Haute-Provence : un ministre à l’écoute des agriculteurs mais sans annonces fortes

AGRICULTURE / « Je ne me résous pas à l’idée qu’on puisse laisser disparaitre le pastoralisme », a déclaré, ce vendredi, à Digne les Bains le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau

 

- Alpes de Haute-Provence -

 

En visite dans les Alpes de Haute-Provence, début août, avec le Ministre de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires Christophe Béchu, Marc Fesneau avait alors promis de revenir rapidement pour évoquer le dossier épineux de la prédation lupine. C’est désormais chose faite avec une table ronde organisée ce vendredi en préfecture avec des élus et surtout les représentants des organisations agricoles bas-alpines. Satisfait de la qualité des échanges sur ce sujet « symboliquement important », le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a tenu à mettre en avant trois principaux éléments après une année lourde en termes d’attaques et de dégâts. Sur le département, 521 attaques et 1.525 victimes ont été estimées en 2021 par l’Office Français de la Biodiversité pour 12 loups prélevés.

 

« Je ne me résous pas à l’idée qu’on puisse laisser disparaitre le pastoralisme », Marc Fesneau

 

Avec 921 loups estimés en France, la première évaluation doit d’abord se faire au niveau européen en mettant en place une plus grande souplesse face à une population lupine dynamique selon le ministre. « Il faut coexister mais dans un département comme les Alpes de Haute-Provence, il n’y a pas de coexistence car l’existence même du système pastoral est menacée ». Au niveau désormais national, Marc Fesneau veut débuter les échanges dès l’été 2023 pour la mise en place du futur Plan Loup le 1er janvier 2024. Actuellement, 19% est le taux de prélevement autorisé sur la présence estimée. « Je ne me positionne pas sans des données scientifiques. Il faut donc qu’on se mette d’accord sur l’accroissement mais je peux vous dire que je ne suis pas opposé à l’idée d’un prélèvement supplémentaire ». Puis, la question financière a bien entendu été au cœur des débats de ce vendredi et le ministre s’est engagé à accélérer les procédures sur toutes les mesures de protection ainsi que les différentes indemnisations pour ne pas trop ponctionner la trésorerie des éleveurs. Des éleveurs qui seront également épaulés juridiquement autour de cette question : « comment protéger l’éleveur qui se protège avec un patou ? ».

 

Crise énergétique, sécheresse : l’État sera au rendez-vous

En parallèle de la question de la prédation, d’autres sujets importants ont également été mis sur la table comme l’actuelle crise énergétique et la sècheresse qui a touché les Alpes de Haute-Provence cet été. Répétant ce crédo « l’État sera au rendez-vous », Marc Fesneau a tenu à allier la parole à l’action en rappelant que 3 milliards d’euros ont été engagés en aide aux entreprises dans le cadre du projet de loi rectificatif des finances publiques. Le secteur était certes dans un angle mort mais les démarches vont être recalibrées pour les agriculteurs puissent également bénéficier de cette enveloppe. Finalement, pour faire face aux conséquences de la sécheresse, 1,5 milliard d’euros sera injecté en avance le 16 octobre prochain pour tout ceux qui ont droit à la PAC et dès novembre, le ministre assure qu’on ira beaucoup plus vite pour les indemnisations des calamités agricoles. Si des trous sont toujours dans la raquette après ce panel d’aides, des analyses au cas par cas seront alors effectuées pour soutenir encore et toujours l’agriculture.

C.Lourenço