Région PACA : Chambon, conseil territorial, SNCF. Retour sur la séance plénière de ce vendredi

POLITIQUE / Dans un climat tendu entre majorité et opposition, les premières décisions ont été votées ce matin à l’hôtel de Région de Marseille.


-Région PACA-

Marine Le Pen avait promis « un maximum de barouf » en cas de conquête en décembre de régions par le Front national. Le FN n’a pas gagné une seule région, mais il a fait quand même du barouf au sein de l’hémicycle lors de la séance plénière. Altercations, petits mots, demande de suspension de séance de la part de Marion Maréchal-Le Pen, face à un Christian Estrosi flegmatique mais autoritaire sur la place qu’il compte accorder à l’opposition FN … minoritaire.


4,9 millions d’euros confirmés pour le Chambon

C’est la présidente de la commission des massifs alpins des Hautes-Alpes, Anne-Marie Forgeoux (Photo), également maire de Monêtier les Bains, qui aura pris la parole en premier pour défendre ce dossier. A ses côtés pour la soutenir dans ses propos, la 2ème vice-présidente à la région, Chantal Eymeoud. Après un bref rappel des faits, l’élue a rappelé que la région réaffirmait toute « sa solidarité au territoire impacté » à travers un soutien financier à hauteur de 15% des travaux. Soutien voté par la précédente mandature PS.

D’autre part, afin « de prévenir les risques de ruptures d’accessibilité, une étude de vulnérabilité sur l’axe Briançon-Grenoble à hauteur de 600.000 euros, dont 100.000 pris en charge par la région sera réalisée. » Le tout, a rappelé l’élue des Hautes-Alpes, pour une ouverture d’un nouveau tunnel prévue pour décembre 2016.

Un vote auquel s’est associé le groupe FN non sans rappeler, par la voix d’Amaury Navarrane (Photo),  « l’ineptie de la loi de décentralisation du 13 août 2004, qui léguait 2/3 des routes nationales aux départements. » Des territoires avaient fait part de « leurs craintes au nouveau ministre qui prit ses fonctions en 2005, peu après l’adoption de cette loi ; ce ministre était un certain Christian Estrosi. » Rappelant également au président de la région que l’axe Briançon-Grenoble « se lie à l’un de vos grand engagements de campagne : la jonction autoroutière de l’A51 pour relier Grenoble à Gap-La Saulce» Un dossier et un choix autoroutier sur lequel le FN des Hautes-Alpes s’était également exprimé lors de la campagne pour les régionales, à coup de déclarations sur l’inactivité et l’inefficacité des élus des Hautes-Alpes depuis 15 ans, avant d’opter en fin de campagne pour « une deux fois deux voies (…) aujourd’hui aussi efficace qu’une véritable autoroute. » Une solution réaffirmée ce matin lors de l’assemblée.

Des discussions conclues par le président de région, « nous inscrivons en priorité ce dossier, car nous voulons que la politique de montagne retrouve une place majeur dans l’hémicycle. »


Acte de naissance de la Conférence Régionale

L’une des promesses du candidat Estrosi, lors du second tour, était également de laisser une place dans l’opposition à une gauche battue dès le premier tour, dans ce qui était appelé alors « conseil territorial ». Promesse tenue aujourd’hui, sous l’appellation « conférence régionale ». Les premiers contours se dessinent, « cette conférence régionale doit permettre que vivent la liberté d’expression, de propositions de l’opposition indissociable de la démocratie », explique Christian Estrosi. Chaque courant pourra constituer un groupe pour s’exprimer sur les projets et la gouvernance de l’exécutif régional afin de faire des propositions qui pourront être débattues en séance plénière au sein du conseil régional. L’hôtel de région qui sera également le lieu de réunion à l’initiative de ses 4 co-présidents ou si 30% de ses membres le demandent, pour des séances exceptionnelles. Une conférence, qui selon le souhait de Christian Estrosi devra être créée au « plus tard pour le mois d’avril. » Autre point d’éclaircissement, aucun versement d’indemnité ne sera versé aux membres de la conférence.

Cette nouvelle instance de concertation sera donc constituée ainsi :

Elle sera co-présidée par le président du Conseil régional, Christian Estrosi, et ses 3 prédécesseurs, Michel Pezet, Jean-Claude Gaudin et Michel Vauzelle.

La répartition des 150 sièges devrait être la suivante : 30 représentants de la société civile (acteurs culturels, représentants des cultes et représentants du monde économique et universitaire) nommés par les quatre co-présidents. Un représentant par département et par liste pour les six listes ayant réalisé moins de 5 % au 1er tour (Jean-Marc Governatori, Noel Chuisano, Jacques Bompard, Cyril Jarni et Daniel Romani), 20 représentants par liste au total pour les listes ayant obtenu plus de 5 % au 1er tour (à savoir celles de Marion Maréchal-Le Pen, Christian Estrosi, Christophe Castaner et Sophie Camard).

Des membres qui devront être inscrits sur les listes électorales de la région et ne pourront pas être des élus du Conseil régional.

Un Conseil Territorial auquel s’est opposé le FN, par la voix de Marion Maréchal-Le Pen, considérant notamment que les électeurs avaient donné leurs voix à une opposition, la sienne. Déplorant également un déséquilibre de représentation entre sa formation et les autres partis.


 

SNCF : « mieux de train mais pas plus de train »

C’est en ces termes que le président de la Sncf, Guillaume Pepy, présent dans l’hémicycle, a arboré l’objectif entre la région et la société des chemins de fer dans un nouveau protocole d’accord. Annoncé le lendemain de l'élection de Christian Estrosi à la tête de la Région, l'avenant signé aujourd'hui était très  attendu des associations d'usagers. Et pour cause, les problèmes quotidiens que rencontrent les usagers des Alpes du Sud se multiplient sur l’ensemble de la région.

Guillaume Pepy, a su montrer dans son intervention qu’il avait largement pris conscience des difficultés en rappelant « qu’il s’impliquerait personnellement pour que les TER fonctionnent mieux. » Pour autant le président de la Société des Chemins de Fer aura rappelé que certains choix du passé n’auront  pas été sans conséquence sur le présent. Comme la politique de développement du TGV qui avait mis à mal les lignes régionales.

Constatant deux fois plus d’incidents en région PACA que dans les autres régions de France, malgré les 220 millions de travaux investis, « la ligne TER Paca est la plus chère de France ». « Avec 37% de trains complémentaire dans la région et 40% de fréquentation supplémentaire, nous ne sommes plus capable de mettre d’avantage de trains sur les rails (…) il faudra donc demain proposer mieux de train mais pas plus de train (…) nous devrons offrir demain des TER plus fiables, plus sereins et plus efficaces. »

Un protocole dans lequel le président de région a souhaité également faire apparaitre d’autres exigences, liées au 18% de fraudes. Que  Guillaume Pepy estime à plus de 20%. L’avenant prévoira donc un déploiement de la vidéo-protection avec deux centres de surveillance basés à Marseille et Nice. Des études seront également lancées, concernant la poursuite du déploiement de caméras dans les gares, mais aussi l'expérimentation de matériels vidéo embarqués, dont les images seraient directement retransmises dans les centres de surveillance.

Toujours en matière de sûreté, la Région et la SNCF se sont mis d'accord pour instaurer deux équipes mobiles, implantées sur tout le territoire, et pourvues d'une centaine d'agents dont 40 postes financés par la Région, qui ne seront pas opérationnels avant l'automne prochain.

Des exigences qui tombent sous le couperet de l’ouverture prochaine à la concurrence et dont Guillaume  Pepy sent la possibilité de voir le vent tourner en la défaveur de la SNCF : « si nous n’allons pas dans le bon sens la SNCF perdra l’exploitation au profit de la concurrence.»