Alpes du Sud : quand certains gilets jaunes se cherchent un second souffle

SOCIAL / Si dans les Hautes-Alpes le mot d’ordre et l’unité du mouvement semble à cette heure d’actualité, dans les Alpes de Haute-Provence les gilets jaunes semblent nager entre deux eaux.

 

- Alpes du Sud -

 

Si dans les Hautes-Alpes le mot d’ordre reste inchangé pour les gilets jaunes : « on est tous d’accord dans le département, on ne le lâche rien et on poursuit les actions ». Des actions sur fond de jeu du chat et de la souris avec les forces de l’ordre sur les blocages et les opérations déviations menées auprès des poids lourds (hors entreprises locales). Dans les Alpes de Haute-Provence, l’équilibre semble aujourd’hui plus précaire.

Si la grande majorité des gilets jaunes dans le département bas-alpin souhaite, sur le fond, poursuivre le mouvement, à l’image de Forcalquier, c’est désormais sur la forme que les questions se posent. Au point que, selon nos informations, une réunion sera organisée ce vendredi entre les différents ronds-points des Alpes de Haute-Provence pour définir la méthode à employer lors des prochaines actions.

 

Un mouvement sur le fil ?

L’objectif reste donc le même : être entendu par le gouvernement tout en poussant Emmanuel Macron à la démission, mais en conservant le soutien de l’opinion publique. Car le soutien des Français aux gilets jaunes s'affaiblit très légèrement. 66% de la population est toujours favorable au mouvement, soit une baisse de 2 points par rapport au 6 décembre. Une courte majorité (54%) des Français appelle toutefois les gilets jaunes à cesser le mouvement, selon un sondage publié par l'institut OpinionWay pour LCI.

Accusés sur certains ronds-points des Alpes de Haute-Provence de radicalisme dans l’action, certains secteurs se réorganisent et font « le ménage ». À l’image des ronds-points du pays manosquin qui, depuis lundi, bloquaient l’accès des poids lourds à la cité Giono en les invitant à faire demi-tour. « C’était un moyen de punir les syndicats de routiers qui nous ont lâchés en cours de route », indique l’un des gilets jaunes sur place. Une opération de déviation levée depuis ce mercredi fin de matinée, précise ce même gilet jaune.

 

Déviés depuis le lundi, les poids-lourd peuvent maintenant passer le rond-point de Corbières.

 

Autre processus en cours, une opération nettoyage interne contre les éléments les plus radicaux, notamment au cœur du rond-point de l’A51 à Manosque, « le ménage a été fait ce mercredi matin. Nous avons mis dehors tous les radicaux qui nuisaient au mouvement », indique l’un des gilets jaunes.

Enfin, dans un esprit de réorganisation, se sont montés, depuis lundi, trois nouveaux points : le rond-point de Corbière, le rond de la Madeleine à Manosque et à la sortie de l’A51 de La Brillanne, avec la mise en place, pour ces deux derniers, de cabanes en bois afin de tenir au mieux les secteurs. La Brillanne où les poids lourds sont invités à faire demi-tour pour emprunter une autre sortie pour arriver à destination.

 

Nouvelle installation à la sortie de l'A51 de La Brillanne.

 

Vers un second souffle ?

Une nécessité pour le mouvement qui, selon certains gilets jaunes inquiets, voient des « historiques qui quittent les lieux (…) le niveau d’engagement n’est plus le même qu’il y a quelques jours, et cela m’inquiète », nous confie l’un d’eux. Alors toute la question pour demain reste la même : comment faire pression pour se faire entendre sans en passer par un système de blocages envers les grandes surfaces, et par des actions qui paralysent ponctuellement les centres-villes à quelques jours de Noël ? Car côté patronat, on prévient de façon plus insistante : « nous sommes sur le point de ne plus tenir certains chefs d’entreprises qui sont proches de craquer et nous craignons l’affrontement », indique sur Alpes 1, une source proche du syndicat patronal des Alpes de Haute-Provence.

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A.Cam