Alpes du Sud : accueil de réfugiés, « pas de quota fixé » dans nos départements

Alpes du Sud : accueil de réfugiés, « pas de quota fixé » dans nos départements

SOCIÉTÉ / Avant fin 2016, les préfets de la région PACA devront avoir trouvé 1.175 places d'hébergement, pour les personnes censées être évacuées de Calais. Alors quel accueil dans les Alpes du Sud ?

 

- Alpes du Sud -

 

Alors que le président de la République, François Hollande, promet un «démantèlement complet» du camp «d'ici la fin de l'année», le débat dans les territoires semble se résumer et se cristalliser  autour de postures politiques. À l’image de Christian Estrosi, président (LR) de la région PACA, qui dit « non à la création de micro jungles de Calais au cœur de nos régions », une partie de la droite s'oppose fermement à toute répartition des migrants de Calais sur l'ensemble du territoire, notamment dans les communes rurales. Quand d’autres critiques de l'opposition ne portent pas sur la faisabilité du plan gouvernemental, mais sur son principe même de répandre le problème au lieu de le résoudre.

Plus à droite, le FN navigue entre plusieurs propositions : celle d’une charte de « nos communes, nos départements et nos régions sans migrants », afin de « forcer les municipalités à se positionner », comme le souhaite le secrétaire départemental du parti frontiste dans les Hautes-Alpes et conseiller régional, Amaury Navarranne. Avenir chaotique pour les communes qui feront le choix d’accueillir des réfugiés, à l’image de Jeannine Douzon, secrétaire départementale du FN 04 et conseillère régionale qui, tout en nuance, rappelle que les maires « n’ont aucune obligation d’accueillir des clandestins sur leur commune. » Et enfin, toujours pour le FN 04, une demande de référendum local, « même informel » au sujet de l’accueil de réfugiés sur la commune de Champtercier.

 

Quand politique et échéances électorales s’en mêlent, les préfets avancent avec précaution.

Si le Premier ministre Manuel Valls plaidait la semaine dernière pour la solution défendue par ses troupes, déclarant que « répartir ces 9.000 réfugiés sur toute la France est une tâche qui est tout à fait atteignable et qui ne doit pas poser de problème », de leurs côtés les préfets n’osent aborder le sujet qu’à petite dose au vue du contexte de méfiance généralisée.

Pour Bernard Guérin, préfet des Alpes de Haute-Provence, dans une réponse qui aura tardé à se faire jours, il affirme que « Calais n'a pas vocation à porter seule l'effort. » Dans ce contexte, « et afin de participer à la solidarité nationale sur cette problématique, notre département s'est engagé depuis plusieurs mois à accueillir des personnes initialement installées à Calais ».

Un accueil qui s’est traduit  par l'ouverture de « 60 places de Centres d'Accueil et d'Orientation (CAO), dont 36 à Sisteron en fin d’année 2015 et 24 places à Digne-les-Bains en juin 2016, gérées par ADOMA. » Mais ajoute-t-il, « il paraît indispensable de renforcer encore le dispositif d'accueil. »  Ainsi, sur les 1.175 places supplémentaires qui sont prévues dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, et qui s'ouvrent progressivement depuis le mois de juin, « les Alpes-de-Haute-Provence apporteront leur contribution, même si aucun quota par département n’a été fixé. »

Quant à Philippe Court, préfet des Hautes-Alpes, celui-ci se montre à cette heure très prudent, voire retenu dans ses réponses. Pas question de répondre à des interrogations entre deux déplacements. Mais selon nos informations l’approche ne sera « pas comptable », et l’accueil sera diffus sur l’ensemble du département. Pas question de quota non plus dans les Hautes-Alpes.

À la question de savoir quelle concertation sera mis en place avec les communes, pas de réponse. Mais, là aussi, les préfets des deux départements semblent s’accorder en voulant favoriser « la discussion, plutôt que l’obligation » avec les maires des communes.