Hautes-Alpes : quatre ans de prison dont trois ferme pour la rixe devant le Final à Gap

Hautes-Alpes : quatre ans de prison dont trois ferme pour la rixe devant le Final à Gap

JUSTICE / Mohamed G., 20 ans, a été condamné ce mercredi après-midi par le tribunal correctionnel pour avoir grièvement blessé à coups de machette une victime de 21 ans. C'était fin août à la sortie de la boite de nuit "Le Final" à Gap

 

- Hautes-Alpes - 

 

« Putain, ils l’ont tué, ils l’ont pris à coup de machette et ils l’ont gazé », hurle ce soir-là au talkie-walkie un videur de la boîte de nuit Le Final à Gap. Nous sommes le 28 août, Alexandre, 21 ans, est venu dans cet établissement pour y fêter la fin de saison, il est animateur dans un centre de loisirs de la ville. Un jeune décrit comme compétent par ses employeurs, « avec du savoir être et du savoir-faire » souligne son avocat Maître Sebbar. « Je ne suis pas une personne à problème », explique ce Haut-Alpin, avant de tomber dans sa chaise, toujours atteint de vives douleurs. Car dans la nuit de ce vendredi à samedi, il va recevoir plusieurs coups de machette, notamment sur le flanc droit, le laissant inanimé sur le sol. Conduit à l’hôpital de Gap, son pronostic vital était alors engagé.

 

Pour une histoire vieille de deux ans, ils en viennent aux mains

Alors que la soirée est « festive » pour Alexandre, son regard croise celui de Mohamed G., 20 ans. Les deux sont « de vieilles connaissances » comme ils l’expliquent aux magistrats, ils ont déjà pu en découdre deux ans auparavant à cause d’une histoire de filles. Une histoire qui refera surface comme une ancienne rancœur dans cette boîte de nuit, les yeux se croisent à de multiples reprises, sombres, jusqu’au moment où Alexandre décoche « une droite » à Mohamed dans le coin fumoir, « un geste de trop, j’ai perdu mon sang froid ». Le jeune homme est immédiatement évacué de l’établissement par les videurs, ses amis le suivent. Mais Mohamed aussi, il est parvenu à quitter la boîte de nuit. « Et là, quelqu’un vient me voir et me dit qu’il veut me parler vers la boulangerie. Je sens qu’il va y avoir une bagarre », poursuit Alexandre. « Et vous êtes prêt à aller en découdre plutôt que de rentrer calmement chez vous ? », s’étonne la présidente.

Est-ce un guet-apens qui attend la victime ? Les versions se contredisent. Pour Alexandre, Mohamed est caché derrière une remorque rouge quand surgit l’ami de ce dernier, Yannis D., une bombe lacrymogène à la main. « J’ai reçu de la gazeuse, je suis tombé sur le crâne, je ne sentais plus mon bras ». Quant aux témoins, quand ils aperçoivent Alexandre au sol, ils parlent d’une mare de sang. L’un d’entre eux va même retirer son T shirt pour faire un point de compression sur ses blessures, « le sang giclait ».

 

« Je tiens à m’excuser »

 

Quand vient le tour de Mohamed de s’exprimer quant à cette soirée, ce sont d’abord des excuses qu’il présente à la victime, puis des explications plutôt confuses. Selon lui, ce n’est pas son ami Yannis qui a gazé la victime mais plusieurs autres personnes qu’il ne pourra identifier. Quant à la machette qu’il a dans sa voiture, c’est celle que son père utilise pour tuer les moutons. Il aurait décidé de la sortir se sentant menacé par le groupe d’Alexandre toujours présent sur le parking, « je voulais leur faire peur mais en aucun cas frapper ». Alors à la barre, il se livre à une argumentation qui ne convainc visiblement pas les magistrats : touché par les gaz de la bombe lacrymogène, il aurait alors donné des coups de machette à l’aveuglette pour dissuader de potentiels assaillants, « et Alexandre se retrouve sous votre arme ? », demande la présidente, « je voulais sauver ma peau, la peur contrôlait mon corps ».

Mais dans cette rixe, son meilleur ami Yannis va aussi être touché par la machette à la cuisse, Mohamed décide alors de quitter la scène de l’altercation, laissant derrière lui Alexandre au sol, et de le conduire aux urgences. Puis s’ensuit une panique quand le jeune homme réalise les faits : il ôte son t shirt couvert de sang qu’il jette à l’hôpital, erre au volant de sa voiture. Aux alentours de 7h30, Mohamed décide d’appeler la police pour dire qu’il se rendra plus tard aux forces de l’ordre « mais pas tout de suite, le temps de me calmer ». Ce n’est finalement que le lendemain matin qu’il se présentera.

 

Pendant ce temps, Mohamed prend des nouvelles de la victime

Élément qui va surprendre le tribunal correctionnel : alors que Mohamed erre près de Romette, il est visiblement rongé par les remords et entre en contact avec Alexandre pour prendre de ses nouvelles. Il tombe alors sur le père de la victime et se présente comme le responsable des blessures infligées à son fils. Le prévenu rappellera à de multiples reprises « quand finalement, le père coupera court à ces conversations, se rendant compte que son fils se bat entre la vie et la mort et qu’il a à l’autre bout du fil l’auteur de ces coups », poursuit la présidente. Des précisions qui ne manquent pas d’émouvoir Alexandre, qui fond en larmes dans son fauteuil.

« C’est un dossier exceptionnel, en matière de troubles à l’ordre public. La gravité de la délinquance est présente dans les Hautes-Alpes, il y a une gradation car désormais, on sort armé », regrette le procureur Florent Crouhy. Au terme de son réquisitoire, ce sont sept ans de prison dont cinq ferme pour Mohamed G. qu’il demande au tribunal et trois ans dont un ferme pour Yannis D., absent lors de l’audience. Finalement, le premier écope de quatre ans d’emprisonnement dont trois ferme et le second de deux ans de prison dont 6 mois ferme.

 

C. Cava Michard