- Alpes de Haute-Provence -
Autre chiffre qui marque une désertification médicale : il manque aujourd’hui 28 médecins sur les Alpes de Haute-Provence, et à l’horizon 2030, ils seront 63 à manquer à l’appel. « Il y a une obligation à être réactif à court terme », martèle Eliane Barreille. Car si ce n’est pas dans les compétences du Conseil Départemental, sa présidente s’est emparée du sujet. Un cabinet spécialisé a été mandaté en mai dernier pour réaliser une étude, et penser à demain autour d’une offre médicale complémentaire adaptée et innovante. Les conclusions ont été rendues ce jeudi à Digne les Bains lors du Grand Rendez vous de la Santé, en partenariat avec l’Agence Régionale de Santé et la Caisse Primaire d’Assurance Maladie.
Une population fragile et sanitairement fragilisée
Si la CPAM recense 23.297 Bas-Alpins de 16 ans et plus qui n’avaient pas de médecin traitant en août dernier, ce chiffre comprend également 3.342 personnes de plus de 65 ans et 2.138 patients souffrant d’Affections Longue Durée. Signe d’une population également fragile, les personnes touchant l’Allocation Adulte Handicapé ont augmenté de 16 % en cinq ans. Si le taux de pauvreté régional est à 13 %, il est plus élevé dans les Alpes de Haute-Provence pour se situer à 15 %. Les besoins de santé sont donc importants sur un territoire à la superficie étendue et montagneuse, qui ajoute une contrainte supplémentaire.
Un centre de santé départemental d’ici la fin 2024
À l’issue de ce Grand Rendez-vous, plusieurs pistes émergent, notamment la création d’un centre de santé départemental, « il ne fonctionnerait qu’avec le nombre de médecins et d’infirmiers suffisants. Trouver le personnel sera le plus difficile », précise Eliane Barreille. Le lieu reste également à définir. Mais pas question d’opposer cette structure avec la médecine libérale, « ils agiront en complément, les médecins libéraux ont toute leur place et c’est à eux d’occuper le terrain de la santé. Mais où il y a des manques, il faut mettre en place des structures ». Si ce centre doit ouvrir au dernier trimestre 2024, un calendrier est déjà dessiner avec une réunion du comité de suivi au printemps 2025 pour évaluer l’impact de son ouverture, puis définir de nouveaux lieux d’implantation du centre de santé au troisième trimestre 2025.
Autre piste avancée : ouvrir des jours de consultation au sein des centres médicosociaux ou encore disposer d’un médico-bus mis en place par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
C. Cava Michard / M. Bonnefoy