Alpes de Haute-Provence : chute de la télécabine de Costebelle à Pra Loup, le rapport

FAITS DIVERS / En mars 2018, une cabine de cette remontée mécanique glisse sur le câble porteur avant d'entrer en collision avec une autre cabine, et chuter d'une douzaine de mètres. Aucun blessé, mais le Bureau d'Enquêtes sur les accidents de transport terrestre a remis son rapport et souligne des facteurs techniques et humains ayant conduit à cet accident

 

- Alpes de Haute-Provence - 

 

Le rapport après la chute de la télécabine de Costebelle a été rendu officiel. Le Bureau d’Enquêtes sur les accidents de transport terrestre est revenu sur cet accident qui a touché la station de ski de Pra Loup, dans l’Ubaye, le 25 mars 2018. Une cabine vide de passagers était tombée sur les pistes de ski.

 

Les faits

En ce dimanche, le temps est ensoleillé et sec comme le relève le Bureau. Peu après 13h30, le personnel de la remontée mécanique, construite en 1983 et mise en exploitation un an plus tard, est alerté de la chute d’une douzaine de mètres de la cabine n°7, peu après son départ de la gare basse. Cette dernière dévale « lentement » la pente avant de s’arrêter dans les filets en contrebas. Pas de victimes heureusement, aucun passager ne se trouvant à l’intérieur et aucun skieur ne se situant en dessous.

Selon les éléments réunis par les enquêteurs, la pince de la cabine n°7 n’adhérait plus. Ainsi, au passage à la partie la plus pentue de la remontée mécanique, l’appareil glisse le long du câble porteur-tracteur, comme en atteste les traces relevées, avant de percuter la cabine suivante. La collision et le non-embrayage de la pince entrainent alors le décrochement de l’attache de la cabine et sa chute. Quelques minutes plus tard, le personnel d’exploitation situé en gare haute se rend compte également que la cabine n°12 a une de ses pinces non embrayées. La télécabine de Costebelle est définitivement arrêtée. Mais ce n’est que deux heures plus tard, vers 15h30, qu’une évacuation des 72 passagers de la télécabine est engagée. L’intervention dure 1h30.

Une enquête technique est ouverte trois jours après, elle est confiée au bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre, puis un arrêté préfectoral émis le 12 avril 2018 suspend l’exploitation. Finalement, en juin 2018, le comité d’administration du Syndicat Mixte d’Aménagement de Pra Loup décide de ne pas remettre en état cette télécabine, mais de la remplacer dans son intégralité.

 

L’enquête met en cause des « facteurs organisationnels et humains »

Pendant plusieurs mois, le BEA-TT a rencontré les représentants de l’exploitant, la régie Pra Loup Ubaye et les agents opérationnels en service le jour de l’accident. Le construction et l’automaticien ont également été entendus. Plusieurs facteurs ayant conduit à cet accident sont alors relevés. Tout d’abord, au niveau technique, les enquêteurs relèvent un décalage du câble « causé par l’instabilité du pylône situé en sortie de la gare ». Décalage ayant provoqué un mauvais embrayage des pinces de type S.  

Dans les facteurs humains, le Bureau relève un « mauvais diagnostic de la situation par les opérateurs » ainsi qu’un « trop de confiance accordée par le conducteur au diagnostic de la vigie ». Alors que plusieurs anomalies étaient apparues peu de temps auparavant, les opérateurs ont remis en route la télécabine « sans avoir identifié la cause ». « L’habitude d’avoir des déclenchements de nombreuses alarmes sans objet » aurait conduit à cette prise de décision des opérateurs. Les enquêteurs notent aussi un manque de formations de recyclage des connaissances et un manque d’outils « adaptés pour identifier les causes d’un arrêt ». Enfin, il est noté une évacuation plus longue que ce qu’elle aurait dû être en raison d’un manque de coordination entre l’exploitant et les secours.

 

C. Michard