Alpes de Haute-Provence : une famille vit sur le bord de la route à La Javie

SOCIAL / Expulsés de chez eux, suite à un conflit de voisinage, ils n'ont pas les moyens de retrouver un logement.

 

- Alpes de Haute-Provence -

 

Ils se sont retrouvés à la porte de chez eux, du jour au lendemain. Depuis deux mois, une famille vit dehors, sous des tentes de fortune, à La Javie. Expulsés de leur logement, de manière illégale dénoncent-ils, Paul, 41 ans, a perdu son travail. Avec 366 € de RSA mensuel, ils n’ont pas eu le choix de trouver refuge dans la rue. Ils ont choisi La Javie, pour se rapprocher de leurs quatre filles, placées en foyer à Digne-les-Bains.

 

Des tentes qui prennent l’eau

Le froid et l’humidité matinale sont leur quotidien désormais. Sur une aire, entre La Bléone et la route de Prads, de grandes bâches récupérées aux Restos du Cœurs forment leur abri de fortune. « Il n’est pas grand. Là, il y a la cuisine, dans la tente qui prend l’eau. Là, il y a une tente qu’on nous a prêtée. C’est la chambre de ma mère et de mon beau-père », nous présente Teddy.

Il a 22 ans, la barbe de plusieurs jours. Avec sa copine Gaëlle, 23 ans, il a décidé de suivre sa mère, Patricia, âgée de 52 ans et son beau-père, Paul, 41 ans. « Ça fait deux mois et ça commence à faire long », estime t-il. Avant, il pouvait dormir dans sa Renault Laguna, mais les gendarmes l’ont saisie le 6 septembre dernier, car non assurée. Avant, ils avaient accès aux douches et WC du camping municipal, mais désormais il est fermé.

 

À l’origine, une dispute entre voisins

Ils se sont retrouvés à la rue, suite à un conflit de voisinage dans leur logement à Bras, dans le Var. Installés depuis trois ans, une nouvelle voisine est arrivée il y a un peu plus de six mois. « Ses chats, ils faisaient ce qu’ils voulaient. Ils pissaient et chiaient sur notre lit. Une fois, deux fois, au bout d’une troisième fois je suis allé voir cette femme », explique Paul. C’est alors qu’une dispute éclate. « Le propriétaire nous a virés au bout de trois jours. » Un propriétaire qui n’aurait donné aucun préavis, aurait coupé l’eau et l’électricité pour les mettre dehors.

Une famille qui assure n’avoir jamais eu de retards de loyers, avoir toujours eu de bonnes relations avec leur propriétaire. Ils ont même refait à neuf le logement. « J’ai tout, tous les documents pour le prouver. En plus, il a continué à toucher les APL [Allocations personnalisées au logement, ndlr.] pendant deux mois, après notre départ et nous, on dort dehors », s’énerve Paul, pris de court, qui n’a pas encore porté plainte, bien qu’il soit conseillé par un avocat.

 

Un toit et un boulot

Leur priorité, c’est de sortir de la galère avant l’hiver. Le froid est déjà difficile supportable. Ce mercredi 28 septembre, le président de la Communauté de communes de Haute-Bléone, Jean-Marie Beltrando, est venu chercher Patricia pour l’emmener voir une assistante sociale. Depuis leur arrivée à La Javie, ils ont pu compter sur les habitants. « Ce sont les gens qui viennent à notre aide. Je les remercie. Il y a eu un très bon accueil. Même le maire, il n’a rien fait pour nous, ce ne sont que les habitants. »

Une famille qui cherche à relever la tête. Ils avaient fait des demandes de logements sur La Javie, mais la commission d’attribution de la mairie a dit non. Ils attendaient, ce mercredi, une réponse positive pour un logement à Barcelonnette. Un habitant serait prêt à leur prêter gracieusement, le temps de trouver du travail.

 

Le reportage d'Aurore Vallauri :