Des prêtres intégristes rachètent un monastère dans les Hautes-Alpes

Le site, situé à Montgardin près de Chorges, appartenait auparavant à des sœurs, qui l’ont mis en vente pour plus de 2,2 millions d’euros. Ces intégristes sont de la Fraternité Saint-Pie X. La municipalité ne commente pas.

Alpes du Sud - Les prêtres intégristes mettent un pied dans les Hautes-Alpes. Cette communauté religieuse traditionnaliste, qui se réclame de Monseigneur Lefebvre et est en rupture avec le Vatican, a racheté cet été un monastère à Montgardin, près de Chorges. Une information révélée cette semaine par nos confrères du Dauphiné libéré.

Le monastère appartenait auparavant à des sœurs, qui l’ont mis en vente pour plus de 2,2 millions d’euros. Ces intégristes sont de la Fraternité Saint-Pie X. Ils souhaiteraient faire du monastère « un lieu de prière et de repos », confie un élu. Les Lefebvristes se sont fait connaitre de la municipalité « le 12 juillet dernier », selon cette même personne.

D’après nos informations, le site, qui s’appelle désormais la Maison Notre-Dame de la Rencontre, pourrait accueillir jusqu’à une vingtaine de membres de la communauté. La place est là, puisque d’après une annonce immobilière que nous nous sommes procurés, les lieux comprennent 1 500 m2 de bâtiments habitables et 6 hectares de terrains.

Pour l’instant, les nouveaux propriétaires se font très discrets. Il faut dire que cette communauté est en rupture avec le Vatican. « C’est un mouvement qui est très ancien et bien identifié dans l’Eglise depuis la fin du 19e siècle, et qui était un mouvement d’opposition à toute les évolutions de l’Eglise vis-à-vis de la modernité », explique Nicolas Senèze, journaliste au quotidien La Croix qui a publié en 2008 La Crise intégriste (Bayard). « Par exemple, dès le 19e siècle le refus de toute forme de ce que l’on a appelé la démocratie chrétienne. Le refus aussi des recherches autour de la Bible, et cela c’est développé aussi à partir du Concile Vatican II, où l’Eglise prend un regard fondamentalement bienveillant vis-à-vis du monde actuel. »

Pas de quoi inquiéter la municipalité. Il vaut mieux ça « qu’une secte », témoigne un élu de Montgardin sous couvert d’anonymat. Le maire lui n’a pas de « préjugé négatif », c’est ce qu’il a confié au Dauphiné libéré. Roger Mamo, par contre, a refusé de s’entretenir avec la radio Alpes 1.

Reste maintenant à connaitre les intentions précises de la Fraternité Saint-Pie X dans le département. Cette question sera abordée prochainement avec l’évêque du Diocèse de Gap et d’Embrun Monseigneur Di Falco-Léandri. « Je n’ai pas encore rencontré les responsables. Je dois le faire dans les jours qui viennent », précise ce dernier. « Je pense qu’ils ont le même souhait que moi, nous sommes chrétiens, c’est que l’on fasse honneur à notre appartenance chrétienne. »

Cela dépendra aussi de ce qui ressortira des discussions en cours entre le Vatican et les intégristes, qui travaillent sur une éventuelle réconciliation. Par le passé, plusieurs membres de la Fraternité Saint-Pie X ont été excommuniés. La communauté rassemble près de 500 prêtres dans le monde, la moitié en France.

Photo Alpes 1.