Hautes-Alpes : journaliste interpellée à la frontière, le Procureur parle de diffamation

JUSTICE / Dans le cadre d’un reportage sur le passage clandestin des migrants entre l’Italie et les Hautes-Alpes via le col de l’Échelle, elle a été interpellée à Val-des-Prés.

 

- Hautes-Alpes -

 

L’affaire fait grand bruit dans les Hautes-Alpes, en France et jusqu’en Suisse. Une journaliste helvète, Caroline Christinaz, dénonce dans un article de son média Le Temps les pratiques policières aux frontières. Dans le cadre d’un reportage sur le passage clandestin des migrants entre l’Italie et les Hautes-Alpes via le col de l’Échelle, elle a été interpellée à Val-des-Prés ce samedi. « Ils ont exigé que je leur donne des informations, ce malgré le droit à la protection des sources », dénonce la journaliste qui a brandi sa Carte de Presse aux forces de l’ordre.

 

Elle dénonce des pressions

Ce samedi en fin de journée, deux voitures conduites par deux retraités briançonnais et circulant dans la montée italienne du col de l'Échelle font monter à bord quatre migrants mais aussi deux journalistes dont un de France Culture et l’autre du journal suisse Le Temps. Mais la gendarmerie a mis en place un barrage en bas du col, côté Hautes-Alpes. La journaliste suisse Caroline Christinaz est alors convoquée pour le dimanche matin.

Elle affirme avoir été auditionnée durant près de deux heures, dont une heure de « questions sur les faits de la veille, les gendarmes m’ont interrogée sur ma vie privée, puis sur mon loyer, mon salaire, mes numéros et soldes bancaires, ma situation fiscale et patrimoniale. Ils m’ont dit vouloir connaître mes capacités financières pour établir le montant de l’amende », explique la journaliste suisse qui parle d’intimidations.

 

« Ce sont des propos diffamatoires », R. Balland

 

Pour le Procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, qui regrette n’avoir appris qu’après les faits cette audition et qui malgré ce qu'avance Le Temps n'était pas là lors de l'audition, précise à Alpes 1 qu'il s'agit « d'une enquête habituelle. Si l’Officier de Police Judiciaire a estimé qu’il fallait l’entendre, c’est une audition libre. Elle n’a pas été interpellée. Il a jugé qu’il y avait une raison plausible qu’elle ait pu participer à leur entrée sur le territoire ».

La journaliste a bien été interrogée dans le cadre d’une mise en cause pour aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irrégulier d’étrangers sur le territoire français. « Les journalistes sont des citoyens comme tout le monde », ajoute le Procureur de la République, Raphaël Balland. Ces faits sont passibles de 5 ans d’emprisonnement, s’ils sont avérés, ce qui appartient à la justice de la déterminer dans cette affaire. Le journaliste de France Culture a été entendu comme simple témoin.