- Alpes de Haute-Provence -
Neuf maires qui rendent en l’espace de quelques mois leurs tabliers, l’inquiétude monte et l’alerte est lancée par le président de l’Association des Maires de France dans les Alpes de Haute-Provence, (AMF 04), et maire de Sisteron, Daniel Spagnou.
« Attention, ça va exploser ! »
Pour lui, les causes sont à peu près toutes les mêmes : les baisses des DGF, Dotations Globales de l’État « qui rendent l’équilibre du budget difficile ». Pour le représentant des maires, ce qu’attendent aujourd’hui les élus est simple : « une aide financière ». Daniel Spagnou pointe également les transferts de compétences « toujours plus grandes », une législation « toujours plus pointilleuse venue de Bruxelles qui devient insupportable pour les petites communes ». Avec des projets qui peinent à aboutir, « il y a toujours une administration pour nous tomber dessus et empêcher de réaliser une opération. Je peux vous garantir que cela en décourage plus d’un ! ». Des maires qui, aujourd’hui, passeraient plus de temps à s’occuper des dossiers de l’État que de s’occuper des citoyens, « c’est quand même pour cela qu’un maire est élu pour répondre à des attentes au quotidien ».
Daniel Spagnou va jusqu’à reprendre les termes du secrétaire national de la CGT, Philippe Martinez, « attention ça va exploser ! Et le jour où ça va exploser dans les communes c’est la démocratie qui sera touchée ». En 44 ans d’exercice politique, le président de l’AMF 04 le garantit : « je n’ai jamais vu ça, autant d’inquiétude de la part de mes collègues qui n’ont jamais été aussi nombreux dans les réunions organisées par l’AMF ». Une menace d’explosion qui aboutit aujourd’hui à des démissions en série.
Neuf démissions mais pas toutes pour cause de baisse de DGF
Depuis les élections de mars 2014, certains ont démissionné pour des raisons de santé : Daniel Dhal, maire de Valavoire, et Daniel Paravicini, maire de Sausses et président de la communauté de communes d’Entrevaux. D’autres pour des questions politiques, notamment Jean-Claude Rémusat, le maire de Montclar, qui a été mis en difficulté par sa majorité.
Mais pour six autres, ce sont les
conditions réservées aux municipalités qui semblent pointées du doigt : Chantal Caire-Caïs, maire d’Allos et
présidente de la communauté de communes du Haut-Verdon Val d’Allos (juillet
2015), Bernard Gacon maire de
Clamensane (avril 2015), Christine
Baptiste maire de Reillane (Juillet 2015), Daniel Rolland maire de Curbans (juin 2014), Jacques Échalon maire de Villeneuve (Octobre 2014) et Armand Belisaire, maire de Blieux (Juin
2015).
« Au moins trois ont fait ce choix en raison des baisses de dotations », déclare sur Alpes 1 Daniel Spagnou. « Ces maires m’ont clairement annoncé que dans ces conditions, ils ne pouvaient assurer la mission qui leur a été confié, et que ces baisses de dotations ne leurs permettaient pas de réaliser le programme annoncé durant la campagne ». Des cas particuliers qui ne sont, pour le président de l’AMF 04, que la partie immergée d’une catastrophe annoncée, « je peux vous assurer qu’au moins 40 communes seront bientôt en difficulté pour boucler leurs budgets».
Barcelonnette dans le peloton de tête des 10 % des communes les plus endettées
Dans ce scénario catastrophe qu’annonce Daniel Spagnou se trouve la commune de Barcelonnette, tenue par son maire Pierre-Martin Charpenel élu en mars 2014. Pour l’édile de la commune, la gravité de la situation va bien au-delà de la baisse de la DGF, « j’ai écrit à la préfecture du département non pas pour me plaindre de la baisse des dotations, nous sommes au-delà, c’est beaucoup plus grave ». Et pour cause, l’endettement de la commune est supérieur de 300% à la moyenne nationale, pour une commune de même strate. Les problèmes que l’élu met en avant, ce sont les charges structurelles, « 60 % d’entre elles sont incompressibles. Dans ces conditions, je ne sais pas encore comment nous bouclerons le budget 2016 », déplore Pierre-Martin Charpenel, qui n’a reçu aucune réponse de l’État sur une éventuelle aide dont pourrait bénéficier la commune.
Et les Hautes-Alpes ?
Du côté des Hautes-Alpes, si Jean-Michel Arnaud, président de l’AMF 05, met en cause la baisse des dotations globales de fonctionnement, pour l’instant, aucune démission depuis les élections municipales de 2014 n’a été enregistrée.