- Alpes du Sud -
Les années passent, les écarts entre hommes et femmes perdurent. Pour la première fois, l’INSEE PACA publie une étude sur les disparités vis-à-vis de l’emploi, département par département. Une enquête co-réalisée par la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité, qui veut parvenir à établir une série de politiques publiques différenciées selon les territoires. Car si les disparités perdurent, elles abordent différents visages.
La méthodologie
En effet, et les inégalités ne sont pas les mêmes que l’on vive dans les Bouches du Rhône ou bien dans les Hautes-Alpes. Pour mener à bien cette enquête, l’INSEE s’est appuyée sur le recensement de 2013, des chiffres qui peuvent dater mais qui ne changent pas le constat, « les résultats s’inscrivent malheureusement dans le temps », explique Claire Joutard, chef de projets et d’études au sein de l’INSEE. Trois indicateurs ont été retenus : le taux d’activité « c’est-à-dire quand on se présente sur le marché du travail. Dans les Bouches du Rhône, par exemple, le taux est faible, ce qui veut dire que les femmes ne se présentent pas sur le marché ». Puis le taux d’emploi et enfin le taux de chômage.
Les femmes toujours plus éloignées du marché du travail que les hommes
Avec cette première conclusion : la situation des femmes vis-à-vis de l’emploi est beaucoup moins favorable que celle des hommes, et PACA est la 3ème région de France la plus marquée par ces inégalités.
Certaines situations sont plus pénalisantes : « les mères de famille, qui se présentent moins sur le marché du travail, et les femmes immigrées, en particulier venant hors de l’Union Européenne qui sont davantage au chômage ».
Les Hautes-Alpes : département "modèle" en région PACA...
Enfin, la situation au sein même des Alpes du Sud diffère. Les Hautes-Alpes sont le département de la région PACA où les inégalités sont les moins marquées, « le taux d’emploi est plus proche entre hommes et femmes », explique Claire Joutard. Il est inférieur de 6,4 points à celui des hommes.
Une situation qui s’observe « quelle que soit la situation familiale et aussi pour les immigrées ». Ainsi, les femmes en couple avec au moins trois enfants sont nettement plus présentes sur le marché du travail que leurs homologues des autres départements de PACA (+ 14 points par rapport à la moyenne régionale). Par ailleurs, le taux d’emploi des femmes immigrées originaires d’un pays hors UE dépasse de 10 points la moyenne régionale. Quant aux Alpes de Haute-Provence, c’est le 2ème département de la Région PACA à afficher un écart moindre dans le taux d’emploi. Il est inférieur de 7,3 points à celui des hommes, mais reste cependant supérieur à la moyenne nationale (7 % d’écart).
... mais la précarité perdure...
Les femmes sont présentes sur le marché du travail, mais elles doivent faire face dans les Alpes du Sud à un facteur commun : une précarité professionnelle. « Ce sont deux départements dans lequel l’emploi est moins stable et durable. Il y a une part importante de temps partiel et davantage de CDD que de CDI par rapport au reste de la région », poursuit Claire Joutard. Un facteur probablement expliqué par une économie présentielle forte, c’est-à-dire tournée vers les besoins de la population présente. On pense bien sûr au tourisme mais aussi aux services à la personne.
...et crée une situation de déclassement
« Le revers de la médaille, c’est que ces emplois sont peu qualifiés, souligne la chef de projet. Les femmes se trouvent alors en situation de déclassement ». Car si la part de femmes diplômées du supérieur est plus élevée que celle des hommes, en particulier dans les Hautes-Alpes, elles occupent plus souvent qu’eux un poste de niveau inférieur à celui auquel elles pourraient prétendre.
Des femmes qui restent cependant vecteur de créations d’entreprises, encore une fois en particulier dans les Hautes-Alpes : elles sont 37 % dans ce département, c’est la part la plus forte de la région, contre 27 % pour les Alpes de Haute-Provence.