Alpes de Haute-Provence : Provence rimera t-elle encore demain avec lavande ?

ENVIRONNEMENT / Alors que les champs de lavande représentent l'un des patrimoines touristiques et économiques forts de la Provence, la plante est touchée par les changements climatiques et les maladies véhiculées par la cicadelle

 

- Alpes de Haute-Provence - 

 

Provence rimera-t-elle encore demain avec lavande ? L’un des pans du patrimoine botanique, aromatique et touristique des Alpes de Haute-Provence est en danger. Pourtant, au-delà du symbole, la lavande est au cœur de l’écosystème agricole, économique et touristique de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Développée au début du XXè siècle, sa culture s’étend des Alpes de Haute-Provence à la Drôme, en passant par le Vaucluse. Un produit qui est exporté dans le monde entier et qui implique aussi bien les agriculteurs, les négociants, les industriels, les apiculteurs ou les professionnels du tourisme.

 

La lavande malade de deux symptômes

Mais différentes menaces pèsent sur la culture, « le dépérissement à phytoplasme qui est un problème ancien, mais qui s’est développé avec le réchauffement climatique », explique Éric Chaisse, coordonnateur du Fonds de Sauvegarde du Patrimoine Lavandes en Provence. Ce problème sanitaire numéro 1 sur la lavande et le lavandin freine le développement des cultures. C’est une petite cigale, la cicadelle, qui transmet la maladie, « cet insecte fait son cycle complet dans la plante. Lorsque les larves naissent sur une plante malade, elles ingèrent le phytoplasme. Une fois adulte, elles se dispersent et transmettent la maladie à d’autres plantes saines », poursuit le responsable.

 

Autre problématique : le réchauffement climatique. « Certaines parcelles sont détruites en l’espace de deux à trois ans, alors qu’un champ de lavande peut être exploité pendant une dizaine d’années ». Et un renouvellement d’exploitation coûte cher, près de 3.000 euros par hectare.

À gauche, un champ touché par le dépérissement. À droite, un champ sain

 

« La lavande de Provence sera-t-elle toujours concurrentielle ? », E. Chaisse

 

Le risque : que la Provence ne soit plus concurrente dans sa production, talonnée par d’autres régions françaises qui, face à la chute du prix du blé, se diversifie dans la culture de la lavande, « et qui ne sont pas encore touchées par la cicadelle qui ne s’est pas encore implantée ». Un avenir qui s’assombrit au-dessus des champs violets mais aussi dans les ruches. Car l’avenir de la lavande est étroitement lié aux apiculteurs, « le miel de lavande représente leur principal revenu », souligne Éric Chaisse.

 

Un fonds pour accélérer la recherche

Alors pour sauver cette richesse provençale, un Fonds de Sauvegarde a vu le jour il y a six ans, « des solutions ont déjà été trouvées comme la mise en place de couverts végétaux, l’installation de chasse abeilles qui chassent ces insectes avant que la récolteuse ne passe. Et assure ainsi leur survie. Nous assurons aussi la sauvegarde du patrimoine génétique de la lavande que l’on conserve depuis 30 ans », explique Sandra Niot, du fonds.

La kaolinite, de l’argile, est également pulvérisée sur la lavande afin de faire pansement contre l’action de l’insecte

 

L’enherbement est développé entre les rangs de lavande afin d’éviter la prolifération de l’insecte. Des variétés de lavande plus résistantes aux conditions climatiques et environnementales sont aussi sélectionnées. La recherche est toujours en marche pour des solutions à long terme comme l’analyse de la sensibilité des futures variétés ou encore des nouvelles solutions d’irrigation sur les plateaux secs de Haute-Provence.

Mais pour cela, il faut l’aide financière des entreprises mais aussi des particuliers, « on voudrait que ce soit des acteurs locaux qui gravitent autour de la lavande », poursuit-elle. Ainsi, chacun peut y aller de son aide, avec des avantages fiscaux (réduction de 60 % des dons pour les entreprises sur l’impôt sur les sociétés dans la limite d’un plafond de 5 % du chiffre d’affaires, réduction de 66 % du montant du don pour les particuliers dans la limite de 20 % du revenu imposable). « Le tourisme représente 750 millions d’euros pour les Alpes de Haute-Provence, aujourd’hui le fonds pèse 0,01 % de ce montant ».

Le reportage de Cyrielle Michard : 

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C. Michard