-Alpes de Haute-Provence-
Les éléments qui ressortent de l'enquête sur le crash de l'A320 de la Germanwings, le 24 mars 2015, montrent que le copilote Andreas Lubitz rencontrait de nombreux problèmes psychologiques, pas toujours décelables.
« Mon Dieu, je n'ai pas envie que cet homme-là soit aux commandes d'un avion. »
Voilà ce qu'a ressenti l'un des sept médecins qu'a consulté Andreas Lubitz les derniers jours précédant le crash de l'A320 de la Germanwings, survenu en mars 2015. Des confidences émises auprès des policiers qui ont auditionné le spécialiste, comme le révèle ce mercredi Le Parisien.
Le quotidien publie les derniers éléments de l'enquête et notamment les derniers rapports médicaux du copilote allemand de 27 ans. Il apparaît qu'Andreas Lubitz, qui a délibérément précipité l'avion vers les montagnes et fauché la vie des 149 personnes à bord, ne souffrait pas seulement de dépression.
« Soupçons de psychose »
Un psychiatre et un médecin généraliste, qui l'ont reçu avant sa mort, évoquent des « soupçons de psychose ». Le jeune homme vivait en effet dans la peur de devenir aveugle, synonyme d'arrêt de sa carrière, et somatisait cette phobie.
« Je continue à passer des nuits où je ne dors pas du tout. Mon temps de sommeil maximal est de deux heures par nuit », écrit à son médecin Andreas Lubitz le 10 mars. Soit, deux semaines avant le crash de la Germanwings. Dans ses échanges avec les médecins, le co-pilote assure subir « parfois des attaques de panique par rapport à ses yeux ». Des problèmes de vue qui inquiètent fortement le jeune homme.
« Il me faudrait d’urgence de l’aide pour pouvoir dormir »
« Bien entendu, on peut trouver des déclencheurs qui doivent être travaillés, mais il me faudrait d’urgence de l’aide pour pouvoir dormir. (…) Si je n’avais pas ce problème aux yeux, tout irait bien. Il n’y a, en principe, aucune raison que j’aie ce problème maintenant », insiste Lubitz. Son psychiatre tranche : « Diagnostic : soupçons de psychose menaçante ».
Un médecin généraliste confirmera les conclusions de son confrère. « Suspicion de psychose. Complexe de troubles psychosomatiques », souligne-t-elle, avant de rédiger un arrêt maladie du 12 au 30 mars. « Ressasse, à l’évidence. (…) Agitation, tension, nervosité », note encore le psy traitant d’Andreas Lubitz le 16 mars, relate le quotidien. Ignorant que c’est inutile, il délivre à son tour un arrêt de travail jusqu’au 29 mars, et prescrit un somnifère puissant, tout en précisant dans la fiche patient établie ce jour-là : « Pas de délires, pas d’hallucinations, pas de tendance suicidaire. » Les évènements qui suivront lui donneront tort.
Des recherches liées au suicide
C’est à partir de ce moment que le jeune pilote Allemand sombre un peu plus dans la folie, et n’aura plus qu'une obsession : se suicider. En témoignent ses dernières recherches sur Internet. Il tape des mots clés en rapport avec des médicaments sans ordonnance susceptibles de pouvoir donner la mort. Puis, passe à des recherches plus explicites comme « suicide train ».
Les derniers sites qu'ils consultent renvoient à des modes d'emplois du cockpit du poste de pilotage, comme l'avait déjà révélé le procureur de Marseille. Andreas Lubitz cherche à savoir comment s'enfermer de l'intérieur.
« La dernière solution qui me rend parfois heureux, c'est de sauter de la falaise », écrivait-il en 2009, dans une note retrouvée sur son ordinateur, au moment où il traverse une grave crise de dépression. Des mots prémonitoires.
Au final, les arrêts de travail ne seront jamais remis à l’employeur, Germanwings. Et quelques jours plus tard, aux commandes d’un A320, Andreas Lubitz s’écrasera à Prads-Haute-Bléone, sur le massif des Trois Evêchés.