Alpes du Sud : autorisation d’armer la Police municipale, que décident les élus des Alpes du Sud ?

SOCIÉTÉ / Le décret est paru cette semaine au Journal Officiel, ouvrant la possibilité aux maires de revoir leur approche sécuritaire. Mais est-ce vraiment d’actualité dans les Alpes du Sud, les élus répondent.

(Photo :R. Mouillaud)

-Alpes du Sud-

C’était une demande des syndicats de Police municipale après l’attentat de Nice. Les policiers municipaux peuvent désormais être armés de pistolets semi-automatiques 9 mm, selon un décret paru ce mardi au Journal Officiel. Les agents de Police municipale ainsi que les agents des services internes de sécurité de la SNCF « pourront désormais être équipés d’armes à feu de poing de calibre 9 mm, avec des munitions de service à projectile expansif », selon le décret.

 

Oui, mais sous réserve d’une formation obligatoire.

Les agents municipaux auront également une formation obligatoire préalable et d’entraînement à l’armement pour certaines « armes de catégorie D », telles que les matraques et tonfas.

Le décret prévoit aussi « la possibilité pour plusieurs communes contiguës desservies par un ou plusieurs réseaux de transports publics de voyageurs d’organiser l’intervention de leurs polices municipales sur l’ensemble du ou des réseaux ». Depuis 2015, l’État a « contribué à l’achat de 12.108 gilets pare-balles et 2.700 revolvers Manurhins ont déjà été distribués au profit de 270 communes », a détaillé le ministre de l’Intérieur dans un communiqué. Bernard Cazeneuve assure que « cet effort sera poursuivi et amplifié ».

 

Les maires seuls juges d’armer ou pas sa police

Le ministre a toutefois rappelé « qu’en vertu du principe de libre administration des collectivités locales, c’est aux maires et à eux seuls qu’il revient d’apprécier la nécessité d’armer les agents de leur service de police municipale, et qu’il ne pouvait être envisagé de transposer aux policiers municipaux le régime applicable aux policiers nationaux en matière de port d’arme hors service ».

 

Quels choix pour les élus des Alpes du Sud ?

Alpes 1 s’est donc livré à un tour, non exhaustif, du choix de certains maires dans les Hautes-Alpes et dans les Alpes de Haute-Provence. Avec des problématiques parfois différentes, mais avec  une opinion souvent partagée : « ce n’est pas l’urgence du moment dans nos territoires. »

 

Dans les Hautes-Alpes :

Gap : « Je n’ai pas d’avis tranché sur le sujet », déclare le maire (DVD) Roger Didier qui compte « soumettre cette idée à la majorité municipale. »

Briançon : pour la commune dirigée par Gérard Fromm (DVG), la problématique devra se poser en deux temps. En effet si le sujet « n’est pas à l’ordre du jour », ce n’est « pas non plus un tabou. » Mais la réalité se confronte à l’aspect formation et aux entrainements à venir en cas de mise en place de l’armement de la Police municipale. En effet, la problématique de la municipalité à ce jour est de répondre tout d’abord aux besoins de la Police nationale qui est en manque d’un centre d’entrainement sur le territoire briançonnais, les obligeant à se déplacer jusqu’à Gap. « Nous sommes aujourd’hui à la recherche d’une solution financière réaliste », une problématique qui passe également par les services de l’État en vue d’un soutien financier. « Nous procédons par ordre. D’abord faire en sorte que la Police nationale puisse travailler dans de bonnes conditions. Après nous nous occuperons de cette question pour la Police municipale », insiste le maire.

Embrun : « Ce n’est pas le moment » pour Chantal Eyméoud, vice-présidente (UDI) de la région PACA  et maire de la commune.

Veynes : « Jusqu’à preuve du contraire, notre commune est paisible ; d’autre part, nous ne disposons  que d’un policier et même si nous décidions de doubler l’effectif, je ne crois pas qu’il soit souhaitable d’armer la Police municipale », précise le maire (DVD) René Moreau.

Laragne-Montéglin : pour l’ancienne députée et maire (LR) de la commune, Henriette Martinez, ce n’est tout simplement « pas un sujet prioritaire. »

Tallard : « Notre policier est depuis peu muni d’un gilet pare-balles, mais je n’envisage pas à ce jour de le doter d’une arme », déclare le maire (LR) Jean-Michel Arnaud.

 

Dans les Alpes de Haute-Provence :

Manosque : pour le maire (LR) de la ville de Giono, Bernard Jeanmet-Peralta, « Le sujet n’est pas à l’ordre du jour. »

Digne-les-Bains : « Nos six agents sont déjà armés depuis longtemps, ce qui n’est évidemment pas  le cas de nos deux agents de surveillance de la voie publique (ASVP) » rappelle le maire (DVG) Patricia Granet.

Barcelonnette : « Dans le contexte local de la ville qui se situe au cœur d’une vallée paisible, je ne vois aucun intérêt à le faire », indique le maire (DVD), Pierre-Martin Charpenel.

Forcalquier : « Ce n’est pas d’actualité », répond le député-maire (PS), Christophe Castaner.

Château-Arnoux-Saint-Auban : c’est à ce jour une autre problématique qui occupe le maire (PRG), Patrick Martellini. « Aujourd’hui, notre travail est la structuration de la Police municipale. Notre effectif est trop faible et il nous faut recruter, ce n’est donc pas le sujet du jour », indique le maire.

Sisteron : le maire (LR) et ancien député, Daniel Spagnou salue de son côté « une bonne mesure, aujourd’hui rendue nécessaire pour protéger nos policiers municipaux. » Tout en rappelant que la police de Sisteron est armée depuis 1983. Mais pour l’élu il s’agit d’aller « plus loin au plus vite » en équipant la police municipale d’armes adaptées « qui leur permettent de pouvoir non seulement mieux riposter avec 30 cartouches au lieu de 12 actuellement, mais aussi de se mettre plus facilement en situation de sécurité. »