Hautes-Alpes : quand l’histoire du retrait d’une cabine téléphonique prend la tournure d’une campagne politique

SOCIÉTÉ / Le maire de Ceillac s’oppose au retrait de la dernière cabine téléphonique, et c’est tout le microcosme politique qui s’enclenche

 

- Hautes-Alpes -

 

C’est l’histoire d’un maire, qui outre l’attachement qu’il porte à la dernière cabine téléphonique de sa commune, souhaite faire entendre la voix de la ruralité. Une voix qui se sent prise dans l’étau de décisions prises dans les ministères et qui ne répondent pas aux besoins des territoires ruraux. « Ce n’est pas tant pour la cabine téléphonique que je me bats, mais pour qu’on soit entendu dans les sphères parisiennes », précise, un brin amusé par l’ampleur que prend l’histoire de sa cabine, Christian Grossan sur Alpes 1. Plus déterminé, celui-ci précise qu’ « en cette période électorale, il serait temps que les candidats s’engagent sur ce que représente les territoires ruraux à leurs yeux (…) on se voit dépouillé chaque jour un peu plus et ça suffit. »

Retour sur un symbole qui vire au règlement de compte politique pré-législatives.

 

Ceillac, le mardi 21 mars 2017 : touche pas à ma cabine

Les agents communaux après avoir alerté le maire Christian Grossan s’opposent aux techniciens d’Orange, venus retirer la seule cabine téléphonique installée dans le hall d’entrée de la mairie, qui héberge également l’office de tourisme et l’agence postale.

Le maire qui reconnaît et revendique n’avoir « pas permis aux techniciens de procéder à cette dépose que je considère comme une nouvelle atteinte aux services publics dans une commune rurale dont les liaisons de téléphonie mobile sont par ailleurs et trop souvent aléatoires. » Informant également la direction d’Orange « que toute intrusion dans les locaux communaux pour procéder au démontage de cette cabine serait dénoncée comme une intrusion inacceptable. »

De son côté, l’opérateur téléphonique Orange affirme, au Dauphiné Libéré, que s’il dépose les cabines téléphoniques, c’est pour se mettre en conformité avec la loi Macron. Un amendement prévoyant la fin des cabines téléphoniques d’ici le 31 décembre 2017.

 

L’Argentière-la-Bessée, le jeudi 23 mars 2017 : « le Maire de Ceillac a raison de refuser le démontage de sa dernière cabine téléphonique »

Le député-maire (PRG) de l’Argentière, Joël Giraud, alerté par Christian Grossan, écrit au PDG d’Orange. « Dans une vallée où le réseau de téléphonie mobile subit de graves dysfonctionnements, sans parler de l’internet, supprimer la dernière cabine téléphonique des villages n’est pas acceptable », écrit l’élu, reprenant les arguments du maire de Ceillac.

Rappelant, également que la loi Montagne - même si elle n’a pas abouti à l’obligation de mutualisation des réseaux réclamé notamment par Joël Giraud. Ndlr- comprend « des dispositifs d’évaluations où la responsabilité de l’opérateur historique sera analysée de très près pour, le cas échant, légiférer de manière plus coercitive. »

 

Fédération Les Républicains 05, le vendredi 24 mars : « l’avenir du Queyras : du réseau 3G, pas des cabines téléphoniques ! »

« J’ai lu avec beaucoup d’attention le courrier que notre député sortant a adressé au PDG d’Orange. Situation pour le moins amusante puisque c’est la Loi Macron, le candidat que Joël Giraud soutient aux Présidentielles, qui prévoit la dépose de toutes les cabines téléphoniques » dénonce le président Les Républicains des Hautes-Alpes, Arnaud Murgia, qui s’empare à son tour du dossier.

« Pantalonnade » et « démagogie », pour Joël Giraud, selon Arnaud Murgia. Considérant que c’est bien moins le problème du maintien d’une cabine qui est en jeu, en 2017, à « l’ère du numérique et bientôt de la 5G », mais « la volonté de faire prendre conscience des problèmes scandaleux de réseau téléphonique dans le Queyras et dans nombre de nos vallées. »

Pour le candidat, la solution réside en une solution : « obliger par la loi les opérateurs à mutualiser leurs antennes relais pour multiplier par trois la couverture téléphonique en montagne et dans les zones rurales. »

Une solution coercitive que n’a pas souhaité mettre en œuvre, pour le moment, les députés lors du vote de la loi montagne, mais à laquelle était favorable des élus comme le sénateur (PS) des Alpes de Haute-Provence, Jean-Yves Roux, mais aussi … Joël Giraud. Rappelant sur Alpes 1, que pour favoriser le déploiement du numérique et de la téléphonie mobile, des « expérimentations de solutions innovantes pour améliorer la couverture en montagne sont attendues. »

En savoir plus >>> Alpes du Sud : la loi Montagne fait l’unanimité à l’Assemblée Nationale