Alpes du Sud : effondrement du viaduc de Gênes, y a-t-il des risques dans les Alpes du Sud ?

TRANSPORTS / Plus de 2.200 ponts et viaducs enjambent les routes et rivières des Alpes du Sud. Certains connaissent des dégradations quand d’autres sont sur le point d’être remplacés. Mais les différents services nous l’assurent « tous sont surveillés » État des lieux dans nos départements ici :

 

- Alpes du Sud -

 

L'effondrement du viaduc de Gênes, en Italie, qui a fait au moins 39 morts dont quatre Français, pose la question de la sécurité des ponts. En France, la Ministre chargée des Transports, Elisabeth Borne annonce dans un tweet les priorités à l’entretien des infrastructures depuis 1 an :

 

 

 

Qu’en est-il dans les Alpes du Sud ?

On compte environ 1.000 ouvrages que le département des Hautes-Alpes gère, en dehors du pont de Savines-le-Lac et celui du Riou Bourdou gérés eux par la Direction Interdépartementale des Routes de Méditerranée (DIRMED). Des ponts surveillés « au moins une fois par an » souligne le Département des Hautes-Alpes avec une révision « plus précise » tous les trois ans.

Les ponts de Savines-le-Lac et du Riou Bourdou tous deux âgés d’environ 60 ans, deux symboles des Hautes-Alpes, qui du fait de leurs fréquentations posent question. C’est le cas notamment pour le président du BTP 05 Stéphane Scarafagio :

 

Des travaux ont déjà été menés sur le Riou Bourdou en 2013 et 2015. Le pont du Riou Bourdou et celui de Savines-le-Lac sont classés 2, c’est-à-dire « que ce sont des ouvrages dont la structure est en bon état apparent mais dont les équipements ou les éléments de protection présentent quelques défauts » précise sur Alpes 1  Stéphane Leroux, chef du service des politiques de l’exploitant à la DIRMED. « Ce ne sont pas des ouvrages qui nécessitent des réparations dans l’immédiat. On les surveille régulièrement. Inspections visuelles régulières tous les trois ans puis des inspections détaillées tous les six ans » poursuit Stéphane Leroux.

Retour sur les ouvrages gérés par le Département.

« On n’a aucun ouvrage où la structure et menacée. Tous nos ponts sont classés de 1 à 5, et quand ils arrivent à 5, on appelle cela des ponts classés « S », le S de sécurité. Ces ouvrages font impérativement l’objet de travaux dans l’année » souligne sur Alpes 1 Marcel Cannat, vice-président du Département des Hautes-Alpes, en charge des routes.

Entre 1 et 1.8 million d’euros de budget par an

Selon le Département des Hautes-Alpes, le budget consacré chaque année à ces ponts se situe entre 1 million d’euros et 1.8 million d’euros. La priorité étant donnée aux ponts classés S. « Le pont sur la route prioritaire du Pas de l’Ours, est un pont communal qui fait une déviation de route départementale. Cet ouvrage est surveillé une fois par semaine. Mais, bien entendu, le risque zéro n’existe pas » termine Marcel Cannat

Le pont de la Durance à Manosque, un ouvrage qui pose question

Dans les Alpes de Haute-Provence, ce sont 1.239 ponts ou viaducs, 21 tunnels et 500.000 m² de murs de soutènements qui sont gérés par le Département. Des ouvrages contrôlés chaque année avec l’appui de bureaux d’études spécialisées. Il y a de plus des contrôles détaillés, ils sont effectués tous les trois ans pour les ponts, et tous les cinq ans pour les tunnels, selon l’état des infrastructures.

Mais, aujourd’hui tous les regards se tournent vers l’un des plus dégradés : le pont de la Durance à Manosque. Un pont qui compte le passage de plus de 19.000 véhicules quotidiennement, mais dont les jours sont comptés, puisqu’en aval c’est un nouvel ouvrage qui est en cours de création, pour une livraison durant l’année 2019.

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Alors faut-il s’inquiéter ?

« Non », répond André Laurens, conseiller départemental en charge des routes dans le département. L’élu précise que pour ce pont classé « 3S » depuis 2012, « il n’y a pas d’inquiétudes, mais c’est un ouvrage altéré. Il a subi des dommages pendant la guerre. Il est classé comme ouvrage dont la structure est altérée, qui nécessite des travaux de réparation sans caractère d’urgence. »

Pont de la Durance : « pas d’urgence absolue », A. Laurens

 

Il n’y a pas « d’urgence absolue ». Le discours se veut donc rassurant du côté d’André Laurens, pour autant celui-ci précise que des travaux ont déjà été menés ainsi que des mesures spécifiques, mises en place : surveillance renforcée mais aussi mesures concernant le trafic sur ce pont, du fait de son état. « Une limitation de vitesse à 50km/h est mise en place ainsi que l’interdiction stricte des transports exceptionnels » termine André Laurens.

Notez que le coût de l’opération pour créer un nouveau pont à Manosque est estimé à 17 millions d’euros TTC.

 

2,3 millions d’euros de budget par an, pour le département

Dans ce budget, outre les travaux usuels mis en place, il y a aussi un chantier d’importance, celui du pont de Sainte-Croix du Verdon (RD 111). Celui-ci a été l’objet de travaux de confortement achevés en 2017 pour un investissement de 1,8 millions d’euros.

Un budget conséquent pour un département qui « doit faire face aux baisses des aides de l’État » précise, inquiet André Laurens. « Pour le moment, nous pouvons faire face, mais si notre budget solidarité continue de progresser, qu’est-ce qu’il en sera demain », s’interroge en conclusion l’élu.

 

A.Cam / A.Vallauri