Alpes de Haute-Provence : toujours vent debout contre la centrale bois de Gardanne

ENVIRONNEMENT / Un recours devant le tribunal administratif de Marseille a été déposé par les Parcs Naturels Régionaux du Lubéron et du Verdon, ainsi que deux communautés de communes.

Alpes de Haute-Provence - Les Alpes du Sud défendent toujours leurs forêts, face à la centrale bois E.ON à Gardanne, dans les Bouches du Rhône. Un recours, contre l’arrêté autorisant l’exploitation de cette centrale, a été déposé auprès du tribunal administratif de Marseille par les Parcs Naturels Régionaux du Lubéron et du Verdon, ainsi que les deux communautés de communes Pays de Forcalquier-Montagne de Lure et Pays de Banon. Ce qui est contesté, c’est l’enquête publique et l’absence d’information auprès de la population et des collectivités.

Un Parlementaire et deux Présidents de Parc montent au créneau

« La mise en route de la centrale ira à l’encontre de nos équilibres et de nos paysages. La démarche tombe dans le travers de la financiarisation de l’économie », réagit le député-maire PS Christophe Castaner. Quant à Jean-Louis Joseph, Président du Parc naturel régional du Luberon, « nous craignons pour nos paysages et pour nos 55 chaudières à bois. Nous craignons les coupes blanches, nous qui vivons du tourisme, de la randonnée et de la qualité de nos paysages ». Du côté de Bernard Clap, président du Parc naturel régional du Verdon, le projet devrait entraîner un déséquilibre économique et social. « Il y a 120.000 ha de forêt dans le Parc du Verdon et plus de 45 entreprises de la filière bois. Le projet E.On entre en concurrence avec les démarches de valorisation du bois d’œuvre local, comme +Bois des Alpes+ ».

Une centrale bois : comment ça fonctionne ?

La centrale biomasse de Gardanne serait la plus grosse centrale électrique au bois en France. Elle doit produire l’équivalent de la consommation électrique de 450.000 ménages, hors chauffage, sur le site d’une centrale à charbon rachetée en 2007 par cette société allemande, E.ON. Le projet, Provence 4, doit produire de l’électricité en brûlant du bois avec un principe simple : la chaleur dégagée par la combustion actionne une turbine qui fabrique du courant. Mais du côté des Alpes de Haute-Provence, on voit cela comme une arnaque écologique. Selon plusieurs associations notamment, on va saccager les forêts dans les Alpes du Sud.

Problème : le plan d’approvisionnement

Ce qui pose problème, c’est le plan d’approvisionnement de la centrale. L’une des zones prioritaires du plan d’approvisionnement, ce sont nos deux départements : les Alpes de Haute-Provence et une partie des Hautes-Alpes, jusque dans le Guillestrois. Selon les experts, dans un rapport datant de février dernier, les Hautes-Alpes fourniront plus de 15.000 tonnes de bois par an, dont une large majorité de bois de rebut. Par contre, les Alpes de Haute Provence fourniront 29.300 tonnes de bois par an, dont une majorité issue d’opérations sylvicoles.

En effet, EON a prévu de se fournir en bois dans une zone de 400 km autour de Gardanne, dont les Alpes du Sud. On parle d’un besoin annuel de la centrale de 982 milliers de tonnes de bois par an, soit importés de l’étranger, soit des forêts locales sous forme de granulés de bois ou plaquettes, soit des résidus verts, c’est-à-dire du bois issu du nettoyage ou du débroussaillage des forêts.