Comment va se dérouler la cérémonie en hommage aux victimes du crash de la Germanwings ?

Comment va se dérouler la cérémonie en hommage aux victimes du crash de la Germanwings ?

FAITS DIVERS / Sécurité, dispositif, cérémonie…voici comment se déroulera la cérémonie ce lundi au Vernet.

 

-Alpes de Haute-Provence-

Le 24 mars 2015, le département des Alpes de Haute-Provence avait été impacté par ce fait-divers des plus inattendus. Il y a dix ans jour pour jour, l’Airbus A320 de la Germanwings s’écrasait sur le massif des Trois Evêchés entre Prads Haute-Bléone et le Vernet. Le suicide du co-pilote Andreas Lubitz est la cause de ce crash. Au bilan du drame : 149 personnes ont perdu la vie. Ce lundi, les familles des victimes auront l’occasion de se recueillir à la cérémonie d’hommage au cimetière du Vernet.

 

Le mardi 24 mars 2015, le vol 9525 de la compagnie Germanwings décolle de l’aéroport de Barcelone, à destination de Düsseldorf. À bord, 144 passagers et 6 membres d’équipage. Peu après 10h30, l’avion disparaît des écrans radar. L’alerte est donnée par le Rescue Coordination Center de Lyon, signalant la perte de contact radar avec un appareil dans le secteur du Vernet. La préfecture déclenche immédiatement le plan SATER (Sauvetage Aéroterrestre), mobilisant les premiers moyens de recherche.

 

Une mobilisation immédiate des services de l’État

Dès la confirmation de l’accident, une mobilisation sans précédent s’organise. Rapidement, à 10h55, un hélicoptère de la gendarmerie survole la zone, puis découvre et confirme la présence de débris d’aéronef dispersés sur un vaste périmètre montagneux difficilement accessible. Dans les heures qui suivent, c’est tout l’appareil d’État qui se mobilise. Une chapelle ardente est établie au gymnase de Seyne-les-Alpes. Bernard Cazeneuve, alors Ministre de l’Intérieur, arrive sur les lieux à 15h00, accompagné de l’ambassadeur d’Allemagne, témoignant de la gravité de la situation et de la solidarité nationale et internationale. Un dispositif exceptionnel face à des conditions extrêmes. Plus de 1.000 personnels ont été mobilisés sur les deux jours suivant le crash. 

 

« Ce drame a profondément marqué la région, la France entière et le monde, laissant une douleur qui reste vive, d’abord pour les familles et les proches des victimes. Pour ce dixième anniversaire, l’État se mobilise pour que cette commémoration se déroule dans la dignité, en honorant la mémoire des disparus et en accompagnant leurs proches », M. Chappuis

 

Un dispositif commémoratif 

De nombreuses familles allemandes et espagnoles ont été impactées par la perte de leurs proches ce 24 mars 2015. Cette année, l’État a voulu marquer ce dixième triste anniversaire par une cérémonie en l’hommage des victimes. Cette cérémonie s’accompagne d’un réel dispositif mis en place par l’État. Partenaire, le groupe Lufthansa participera à la cérémonie en assurant le bon déroulement des différentes cérémonies et l’accompagnement des familles.

 

De plus,  la compagnie a privatisé une emprise sur la commune du Vernet pour accueillir les familles des victimes dans un cadre intime et sécurisé. Tous les moyens ont été coordonnés : un comité de pilotage a été constitué sous l’autorité du Préfet des Alpes-de-Haute-Provence il y quatre mois. Cette instance a régulièrement réuni les services de la préfecture, les représentants du groupe Lufthansa, les forces de sécurité intérieure, les collectivités locales concernées. Ce comité assure une coordination entre tous les acteurs impliqués et garantit la meilleure préparation de l’évènement. Le but est de préparer une commémoration exemplaire dans le respect des familles.

 

À l’occasion de ce dixième anniversaire, environ 360 proches du vol 4U9525 sont attendus au Vernet. Le programme de la cérémonie commémorative est chargé.  Des représentants des autorités françaises et étrangères se réuniront à 9h15 pour déposer une gerbe au cimetière du Vernet. Le président directeur général du groupe Lufthansa, Carsten Spohr, sera présent à cette occasion particulière.

 

À partir de 10h30, la cérémonie commencera à huis clos. Quelques minutes plus tard, une minute de silence sera observée en hommage aux victimes. Simultanément, une minute de silence sera observée à l’aéroport de Düsseldorf. Les employés du groupe Lufthansa ont également la possibilité d’observer une minute de silence sur les sites de Francfort et de Munich, ou devant le bâtiment administratif d’Eurowings à Cologne.

 

Le site sera sécurisé 

Pour assurer la sécurisation du site durant la cérémonie, les lieux de commémoration seront encerclés par les périmètres de sécurité importants. En effet, une dizaine de personnels de la gendarmerie nationale seront mobilisés, renforcé par des agents de sécurité privée sur les zones réservées.

 

Des périmètres de protection seront également établis afin de préserver l’intimité des familles pendant les moments de recueillement. Des postes de commandement seront également attribués. Une coordination opérationnelle sera assurée grâce à plusieurs postes de commandement. Le centre opérationnel départemental (COD) fonctionnera depuis la préfecture du département. Sur le terrain, un poste de commandement opérationnel (PCO) sera installé au Vernet, complété par le PC de l’organisateur directement sur le site.

 

Le but : assurer une réelle réactivité et une gestion fluide de l’événement dans toutes ses dimensions. Pour ce qui est des familles, elles auront l’accès à de nombreux espaces de recueillement. Chacun de ces espaces offrira une atmosphère particulière à la mémoire des disparus.  Les lieux de recueillement sont nombreux : la stèle commémorative, l’église du Vernet, le cimetière où se tiendra la cérémonie officielle, le col de Mariaud offrant une vue sur le lieu du crash, devant l’œuvre commémorative.

 

Cette diversité de lieux a pour but de permettre à chacun de vivre son deuil à sa manière et selon ses propres sensibilités et croyances. La sécurité sanitaire des participants à la cérémonie sera elle aussi assurée. Cette dernière sera prise en charge par un dispositif médical lui même porté par le SDIS 04. Une douzaine de pompiers et secouristes seront répartis sur l’ensemble des sites. L’Association départementale de protection civile (ADPC) renforcera ce dispositif avec de secouristes formés à l’accompagnement des personnes en situation de détresse.

 

« C'est la dixième commémoration que nous organisons conjointement avec le soutien de la préfecture, des services de sécurité et de secours de l’État dans les Alpes-de-Haute-Provence et avec les communes. Je souhaite exprimer un profond sentiment de gratitude envers toutes les personnes de ces services », S. Heydlauf, chef de mission France – Cellule post-accident Lufthansa Group pour le compte de la Germanwings.

 

Retour sur les secours de 2015

« Nous avons dû collectivement accueillir ces familles, permettre un hébergement provisoire, assurer la logistique du transport, de la nourriture et , le moment venu, du recueillement dans la chapelle ardente... L’aide des sapeurs-pompiers du SDIS04 a été, dans ces moments, précieuse et unanimement reconnue » explique Emmanuel Clavaud contrôleur général, DDSIS 04 au moment des faits. L’accueil des familles a été placée en priorité absolue à ce moment précis.

 

Deux jours après le crash, l’arrivée d’un grand nombre de familles était attendue sur le territoire bas-alpin. Pour les accompagner au mieux dans cette épreuve, plus d’une vingtaine d’interprètes ont été mobilisés. Le but était de couvrir la grande diversité linguistiques de ces familles : allemandes, espagnoles, anglaises, italiennes, turques et arabes.

 

Ce jour-là, ce sont environ 800 personnels qui ont été engagés pour assurer la sécurité, l’accompagnement et le soutien logistique des proches venus se recueillir. Outre la barrière de la langue, il a fallu s’occuper d’autres obstacles. Les équipes de secours et d’enquête ont dû surmonter des obstacles importants tels qu’un terrain montagneux particulièrement accidenté, des conditions météorologiques défavorables alternant le brouillard et la neige…

 

« Les secouristes du détachement de Briançon de la CRS Alpes ont été dépêchés dès le premier jour. Les jours suivants, au vu de l’ampleur de la catastrophe, nous serons rejoins par des effectifs de toutes les unités CRS montagne de France : Lannemezan, Perpignan, Nice, Albertville, Grenoble ... Cette organisation avec de nombreux sauveteurs permettra d’établir des tours de rôles sur le lieu de l’accident pour préserver les personnels confrontés à une situation particulièrement éprouvante. Sur le plan technique, cette intervention restera un modèle de coopération interservices reconnue », Jérôme DARDOULLIER, adjoint du Chef de Détachement Secours en Montagne. 

 

Le groupe Lufthansa tend sa main depuis de nombreuses années

Le groupe Lufthansa accorde une importance particulière au soutien des jeunes qui ont perdu un ou deux parents dans l’accident. Indépendamment des demandes de dommages et intérêts, ils ont mis à leur disposition plus de cinq millions d’euros dans le cadre du fonds d’aide afin de soutenir financièrement des études ou une formation professionnelle en fonction de leurs goûts et de leurs capacités.

 

Les survivants qui se sont retrouvés dans une situation économique particulièrement difficile à la suite du crash ont également pu demander une aide financière au fonds de secours. Le conseil d’administration du fonds de secours a décidé du versement de l’aide. Le versement de l’aide est une prestation volontaire, indépendante de tout paiement de dommages et intérêts par Germanwings. Comme tout crash d’avion tel que celui-ci, la catastrophe du vol Germanwings 9525 a profondément bouleversé le secteur aéronautique mondial.

 

Cet événement tragique a conduit les autorités de l’aviation civile, les constructeurs et les compagnies aériennes à repenser fondamentalement certains aspects de la sécurité aérienne. Dix ans après, les transformations opérées témoignent de la détermination collective à tirer toutes les leçons de ce drame pour éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise. La règle des deux personnes dans le cockpit est devenue une mesure immédiate et universelle. Ce fut la première réponse apportée par l’industrie aéronautique.

 

Le 27 mars 2015, les compagnies aériennes allemandes ont introduit une nouvelle procédure provisoire, selon laquelle deux personnes autorisées doivent toujours se trouver dans le cockpit d’un avion. Peu de temps après, l’AESA a également recommandé une telle procédure.  L’aspect le plus significatif des évolutions concerne sans doute le suivi médical et psychologique des pilotes. Une refonte complète du système a été entreprise, avec plusieurs innovations majeures.

 

Désormais, les tests psychologiques font partie intégrante de l’évaluation des pilotes, tant lors du recrutement que tout au long de leur carrière. Ces évaluations régulières permettent de détecter précocement d’éventuelles fragilités. Pour autant, encore aujourd’hui, dix ans plus tard, la vigilance reste de mise. Les autorités de régulation, les compagnies aériennes et l’ensemble des acteurs du secteur poursuivent leurs efforts pour identifier de nouvelles pistes d’amélioration et adapter continuellement les dispositifs existants aux réalités d’un métier en constante évolution.

K.Hosana