Hautes-Alpes : un centre pour jeunes délinquants à Tallard

SOCIÉTÉ / Un Centre éducatif renforcé ouvrira en janvier 2017 à Tallard, pour huit jeunes placés par la justice. Une seconde chance et une alternative à l'incarcération.

 

- Hautes-Alpes -

 

Un Centre éducatif renforcé ouvrira en janvier prochain à Tallard. Après de longues années de recherches, le groupe SOS Jeunesse a enfin trouvé une ville des Hautes-Alpes pour installer ce CER. De nombreuses communes, dont Gap, ont refusé l’installation de cette structure du Ministère de la Justice. Il s’agit d’une alternative à l’incarcération pour des mineurs délinquants. Une sorte de seconde chance.

 

La différence fait peur

Pas facile d’implanter un tel projet. Il aura fallu de nombreuses années. « Dès qu’on parle de sujets sociétaux un peu aigus, comme les difficultés des jeunes, quelles qu’elles soient d’ailleurs puisqu’on a même du mal à ouvrir des structures pour enfants handicapés, la capacité de la population à accepter la différence, malheureusement dans tous domaines, a un peu reculé », regrette Maxime Zennou, le directeur général de SOS Jeunesse, qui a essuyé de nombreux refus des communes des Hautes-Alpes.

 

Petite délinquance et grande rupture

SOS Jeunesse, 15.000 salariés en France, a donc été mandaté par le Ministère de la Justice pour gérer ce Centre éducatif renforcé, qui prendra place en janvier 2017 dans deux maisons du quartier des Lauzes à Tallard, appartenant actuellement à l’Association des paralysés de France. Ce CER accueillera jusqu’à huit jeunes, âgés de 13 à 18 ans, placés en CER par le Juge des enfants. Des jeunes « très en difficulté, en conflit avec la loi, c’est-à-dire qu’ils ont commis un certain nombre d’infractions, en situation de décrochage et, en particulier, souvent dans des familles souvent chaotiques. »

De la petite délinquance, que ce Centre devra combattre grâce à 15 salariés qui proposeront un programme intensif sur deux périodes de 4 mois et demi. « On va remettre en place tous les fondamentaux », explique sur Alpes 1 Maxime Zennou. « La socialisation, le levé, le couché, l’hygiène, l’alimentation, la santé, l’estime de soi pour aller vers un plus grand respect des autres. » Des jeunes qui seront pris en charge à 100%, jamais en autonomie hors de l’établissement, ni scolarisés dans les écoles du village. L’idée est bien d’un séjour de rupture totale.

 

Un projet qui devra faire ses preuves

Une seconde chance offerte et à saisir, pour des jeunes en décrochage. Une action saluée par le maire de Tallard. « En tant que citoyen, mais aussi en tant qu’élu, dans un souci de responsabilité, essayer de sauver des enfants qui sont en rupture avec la société, dans un cadre strictement cadré par des professionnels, c’est quelque chose qu’on ne peut pas rejeter », affirme Jean-Michel Arnaud.

Le maire de Tallard qui doit faire face à une forte inquiétude de sa population. Des habitants qui craignent pour le calme, la tranquillité, la sécurité de leur ville. « J’ai exigé, de la part du porteur de projet, deux choses. La première, dans un souci de vigilance et de précaution, que ce dossier se développe avec un retour d’expériences à l’issu d’une année, afin de vérifier que ce qui nous était proposé et présenté se vérifie dans les actes. » Autre demande, « qu’un riverain du quartier puisse faire partie d’un comité de pilotage, afin d’assurer de manière permanente les retours d’éventuelles expériences compliquées, si elles devaient exister. » En clair, au bout d’un an, la mairie de Tallard décidera si le projet peut se poursuivre, ou bien s’il doit prendre fin.

Le directeur général de SOS Jeunesse, Maxime Zennou, est plutôt confiant. Sa structure gère déjà une dizaine de CER en France. « C’est un séjour qui est intensif, donc qui ne va pas leur laisser beaucoup le loisir d’aller se promener dans la nature, aller commettre quelques exactions. »

 

Maxime Zennou, directeur général de SOS Jeunesse :

Jean-Michel Arnaud, maire de Tallard :