Hautes-Alpes : des riverains s'opposent à une Ferme des 1000 porcs à Chabottes

AGRICULTURE / Le Collectif de défense environnementale dénonce un impact néfaste pour les sols, les eaux, le tourisme, ou encore la santé publique.


- Hautes-Alpes –


Le combat perdure depuis 1998 à Chabottes, dans le Champsaur, entre un collectif de riverains et un couple d’agriculteurs. Ce dernier a le projet de construire une porcherie pour plus de 1.000 porcs, mais le Collectif de défense environnementale dénonce un impact néfaste pour les sols, les eaux, le tourisme, ou encore la santé publique. Une trentaine de personnes a tenu à sensibiliser la population ce vendredi, devant la mairie et l’école du village.


Dans l’exploitation de Serge et Karine Jousselme, présente depuis les années 60 à Chabottes, on produit près de 2.500 porcs chaque année. Ils sont élevés jusqu’à leur 25 kg, dans cet atelier porcin de Chabottes, avant d’être engraissés hors des Hautes-Alpes, en Isère, à plus de 150 km aller-retour. « J’ai loué ça en 2006, à des retraités. Aujourd’hui, les bâtiments deviennent vétustes », explique sur Alpes 1 Serge Jousselme. « Et puis, le bilan carbone, personne n’en parle. » Ainsi, pour des raisons pratiques, économiques et écologiques, il a le projet de construire un centre d’engraissement sur la commune de Chabottes.

 

Pollution de l’eau et des terres

 

Un projet lancé en 2008, quand l’exploitation familiale est devenue un Groupement agricole d’exploitation en commun : le GAEC des Vilettes. Objectif : renforcer l’aspect local de sa production. « Nous sommes six exploitants et on commercialise par Le Montagnard des Alpes, dans les boucheries, dans les salaisons, chez les transformateurs locaux », affirme Serge Jousselme, qui tient à garder une production moyenne, près de 20.000 porcs par an pour les six producteurs du SICA Les Montagnards des Alpes. « On produit 50 minutes de ce que produit la Bretagne et à moi seul, je produis 50 secondes de ce que fait la Bretagne. »

Son projet a subi une enquête publique, qui a abouti le 12 décembre 2013 par une autorisation préfectorale. Mais le chantier n’a pu démarrer, l’association Champsaur Vallée Saine, à l’époque, a attaqué l’arrêté devant le tribunal administratif de Marseille. La justice a donné raison aux opposants, en annulant l’autorisation préfectorale. « Cette production est une grosse production de lisier, entre autres, avec des plans d’épandage dont on n’a pas la nature exacte », dénonce sur Alpes 1 Chantal Sicard, opposante de la 1ère heure, aujourd’hui à la tête du Collectif de défense environnementale. Elle craint « une pollution des terres, parce que nous sommes dans un pays de montagne, où la terre est gelée pendant quatre mois. À ce moment-là, il n’y a aucun déchet qui se dégrade et on les retrouve au printemps, et ensuite ça passe à travers la terre et ça arrive dans les nappes phréatiques. »


Certains redoutent l'aspect néfaste sur le tourisme


Autre argument des opposants, l’aspect touristique. Le site choisi est à cheval sur Chabottes et Saint-Jean-Saint-Nicolas, à côté du centre de vacances Vers les Cimes. « Cela met en péril totalement mon activité. Il est bien évident que si j’ai des odeurs permanentes, les gens ne viendront qu’une semaine et ils ne reviendront plus », regrette le gérant Lionel Pira. Faux, nous confie Serge Jousselme, qui lui compte bien poursuivre son offre de balades en ânes auprès des touristes. Il pratique aussi, actuellement, des visites de sa ferme. « Cela fait dix minutes qu’on discute, vous avez été gêné par l’odeur ? », demande t-il au journaliste sur place.

Serge Jousselme défend aussi un projet écologique, disant vouloir installer des panneaux photovoltaïques. Ventilation centralisée, isolation des bâtiments, logements des animaux sur caillebotis… pour limiter les nuisances extérieures et respecter des méthodes raisonnées d’élevage. « Je n’ai pas le droit d’épandre du lisier ? Je vais acheter des engrais chimiques alors  ».


La commune valide le projet



Le projet concerne la construction d’un bâtiment de 1.000 m², pour un coût estimé de 600.000 euros. Un projet qui a été validé par le conseil municipal de Chabottes. « Dans le dépôt de permis de construire, il y a eu des études, qui sont jointes, qui sont actuellement encore auprès des services instructeurs de l’État », explique le maire, Christiane Mioletti. Pas d’enquête publique cette fois, mais une simple consultation. Le préfet devra donner son accord ou non, après le 30 novembre prochain.