Lors de la première
journée de procès, lundi, l’accusé a reconnu le meurtre, mais pas la
préméditation. Avant de demander pardon à la famille de la victime. « J’ai du mal à supporter ça depuis trois
ans, je voudrais m’excuser. J’ai tué une personne qui m’aimait. Mon geste est
lamentable », avait-il dit. Le soir du 27 mai 2010, alors que la victime
était en train de téléphoner, l’accusé l’a poignardé sans un mot dans le dos et
à plusieurs reprises. Au total, huit coups de couteau dont trois mortels ont
été assénés, mettant fin à la vie de Damien Chapus, décrit selon les
témoignages comme un homme « profondément
humain et sans histoires ». Agé de 37 ans et père de deux jeunes enfants, il
était originaire de Bourg-en-Bresse dans l’Ain. Des témoins avaient vu s'enfuir Mohamed Chérif Ghamdi, la police avait par
la suite localisé son téléphone portable. Les enquêteurs avaient retrouvé dans
le véhicule du fuyard l’arme du crime.
L’avocat de la partie
civile, Maître Danjou du barreau de Marseille, a plaidé ce mercredi matin avec
beaucoup d’émotion, mouchoir à la main. « J’ai écouté, j’ai vu, j’ai pris
des notes, j’ai eu l’impression que Monsieur Ghamdi avait un côté manipulateur
et calculateur ». Pour lui, le meurtre avec préméditation est indéniable, « limpide »
a-t-il dit. L’avocat a terminé avec une phrase directement adressée à l’accusé
et à la Cour : « La famille et les proches souffriront éternellement
malgré la peine de prison. Damien mérite que l’on honore sa mémoire ».
Quant à l’avocat
général, Pierre Cortes, il s’est tout d’abord interrogé : « Pourquoi
cette cible, pourquoi cette sauvagerie ? ». Avant de démontrer dans
le détail « trois crimes. L’assassinat de Damien Chapus, celui d’avoir
réservé le même sort à son ex compagne, et l’attentat contre la vérité ».
Il est vrai que Mohamed Ghamdi n’a pas vraiment expliqué son geste à la barre,
il a simplement évoqué « un pétage de plomb », un geste « inexpliqué ».
Lors du procès, il est apparu que le jour du meurtre, l’accusé avait menacé de mort et à plusieurs reprises son ex petite amie, Bénédicte P. (qui travaillait au village vacances), la victime et d’autres employés de la structure. Mohamed Chérif Ghamdi était persuadé que son ex-compagne entretenait une relation avec un collègue de travail. L’avocat général a insisté sur l’effet « de surprise », les huit coups de couteau portés à la victime étaient « violents, c’était une frénésie meurtrière », a t-il déclaré avant de requérir 30 ans d’emprisonnement.
Des déclarations qui provoquent le mécontentement de Maître Ripert du barreau de Grenoble, l’avocat de l’accusé : « On est venu massacrer mon client, et non pas le juger. Dès demain, nous ferons appel », a prévenu l’avocat. S’adressant à la Cour d’Assises, il a dit « avant d’éliminer avec une telle extrême mon client, essayez de comprendre l’homme, même si l’acte n’est pas excusable ». L’avocat de l’accusé a ensuite tenté de démontrer que « l’origine de ce drame réside dans la relation de Monsieur Ghamdi avec son ex compagne » entre 2009 et 2010. La veille du drame, les deux individus qui entretenaient une relation « ambiguë » s’étaient disputés. « Il était comme possédé par le démon », avait témoigné lors du procès Bénédicte P.
« Je crois que mon client a une définition machiste de la relation homme/femme. Bénédicte était toujours, pour l’accusé, sa petite amie. Il s’agit d’un drame incompréhensible, mon client n’avait aucune raison de s’en prendre à la victime », a poursuivi Maître Ripert. Concernant les faits, la victime avait tenté de raisonner l’accusé qui recherchait Bénédicte, qui venait de porter plainte. « Cette médiation a été mal perçue par Monsieur Ghamdi », a expliqué l’avocat de l’accusé. « Le hasard a fait que la porte du bureau de Monsieur Chapus était ouverte, mon client était dans un état second, il ne se rendait pas compte de ce qu’il faisait ».
Finalement, Mohamed Chérif Ghamdi a été reconnu coupable d’assassinat.