Hautes-Alpes : partez en randonnée à la découverte du Chaberton

CULTURE / SPORT / Pour les Journées européennes du patrimoine, pourquoi ne pas découvrir un site chargé d'histoire, au bout d'une randonnée sportive à Montgenèvre.

 

- Hautes-Alpes -

 

C’est l'une des randonnées les plus convoitées : la montée vers le Chaberton, mais la plus sportive aussi. 16 kms avec un dénivelé de 1.300 mètres, sur des sentiers assez accidentés. Au fur et à mesure de la montée, une sensation de vertige agréable nous habite. L’effort est dur, mais tellement réjouissant, surtout avec la nature que l’on voit changeante au fur et à mesure. Et si on a la chance d’être guidé par un accompagnateur, comme nous, on a le droit à plein de détails sur la faune et la flore.

« Regardez, il y a des lagopèdes là-bas. On les appelle aussi les perdrix des neiges. Là il y a en a une dizaine. C’est un oiseau que l’on trouve qu’à partir de 1.500 mètres, c’est un gallinacé. Il est de plus en plus rare », nous montre Laurent Meyer, accompagnateur en montagne depuis 20 ans.

 

 

La tête dans les nuages

Quand on est accompagnateur en montagne, on est un généraliste de la montagne et le patrimoine est centre d’intérêt. Dans le Briançonnais, comme ici à Montgenèvre, on est entouré de fortifications d’altitude. « À l’école, j’adorais l’histoire. Alors, je n’ai vraiment pas eu de mal à m’y mettre », souligne en marchant Laurent.

Cela tombe bien car nous arrivons à la dernière portion, le col du Chaberton, entièrement dans les nuages. On aperçoit d’étranges cabanes, à moitié détruites, des fils de barbelé. Il reste 2.5 kms avant de toucher au but. 

 

   

 

« Quand le Charberton parlera, Paris Tremblera »

L’arrivée est surprenante. C’est un plateau, comme une terrasse. On avance et là, on découvre huit tourelles. Laurent, avec un cahier contenant quelques planches, nous explique : « Trouver de telles installations militaires, à 3.130 mètres d’altitude, c’est vraiment unique. On ne les voit pas, mais il y avait huit canons de 149 mm, avec une portée de 18 kms, une puissance de feu incroyable. Les travaux avaient commencé en 1890, tout était prêt pour 1913. 300 hommes étaient mobilisés au sommet, mais ce n’est qu’en 1940 qu’ils serviront ».

En effet, le moment de combattre arriva le 21 juin 1940, après que le Chaberton tira sur les Français des centaines de coups. Le lieutenant Didier ordonna de tirer avec Mortier Schneider 280 mm.  Le premier coup détruit le téléphérique italien et en 3 jours, le Forts des nuages sera détruit faisant 10 morts côté italien. On parle encore d’une victoire dans la défaite, car certes les chasseurs alpins français ont gagné cette bataille, mais l’armistice a permis aux italiens d’occuper Briançon. « Les Journées du patrimoine, c’est une manière pour nous de célébrer bénévolement la mémoire et le courage glorieux de ces hommes qui ont bâti des bâtiments immenses, à plus de 3.000 mètres d’altitude, même s'il est vrai que c’était pour faire la guerre. »

 

 

Ce dimanche, une randonnée est organisée pour les Journées du patrimoine, renseignements sur www.visa-treckking.com.

 

Laurent MEYER, 46 ans, est né dans le Vaucluse, arrivé à Briançon en 1991 pour faire ses 10 mois de service militaire au 159ème RIA. Il est accompagnateur en montagne depuis 1993. Aujourd’hui, pour être accompagnateur, il faut un brevet d’État avec plusieurs stages répartis sur 2 à 3 ans. Moniteur de ski l’hiver, spécialisé dans le ski de randonnée, il est donc accompagnateur en montagne l’été. Il est aussi passionné de photos.

 

Découvrez le reportage en images :

 

Le reportage d'Olivier Milleville :