs appliqués. Ceux qui signeront ces accords s’engageront alors à ne pas dépasser plus de 100 % du tarif de la Sécurité Sociale. Les complémentaires santé rembourseront auprès des patients ce dépassement. « Les mutuelles vont payer, ça me choque beaucoup », réagit Guy Bompar. De plus, selon lui, c’est un permis de « dépasser ».