Alpes du Sud : la Région signe t-elle la mise à mort des chantiers d’insertion ?

SOCIAL / Les ACI, ateliers ou chantiers d’insertion, permettent à des personnes en grande exclusion sociale d’entrer dans une voie d’insertion professionnelle. Mais la Région va vers une disparition progressive de ses aides

 

- Hautes-Alpes - 

 

C’est un coup dur pour les chantiers d’insertion en région Provence-Alpes Côte d’Azur : la Région a décidé de se désengager financièrement de ces structures. Des ateliers ou chantier d’insertion, appelés également ACI, qui proposent un accompagnement et une activité professionnelle aux personnes sans emploi en grande exclusion sociale en vue d’une réinsertion.

 

Les chantiers d’insertion dans les Hautes-Alpes

 

Mais dans les Hautes-Alpes, la sonnette d’alarme est tirée. Depuis 2016, « la collectivité régionale recule », regrette le Collectif des actions d’utilité sociale 05. Un réseau départemental qui existe depuis plus de 15 ans et regroupe 11 structures d’insertion, soit plus de 1.100 emplois.

Neuf chantiers d’insertion sont répartis sur les Hautes-Alpes, à Briançon, St Martin de Queyrières, Embrun, Gap, Laragne-Montéglin ou Veynes. Des chantiers que l’on retrouve quotidiennement, soit dans les ressourceries, l’entretien d’espace naturel, les activités équines, les travaux de menuiserie, le maraichage biologique, le bâtiment ou encore l’hébergement et la restauration. C’est donc en tout plus de 180 recrutements chaque année qui permettent à plus de 400 personnes d’exercer une activité en CDD. Des personnes en insertion professionnelle qui bénéficient aussi de l’accompagnement de 85 personnels en CDI chargés de les encadrer.

 

Des structures dépendantes des subventions

Les chantiers d’insertion vivent aujourd’hui essentiellement des subventions publiques, car leur vocation première n’est pas la productivité. D’autre part, la loi leur interdit de dépasser un taux d’autofinancement de 30 %. Dans les Hautes-Alpes, 35 % du budget provient des aides aux postes versées par l’État. Vient ensuite la Région, qui abonde entre 6 et 8 % avec 500.000 euros, et enfin le Département avec 450.000 euros au titre de l’accompagnement des bénéficiaires du RSA.

 

« Nous procédons à un désengagement. Aux Conseils Départementaux de financer »

 

Mais désormais, le message de Marseille est clair : « nous procédons à un désengagement progressif d’ici à l’année prochaine ». Désengagement qui a déjà commencé puisque les aides aux chantiers d’insertions de 7 millions d’euros, soit 0,3 % du budget total, ont été divisées par deux. Aujourd’hui, pour la majorité de Renaud Muselier, le bébé des chantiers d’insertion doit changer de sein : à charge des Départements de s’en occuper. Une décision considérée comme « brutale et unilatérale » par les chantiers d’insertion, qui craignent que 5.000 salariés au niveau régional se retrouvent sur le carreau. Alors que selon eux, plus de 47 % des demandeurs d’emploi longue durée qui passent chaque année dans ces chantiers d’insertion trouvent à l’issue un emploi, une formation, voire même… créent leur propre entreprise.