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Sécurité : Gap est-elle une ville calme ?

Sécurité : Gap est-elle une ville calme ?

SÉCURITÉ / Suite au différend entre le maire de Gap et le directeur départemental de la police nationale le 12 mars dernier, Alpes 1 a mené son enquête à partir des chiffres de 2023 du site statistique ministériel de la sécurité intérieure

 

- Hautes-Alpes -

À l’issue d’une réunion avec les habitants sur la place de la République, le maire de Gap Roger Didier a indiqué à Alpes 1 lors d’une interview :

 

"Il ne faut pas dire que la ville de Gap est une ville calme. Ce n'est pas vrai. La ville de Gap n'est pas une ville calme" R. Didier

 

C’était devant environ 100 personnes venues pour faire remonter leurs incivilités le 12 mars dernier. Le directeur de la police nationale des Hautes-Alpes Jérémie Bosse Platière avait affirmé l’inverse devant la population quelques instants plus tôt.

 

"Cette ville est une ville qui est calme, agréable à vivre : la preuve en est, nous pouvons discuter ensemble sans être agressé" J. Bosse-Platière

 

Face à ce désaccord, Alpes 1 a fait son étude à partir des chiffres du ministère de l’intérieur de 2023, les derniers disponibles. Gap a été comparée au total à plus d’une trentaine de communes.

 

Gap est une ville "à délinquance contenue"

35 pour être précis. 35 villes préfectures ou sous-préfectures avec des tailles de ville comparables à Gap comme Istres, Auxerre, Epinal, Chartres ou encore Nevers. La ville haut-alpine en 2023 comptait 41.935 habitants selon le site statistique ministériel de la sécurité intérieure. Toutes les villes préfectures ou sous-préfectures sélectionnées possèdent une population comprise entre 30.000 et 45.000 habitants.

Pour chacune des villes, pour obtenir un aperçu de la délinquance, nous avons additionné le nombre de crimes et de délits par commune. Gap arrive en cinquième position des villes avec le plus faible taux de délinquance. 44 crimes et délits recensés par les services statistiques ministériels de la sécurité intérieure en 2023 pour 1.000 habitants. Le trio de tête est composé de Haguenau, Nogent-sur-Marne et Istres, Draguignan étant au pied du podium.

 

Une tendance confirmée depuis 2023 par Marion Lozac’hmeur. La Procureure de la République parle de délinquance contenue dans la ville de Gap.

 

"Il ne se passe pas rien, les gens peuvent s'en rendre compte. Mais il y a une délinquance qui n'augmente pas depuis 2023. Les derniers chiffres montrent des poursuites plus rapides." M. Lozac'hmeur

 

Selon le préfet haut-alpin, Dominique Dufour, la ville peut aller plus loin.

 

"La ville de Gap est à sécuriser. On peut dire que la ville a un des taux de délinquance à Gap qui est parmi les plus bas de sa catégorie dans toute la région. Je ne m'en satisfais pas. Il y a des sujets sur lesquels on peut être plus présent et progresser ensemble." D. Dufour

 

 

 

Une chose est sûre, c’est que selon notre comparatif sur 35 communes, Gap est plutôt une ville calme.

 

Travailler ensemble, mais à combien ?

Le préfet invite à travailler ensemble, mais avec quels effectifs de police pour les habitants ? Sur ce sujet des effectifs de la police nationale, le torchon a aussi brûlé entre le maire de Gap et le directeur départemental de la police nationale. Cette institution a reçu des renforts en début d’année : 9 selon le préfet haut-alpin. Dominique Dufour qui estime le nombre de policiers nationaux et municipaux est suffisant pour la ville de Gap avec un policier pour 500 habitants.

La police nationale, c’est pour les infractions, la police municipale, pour les prévenir. Cette action de prévention de la délinquance est dans le viseur de l’opposition.

Par rapport aux 35 mêmes communes sélectionnées précédemment, la ville de Gap est sous dotée en homme au képi payé par la mairie en 2023 avec 18 policiers municipaux comptabilisés par le ministère de l'Intérieur. Pour 1.000 habitants en 2023, on décompte 0,43 policiers municipaux quand la médiane des 35 communes similaires est située à 0,59.

La municipalité a agi depuis cette date selon le maire. Roger Didier affirme avoir aujourd’hui 21 policiers dans ses effectifs, ce qui donne pour cette année 0,52 homme pour 1.000 habitants. Même si on se rapproche de la médiane, c’est toujours insuffisant pour l’opposition.

 

Elie Cordier, conseiller municipal d’opposition d’Union pour Gap, fustige l’action du maire depuis plus de 20 ans en la matière. Le candidat déclaré à la mairie de Gap juge irresponsable de rejeter les problèmes de sécurité dans la ville sur la police nationale sur la place publique comme ce fut le cas le 12 mars dernier et demande des recrutements dans la police municipale.

 

"Il faut utiliser les outils à notre disposition qui évitent à un auteur d'incivilité de basculer dans de la délinquance. Plus il y a de policiers mieux c'est pour effectuer un travail de proximité, de lien et de dialogue." E. Cordier 

 

Sur le recrutement de policiers municipaux, Charlotte Kuentz, membre de l’opposition sous l’étiquette Ambitions pour Gap, voit une autre solution. Elle évoque une phase de concertation des acteurs pour estimer les besoins et ensuite effectuer des ajustements. Mais surtout Charlotte Kuentz pointe le manque de moyens pour le centre communal d’action sociale, un acteur incontournable pour la prise en charge des SDF. Car ce sont ces derniers qui étaient pointés du doigt le 12 mars dernier sur la place de la République.

 

"À un moment, pour l'esplanade Desmichels, on est passé de 7 millions à 14 millions en un clin d'œil. Le budget du CCAS ne bouge pas lui alors que les équipes font un travail essentiel." C. Kuentz 

 

 

Contacté, le maire de Gap, Roger Didier n’a pas souhaité répondre à nos questions (pourtant nombreuses) sur ce sujet.

N. Dalbera