-Hautes-Alpes-
Les Rapaces de Gap resteront logiquement en Ligue Magnus la saison prochaine. Strasbourg a éliminé les espoirs de Dunkerque de finir champion de D1, et donc d’accéder à la montée en élite. C’était le seul club qui y prétendait. Mais quelle sera la potion magique du "Sorcier" la saison prochaine alors que le président du club, Jérôme Escallier, insistait il y a quelques jours sur la nécessité de professionnaliser l'ensemble de la structure ? Entretien avec Luciano Basile, le futur directeur sportif des Rapaces de Gap, qui vient de remporter en tant que coach et directeur technique de l'Académie Jégkorong Budapest le titre de champion de Hongrie avec l'équipe des U18.
Luciano Basile, vous pouvez pousser un ouf de soulagement ? Jérôme Escallier le président du club disait il y a quelques jours « la place de Gap n’est pas en D1 ».
Soulagement, je ne sais pas parce qu’il n’y a rien qui change pour le travail qu’il y a à faire. On est au travail depuis des mois, pas seulement pour l’équipe première. Beaucoup de choses ont été faites : un accord avec Orcières-Merlette pour porter cette équipe de D3 et doubler les matchs des U 20. On a réussi à avoir des heures de glace avec le centre de formation : l’équipe U 20 s’entrainera tous les matins de 7h à 8h15. C’est un gros changement par rapport à des heures inacceptables de 20h ou 22h le soir.
Et puis il y a aussi eu la semaine dernière le soulagement de voir le centre de formation validé par la fédération. Quand j’ai récupéré le club, il n’y avait pas que l’équipe première qui était en difficulté. Le centre de formation était en champ de ruines, il n’y avait pas de suivi académique, pas de testings. On était complétement largué, on risquait de perdre le label. Il y a eu un travail de titan qui a été fait sur le terrain à Gap, beaucoup de gens ont beaucoup bossé.
Vous espérez quoi pour la suite ? Cette professionnalisation nécessaire dont parlait le président Jérôme Escallier ?
Exact. Ce n’est pas un projet à court terme.
« Nos voisins au Nord misent sur les play-offs l’année prochaine. Pour moi c’est un projet à court terme », L. Basile
Personnellement pour quelqu’un qui a tout gagné dans le 05, Coupe de la Ligue, Coupe de France, championnat de Ligue Magnus, je n’ai pas envie d’essayer de faire les play-offs avec une équipe. Le projet me plait car je n’ai pas envie que les enfants des Hautes-Alpes s’exilent, à 13 ou 14 ans, parce qu’on ne leur propose rien.
J’espère que le fait qu’on soit en Magnus me permette d’avoir le financement nécessaire, par exemple, pour chercher un gardien de but à temps plein. On est aussi sur le recrutement d’un manager administratif depuis deux mois.
Je dois encore faire mes réunions de fin de saison avec la totalité des joueurs. J’ai déjà parlé avec certains Français, j’ai été assez déçu de certains qui ont clairement indiqué qu’ils ne voulaient pas faire partie de l’aventure si l’équipe partait en D1. Je respecte ça.
« Les joueurs qui faisaient partie de l’équipe cette saison sont en partie responsables du fait que Gap est la pire équipe de Magnus sur les deux dernières saisons cumulées », L. Basile
L’équipe n’a gagné que 19 fois dans le temps réglementaire sur les 88 rencontres.
Seul Dimitri Thillet, sur les joueurs que j’ai rencontrés, m’a indiqué qu’il ferait partie du projet. J’en prends acte. Et je me pose la question de savoir si je vais reconstruire avec les joueurs qui étaient sur place.
Si réfléchir aux play-offs est un projet à court terme, que visez-vous ?
Peut-être que l’année prochaine il faut viser un maintien tranquille, il ne faut peut-être pas viser de faire les play-offs mais aller chercher de jeunes joueurs français avec qui on peut jeter les bases et voir si d’ici deux ou trois ans, Gap ne peut pas réapparaitre dans le haut de tableau de la Ligue Magnus.
J’ai été pendant 17 ans à Briançon ou Gap. On a toujours travaillé année après année. On a toujours eu des projets à court terme, on a vu ce que ça donne. Briançon est descendu plusieurs fois, cette année c’était Gap. Ça veut dire quoi ? ça veut dire qu’on n’était pas dans le vrai. Il faut mettre en place quelque chose qui va perdurer dans le temps.
Vous voulez le jeu et les valeurs ?
Il y a une reconstruction à Gap, il y a tout à faire ce qui est excitant mais le côté négatif, c’est qu’il y a beaucoup de boulot. Ça me fait mal au cœur de voir notre équipe jouer à domicile, par exemple comme face à Briançon, et se faire marcher dessus physiquement chez nous. Il faut reconstruire un club et une équipe avec des gens qui ont envie de bosser, qui ont du professionnalisme, qui vont amener de la passion dans ce qu’ils font, la recherche de l’excellence. On ne se mesurera pas à Briançon, Grenoble ou Rouen, on va simplement essayer d’être la meilleure version de nous-même.
« C’était du bricolage, pas du professionnalisme », L. Basile
D’un vestiaire qui n’était pas suffisamment propre, d’une salle de musculation qui n’était pas assez équipée, d’un préparateur physique qui a travaillé avec tous les catégories des moins de 8 ans à l’équipe première… Ce n’est pas suffisant ! Après on se demande comment ça se fait que l’équipe première n’était pas en forme physiquement. C’était du bricolage, pas du professionnalisme.
Le coach devra porter cette vision-là ?
Le coach n’est pas une priorité pour moi. Si on a les mpoyens d’amener un entraineur de gardien de but, un autre préparateur physique, un entraineur pour les U20, et s’il y a suffisamment de moyens pour un coach en Magnus, tant mieux. Je suis en réflexion pour savoir s’il faut que je fasse une dernière année derrière les bancs pour économiser le salaire.
L'invité du 8:30 : Luciano Basile, manager sportif des Rapaces de Gap
C. Cava Michard