- Hautes-Alpes -
La fin de vie a été votée ce mardi soir à l’Assemblée nationale : parmi les quatre députés des Alpes du Sud, trois votes contre et un seul pour. Sans surprise, Sophie Vaginay Ricourt de l’Union des Droites pour la République et Christian Girard du Rassemblement National, dans les Alpes de Haute-Provence ont voté contre le texte.
La surprise vient des Hautes-Alpes car seule Marie José Allemand du Nouveau Front Populaire a voté pour. Son homologue du même mouvement sur la deuxième circonscription, Valérie Rossi, a dit non.
Trois arguments pour la députée
Pour ce texte, les partis n’avaient pas donné de consigne de vote à leurs parlementaires. Valérie Rossi a expliqué son vote contre le texte sur la fin de vie sur les réseaux sociaux. Trois arguments. D’abord sur la question du consentement en fin de vie, après de longs échanges avec professionnels de santé et malade, elle est arrivée à la conclusion que la volonté du patient peut évoluer dans le processus dès lors que la douleur est prise en charge. « Cette parole mouvante mérite d’être considérée avec beaucoup de prudence » écrit elle.
Deuxième argument : l’état du système de soins palliatif. Elle avance que 21 départements en sont dépourvus. « Comment peut-on envisager d'aider un malade à mourir si toutes les conditions de soulager pleinement la vie ne sont pas réunies ? » interroge la députée. Enfin, Valérie Rossi croit que la société doit protéger les plus fragiles.
Une « trahison de l'esprit laïc » pour Joël Giraud
Pour toutes ces raisons, la députée a donc voté contre le texte « non par confort, mais par exigence » souligne-t-elle. Exigence « d’une société qui ne cède pas à la tentation d’une réponse trop simple à une question complexe » et exigence « d’un État qui ne devrait pas reconnaître un droit à mourir tant que le droit de vivre dignement jusqu’au bout n’est pas garanti. »
Cette position nourrit les débats dans le monde politique haut-alpin. D’abord le député honoraire de la circonscription de Valérie Rossi. Joël Giraud est particulièrement remonté contre son ancienne attachée parlementaire. L’ancien ministre parle de « trahison ». L’élue du Nouveau Front Populaire est accusée d’avoir défendue cette idée lors de la campagne des législatives pour finalement s’y opposer ce mardi soir et ce « avec le rassemblement national et la droite » souligne Joël Giraud.
La coupe est pleine pour l’ancien parlementaire : « L’abstention est tolérable si des éléments du débat ont été difficile au nom des convictions religieuses personnelles, et si on ne s’engage pas avant sur un autre vote. Mais là on est en pleine trahison de l’esprit laïc qui doit nous guider dans une société de tous les communautarismes ».
Valérie Rossi répond ne pas comprendre la position de Joël Giraud : « Ce n'est pas une question d'appartenance politique ou religieuse : c'est une conviction profonde et intime qui m'a fait prendre cette décision ».
Un vote de conscience pour le NFP
Au Nouveau Front Populaire, l’étiquette de Valérie Rossi, on est moins critique. Un membre de la France Insoumise défend la liberté de conscience de la députée pour ce vote, « ce n’est pas une cause de rupture ». LFI reproche plus à l’actuelle parlementaire de ne pas avoir voté les censures alors qu’elle est censée défendre un programme de rupture avec le camp présidentiel.
Contactée par téléphone, Marie-José Allemand, députée et première secrétaire du PS sur les Hautes-Alpes, défend également sa collègue, qui fait partie des quatre membres de son parti à s’être opposés au texte.
« Sur un vote comme cela surtout sur ce sujet, ça ne me pose aucun problème, on n’est pas sur une doctrine politique » M.-J. Allemand
La parlementaire, la seule des Alpes du Sud à s'être positionnée en faveur, conclut en invitant Valérie Rossi à s’expliquer elle-même auprès de ses électeurs. Valérie Rossi sera l'invitée du 8H30 ce vendredi pour Alpes 1 à ce sujet.
N. Dalbera