Alpes de Haute-Provence : Manosque, les gilets jaunes répondent à la lettre aux français d’E.Macron

Alpes de Haute-Provence : Manosque, les gilets jaunes répondent à la lettre aux français d’E.Macron

TRIBUNE / Trois jours après la lettre d’Emmanuel Macron aux Français, ce sont aujourd’hui les gilets jaunes de Manosque qui décident de répondre au président de la République.

 

- Alpes de Haute-Provence -

 

Trois jours après la lettre d’Emmanuel Macron aux Français, ce sont aujourd’hui les gilets jaunes de Manosque qui décident de répondre au président de la République. Dans cette longue missive, le groupe rappelle sans détours, que dans ce grand débat pour lequel « il n’y a pas de sujet interdit », ce sont les citoyens qui auront au final toujours raison. Mais ils en appellent également à la responsabilité d’un président qui n’aurait pas tenu ses promesses de campagne, notamment afin d’assurer « l’indépendance économique et politique de la France » tout en restant sourd aux nombreuses doléances déjà avancées par les français et en « creusant en quelques mois les inégalités. »

« Nous pensons que redonner un travail dignement rémunéré doit être votre priorité, les grandes entreprises doivent revoir la répartition des richesses créées, elles auraient de quoi se développer si elles n'avaient pas comme seule préoccupation la rémunération de leurs actionnaires », poursuivent les gilets jaunes de Manosque.

 

La lettre des gilets jaunes de Manosque au président de la République :

 

"Monsieur le président,

Dans une période de répression et de surdité comme celle que nous vivons, vous devez vous rappeler que nous sommes des femmes et des hommes.

La France est un pays comme bien d'autres, mais le sens de la justice y est bafoué plus qu'ailleurs. L'exigence d'entre aide a disparu au profit des nantis.

Chez nous, ceux qui travaillent doivent pouvoir s'autofinancer. Chez nous un grand nombre de riches ne paie pas l'impôt sur le revenu ce qui accroît les inégalités. Chez nous, l'éducation, la santé, la sécurité, la justice ne sont plus accessibles à tous et dépendent directement de sa situation et de sa fortune.

Les aléas de la vie, comme le chômage, ne peuvent plus être surmontés, en cause : le mépris de certains. C'est pourquoi la France est une nation de moins en moins fraternelle et de plus en plus inégalitaire.

C'est aussi un pays où chacun voit ses droits altérés et sa liberté d'opinion, de conscience, de croyance ou de philosophie disparaître. Et chaque citoyen n'a le droit de choisir que parmi celles et ceux qui portent les grandes décisions à leurs seuls avantages. Chacun partage le triste destin des autres et certain décide du destin de tous : c'est tout cela la déchéance de la nation française.

Comment ne pas éprouver du dépit d'être Français ?

Nous sommes insatisfaits et en colère parce que les impôts sont trop élevés et les salaires trop faibles alors que certains vivent indignement du fruit du travail des autres, parce que notre pays n'offre pas mes mêmes chances de réussite selon le lieu ou la famille d'où il vient. Nous voulons un pays solidaire et une justice honnête.

Cette impatience, nous l'exprimons. La société que nous voulons est une société dans laquelle le travail est reconnu à sa vraie valeur sans être spolié par vos relations élitistes et sans âme.

En France, mais aussi en Europe et dans le monde, non seulement une grande inquiétude, mais aussi une grande amertume, ont rassemblé les hommes et les femmes de notre pays et d’ailleurs. Il vous faut y répondre clairement et rapidement.

Mais, il y a pour cela une condition : nous n'accepterons plus aucune forme de violence des forces de l'ordre à l'encontre des citoyens pacifistes de notre pays. Nous n'accepterons pas et n'avons pas l'envie de subir la pression et l'arrogance que vous nous faites supporter. Nous accusons certains grands médias, journalistes, institutions et fonctionnaires de cultiver la haine fratricide. Si l'État agresse ces citoyens, le peuple se défend.

Afin que les espérances dominent les rancoeurs, il est nécessaire et légitime que nous vous reposions les grandes questions de l'avenir du peuple Français.

C'est pourquoi nous vous proposons de prendre en compte immédiatement les souffrances du peuple.

Depuis quelques semaines, de nombreux maires ruraux nous ont ouvert leurs mairies pour que nous puissions y exprimer nos griefs à votre encontre.

Malgré les nombreux retours qui vous avez eu, vous n'avez rien pris en compte. Nous allons désormais entrer dans une phase plus ample et organisée que vous ne pourrez plus ignorer. Partout où résident des français, des assemblées populaires se forment.

Les maires ont un rôle essentiel car ils sont les seuls élus en qui nous avons encore relativement confiance.

Pour nous, il n'y a pas de sujet interdit, ne vous en déplaise. Nous allons vous montrer que nous sommes un peuple qui n'a pas peur de parler, ni d'agir.

Nous ne trouverons peut-être pas d'accord mais nous sommes persuadés que nous seront plus en harmonie avec votre successeur... Nous n'avons pas oublié que vous aviez été élu sur un projet, sur de grandes orientations auxquelles vous avez tourné le dos.

Nous pensons toujours qu'il faut rendre la France à ses habitants pour qu'ils puissent y vivre sereinement. Nous pensons que redonner un travail dignement rémunéré doit être votre priorité, les grandes entreprises doivent revoir la répartition des richesses créées, elles auraient de quoi se développer si elles n'avaient pas comme seule préoccupation la rémunération de leurs actionnaires.

Nous pensons qu'il vous faut arrêter de solder les richesses de la France à des investisseurs bandits qui nous pillent et organisent l'évasion fiscale.

Nous pensons que vous avez, en quelques mois, creusé les inégalités.

Nous pensons que l'épuisement des ressources n'est pas de notre fait mais bien du gaspillage que vous cautionnez sous la couverture de la croissance et du sacro-saint PIB.

Le dérèglement climatique n'est que la conséquence de l'immobilisme des gouvernements, dont vous être le parfait représentant, face aux grands pollueurs que sont la chine et les USA. Le peuple Français ne peut, à lui seul, être tenu responsable.

Vous deviez assurer notre indépendance économique et politique, vous avez failli à la mission que les citoyens vous avez confié.

Mais nous pensons que, des concertations en cours au niveau du peuple, va naitre une nouvelle façon de diriger notre pays et vous n'en ferez pas parti, pas plus que vos amis qui pensent avoir été « trop intelligents ». Ces concertations n'ont pas de limites et ne se cantonnent pas à quatre thèmes mais à l'ensemble de la vie de la France, tant sur notre territoire que sur sa position au sein de l'Europe et du reste du monde.

Les gaulois réfractaires ne sont pas faciles mais ils sont lucides, créateurs et persévérants. Ils ont le sens de l'effort et le montrent tous les jours.

Nous participerons à cette consultation mais nous aborderons tous les sujets que nous souhaitons aborder et nous veillerons à ce que vous ne puissiez continuer à tenir votre cap qui nous mène à la faillite sociale et sociétale.

Nous ne reculerons pas même si cela demande une nouvelle élection et ou un référendum.

C'est ainsi que nous voyons l'avenir, c'est notre contrat pour la nation.

Monsieur le président, nous souhaitons que le pays change rapidement en prenant en compte la volonté des citoyens.

Nous faisons très grande confiance au peuple Français.

 

Les gilets jaunes de Manosque"